Dans l'esprit de ses protagonistes, le sommet Otan-Russie qui s'est tenu à Lisbonne met un terme à l'ère de «la guerre froide» qui a continué à faire sentir ses effets dans les rapports des deux ensembles, malgré la disparition de l'ex-URSS dans les années 90. L'Otan et la Russie ont en effet scellé, au cours de cette rencontre, des accords qui confèrent à ce dernier pays la qualité pleinement reconnue de partenaire de l'organisation atlantiste. Fini donc pour la Russie le temps où elle était perçue dans le camp occidental comme une puissance dont il fallait se méfier et adopter à son égard une stratégie militaire de défiance. Il s'est opéré entre les deux parties un rapprochement spectaculaire qui a débouché sur l'esquisse d'une coopération entre elles, prélude à son possible renforcement dans le futur. Cela s'est traduit sous la forme d'un accord garantissant à l'Otan le transit via la Russie d'équipements dessinés à ses troupes en Afghanistan et d'un autre qui consacre l'implication du pays de Medvedev dans la mise en place du bouclier antimissile qui focalisait précédemment sa méfiance sur les desseins poursuivis à travers lui par l'Otan. Mieux encore, la Russie a obtenu de facto que l'Otan ajourne, en attendant mieux, son extension géographique par le gel des adhésions de l'Ukraine et de la Georgie. Le message transmis de Lisbonne par le sommet Otan-Russie est que les deux entités ne se perçoivent plus comme l'adversaire potentiel l'un de l'autre. Il reste à savoir alors contre qui l'Otan et la Russie ont décidé de coopérer pour la mise en place du fameux bouclier antimissile. Le président français Nicolas Sarkozy a fait une réponse à cette question qui est loin de convaincre. A savoir que la menace que ce bouclier est destiné à prévenir viendrait de l'Iran. Soit, mais il est clair que d'autres Etats, la Chine en premier, sont en droit d'en juger autrement. Pékin ne peut en effet qu'appréhender le rapprochement Otan-Russie comme la ciblant. Ce qui est donné par des experts en stratégie militaire pour le fondement de ce rapprochement Otan-Russie. Les Etats-Unis ne font pas mystère que la Chine est leur principal adversaire potentiel pour les temps à venir. Ils agissent en conséquence pour élargir le cercle de leurs alliés en prévision de cette perspective. A ce titre, la Russie bénéficie de leur sollicitude qu'Obana a dû certainement exprimer à Medvedev au cours de leurs entretiens en tête à tête à Lisbonne. La sécurité de l'Otan et de la Russie est désormais «indivisible», selon le propos du secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen. Une considération que les Chinois et d'autres apprécieront à l'aune de leurs rapports avec les pays occidentaux membres de l'Otan et de la Russie, leur nouveau partenaire. Pour ceux-là, si l'Otan était déjà regardée comme une alliance militaire aux dessins hégémoniques au plan militaire, ce n'est pas son rapprochement avec la Russie qui les fera changer d'avis et leur fera admettre que sa stratégie n'a en ligne de mire que la menace terroriste.