C'est à l'occasion de la célébration de la Journée internationale de lutte contre la violence sur la femme coïncidant avec le 25 novembre de chaque année et dans le cadre de la semaine de sensibilisation à ce fléau social que « La maison du savoir-vivre», sise au centre culturel communal de Chetouane, a organisé jeudi dernier une table ronde autour de ce thème. Dans son intervention, Mme Souhila Laribi du service de médecine légale fera succinctement le point de la situation à travers des chiffres éloquents. Qu'on en juge: en 2009, il a été enregistré 1.111 cas de femmes battues (ITT de moins de 15 j) alors qu'il est fait état de 900 cas au titre de cette année 2010. Le directeur du centre de protection des filles de Birouana, M. Kamel Addou, signalera pour sa part que son établissement accueille actuellement 32 filles en détresse suite à des violences d'ordre physique, sexuel ou familial (divorce, inadaptation aux coutumes ). L'intervenant soulignera que le centre assure à ses pensionnaires la continuité de la scolarité (au niveau des trois cycles) ou la formation. A ce titre, 19 filles fréquentent l'école dont une va passer son Bac lors de la session de juin 2011.L'âge des victimes varie entre 6 et 18 ans, voire au-delà, soit 21 ans, indiquera-t-il. Abstraction de la prise en charge socioéducative, le centre entreprend systématiquement des démarches de médiation auprès des familles ou foyers concernés en vue d'une éventuelle réconciliation ou réinsertion. Une fois la période d'observation arrivée à terme (3 mois), les « sujets » font l'objet d'une orientation sociale, précisera le responsable. Prenant la parole, M. Mohammed Belmokhtar, psychologue clinicien principal auprès du CHUT Dr Tidjani Damerdji, fera part du rôle du psychothérapeute qui intervient, soulignera-t-il, après les « bleus ». Il fera remarquer que la violence psychologique (atteinte à la dignité ou l'honneur) ou celle économique (privation délibérée de certains besoins matériels modestes) n'en sont pas moins pernicieuses. En praticien averti, il ne manquera pas d'exprimer son amertume, voire son indignation devant l'indifférence ou plutôt l'inconscience du mari violent qui pratique la politique de la chaise vide lors des séances de thérapie de groupe où la (femme) victime se retrouve seule, pardon abandonnée. Ceci dit, visiblement outré par ce mépris envers les victimes, le spécialiste plaidera pour « une réparation juridique » en appelant impérativement les femmes victimes de violence sous toutes ses formes à « briser le mur du silence » Mme Tchiali, directrice de « La maison du savoir-vivre », saisira cette opportunité pour expliquer un axe important de son plan d'action, à savoir l'éducation conjugale « afin de réduire le nombre de divorces qui connaît une hausse effarante chez nous », d'autant que Tlemcen est classée en deuxième position sur ce registre, selon l'intervenante. Lui succédant, M. Mohammed Meziane, président de l'association d'aide aux malades nécessiteux (dont relève la MSV) qui milite inlassablement pour la création à Chetouane d'un centre d'hébergement destiné aux malades nécessiteux, évoquera à cette occasion son émission radio hebdomadaire « Derb el amel ». Dans le même contexte, le représentant de la DAS, en l'occurrence M. Mohammed Abdoun qui animait cette table ronde, signalera qu'un centre d'accueil pour femmes en détresse abritant, entre autres, une cellule d'écoute, ouvrira incessamment ses portes, sans plus de précisions. M. Hmida Belyagoubi, chef de groupe « El Manar » (SMA) considère d'emblée que la violence dans la rue ou à l'école est le corollaire (fruit) de cette violence vécue ou subie au sein de la famille (mère battue par le père ou sœur violentée par le frère), une relation qu'il établira à la faveur de ses contacts avec les enfants et les jeunes (scouts) qui « s'insèrent » dans cette école du patriotisme. M. Mohammed Amine Bouterfas, spécialiste en relation familiale et relation de couples, estime quant à lui que les discours n'apportent rien de concret et qu'il convient de trouver des solutions ou dégager une stratégie efficiente de lutte contre ce fléau social, à l'instar de ce qui se fait ailleurs, c'est-à-dire à l'étranger D'autres points seront soulevés lors de ce débat empreint de passion verbale et d'audace morale, tels le viol conjugal, l'acte contre nature dans le couple, le harcèlement sexuel en milieu scolaire, la culture du macho, la violence « de » la femme (infanticide), le crime d'honneur, les mœurs des femmes d'antan, la formation et l'éducation de la femme Il convient d'indiquer dans ce cadre qu'une journée d'étude est programmée le mardi prochain au sein de la MSV à l'initiative de cette dernière et avec le concours de la DAS et l'Association algérienne de planning familial (bureau local de l'APF). Au menu, sont prévues six communications (dont 3 signées par le service de médecine légale) : « La violence physique » (par le Dr Badkak du SML), « La violence sexuelle » (par le Dr Lati du SML), « Les crimes contre la femme à Tlemcen » (par le Dr Chelda), « Les troubles psychologiques chez la femme victime de violences » (par Mlle Zoulikha Benyelles, psychologue auprès de la MSV), « Le harcèlement sexuel en milieu de travail » (par Mlle Attar de l'APF) et « Approche méthodologique dans la lutte contre le phénomène de la violence conjugale » (par M. Amine Bouterfas, consultant en éducation matrimoniale).