Alors que la wilaya de Constantine a bénéficié de l'inscription de deux centres intermédiaires de santé mentale (CISM) et d'un centre de cure pour toxicomanes, seul un CISM (implanté dans la ville d'El-Khroub) a été réalisé et a ouvert ses portes, dernièrement, et encore en le détournant de sa vocation première. C'est ce que n'a pas manqué de révéler le docteur Arab, président de la Fédération de la lutte contre la toxicomanie, lors d'une réunion régionale des coordinateurs de son organisation, qui s'est tenue en fin de semaine à Constantine et qui avait pour ordre du jour le programme d'activité de l'exercice 2010-2011. C'est autant souligner, dira-t-il, l'indigence du secteur en matière d'infrastructures destinées à prendre en charge cette catégorie de la population. Pourtant le phénomène prend de l'ampleur, touchant de plus en plus les élèves des écoles et lycées du pays. Ainsi, et à titre indicatif, il fera état des statistiques des saisies de drogue opérées par les services de sécurité. Ces dernières ont été, selon lui, de 8 tonnes en 2008 et de 64 tonnes en 2009. Et M. Arab de nous faire part «d'une enquête effectuée à Constantine, peut-être l'une des seules qui existe à l'échelle du pays», dira-t-il. Elle a été menée dans trois sites, la vieille ville, la cité Emir Abdelkader et celle de Boudraa Salah et a concerné une population de 250 toxicomanes. Les résultats mettent en exergue trois catégories, les «occasionnels» représentant un taux de 17,30%, les toxicomanes permanents avec un taux de 45 à 46%, des «accros» irréductibles de 5% et des accros irréductibles et sans domicile fixe, d'un taux de près de 2%. Selon M. Arab, médecin spécialiste, «sa fédération est en pleine structuration et déploiement à l'échelle nationale. Et si elle est de création relativement récente, il n'en demeure pas moins qu'elle ne manque pas d'ambitions, surtout dans ce domaine sensible de la toxicomanie». La réunion, qui se voulait un coup d'envoi des activités pour cette saison 2010-2011, a été l'occasion aussi d'indiquer les grandes lignes de son programme. Non sans avoir signalé, auparavant, le renfort dont vient de bénéficier la Fédération nationale de la lutte contre la toxicomanie, à savoir l'affectation de façon permanente par la DAS d'une équipe de six éléments. Il s'agit de trois psychologues cliniciennes, d'une secrétaire et de deux agents envoyés dans le cadre du dispositif du préemploi. Concernant le programme à déployer, notre interlocuteur soulignera qu'il consiste en des enquêtes à réaliser dans des écoles, CEM et lycées des quartiers populaires où le phénomène de la toxicomanie est le plus répandu. Dans ce sillage, des demandes d'autorisation de «visiter» ces établissements scolaires ont bien sûr été adressées à la direction de l'Education. De même, dira M. Arab, qu'un projet de rencontre avec l'ensemble des comités de quartiers et particulièrement les plus démunis de la ville figure au programme.