La FIFA a surpris et a choisi jeudi de poursuivre sa stratégie d'ouverture vers de nouvelles contrées, confiant à la Russie le Mondial-2018 et au Qatar l'édition 2022, à l'issue d'une procédure sur fond d'accusations de corruption contre l'instance suprême du football. Le président Joseph Blatter, chantre de la mondialisation du ballon rond, a donc eu gain de cause. Après avoir offert un Mondial à l'Asie (Japon-Corée du Sud en 2002) puis à l'Afrique (Afrique du Sud en 2010), le dirigeant suisse pousse cette fois son avantage vers l'Europe de l'Est et le Moyen-Orient, deux régions qui n'avaient encore jamais eu les honneurs d'une Coupe du monde. La Russie est venue à bout de trois candidatures représentant des bastions traditionnels du football en Europe (Angleterre, Espagne-Portugal, Pays-Bas-Belgique) et son dossier était loin de valoir celui de ses concurrents en terme de stades (seul le Luzhniki à Moscou est aux normes d'une phase finale), hôtels ou réseau de transport. La grande taille du pays constitue déjà en soi un challenge logistique même si le dossier russe s'articule autour de treize villes regroupées en quatre pôles. Le Premier ministre Vladimir Poutine avait eu lui l'habileté de ne pas faire le voyage à Zurich en dénonçant une «concurrence déloyale» et «une campagne évidente contre les membres du comité exécutif de la FIFA». Ces soupçons de corruption ont servi de toile de fond au vote et sans doute causé la perte des Anglais, humiliés en étant sortis au 1er tour avec seulement deux voix. La Russie l'a finalement emporté avec 13 voix au second tour, devant les duos Espagne-Portugal (7 voix) et Pays-Bas-Belgique (2 voix). Le choix du Qatar a été bien plus disputé et s'est effectué au 4e et dernier tour, le richissime émirat devançant le grand favori américain par 14 voix contre 8 après les sorties du Japon, de la Corée du Sud et de l'Australie. Là aussi, il s'agit pour la FIFA d'explorer un territoire inconnu. En dépit de la chaleur accablante en été et de la faible superficie du pays (11.700 km²), la FIFA a voulu faire confiance à cet Etat pétrolier, troisième producteur de gaz au monde. Le pays, qui s'était attaché les services de Zinédine Zidane pour défendre son dossier, ne manque pas de moyens et envisage de construire des stades futuristes avec climatisation. L'Emir de l'Etat du Qatar, Cheikh Hamad Ben Khalifa Al Thani, a souligné jeudi soir à Alger que l'octroi de l'organisation du Mondial-2022 de football au Qatar «est un événement qui concerne aussi l'Algérie et l'ensemble des pays arabes». L'octroi de l'organisation du Mondial de football au Qatar «est un événement qui vous concerne vous aussi en Algérie ainsi que tout le monde arabe», a déclaré l'Emir de l'Etat du Qatar à l'issue de l'entretien qu'il a eu à la résidence d'Etat de Zéralda (Alger) avec le président de la République, Abdelaziz Bouteflika.