A moins de deux semaines du coup d'envoi de la quatrième édition du FIFAO (Festival International du Film Arabe d'Oran), rien n'indique qu'Oran s'apprête à abriter une manifestation d'une telle dimension. Pourtant, le programme de ce festival a déjà été rendu public, mercredi dernier, lors d'une conférence de presse tenue par son nouveau commissaire, Mustapha Orif. La liste des membres du jury, présidé cette fois-ci par l'écrivain Rachid Boudjedra, a été annoncée. Le critique Ahmed Boughaba assistera le romancier algérien dans sa mission. Les noms des films participant à la compétition, qui aura lieu du 16 au 23 décembre prochain, ont été révélés. L'on apprendra qu'en marge de la manifestation, deux conférences ont été programmées: l'une portant sur la musique et le cinéma et l'autre sur la critique cinématographique dans le monde arabe. Sur le plan des infrastructures, la salle Régent, de loin la plus grande salle de cinéma d'Oran, ouvrira ses portes pour recevoir le public de ce festival. Aussi, la manifestation rendra hommage cette année à Chafia Boudraâ, la grande dame du cinéma algérien qui vient de nous quitter il y a quelques semaines, à Larbi Zekkal, mort lui aussi il y a très peu, et à la Koweitienne Hayet El Fahd. Dans le cadre de ses annonces, le commissaire du Festival a précisé sur les ondes de la chaîne Une que le film de Bouchareb sera projeté en ouverture de cette quatrième édition. Cette édition, décalée «exceptionnellement» vers la fin de l'automne, officiellement à cause de la Coupe du Monde de football, constitue un tournant dans l'histoire de ce festival. Apparemment, ce dernier s'est enfin émancipé de sa double paternité. Présidé depuis sa première édition par Hamraoui Habib Chawki, alors Directeur Général de l'ENTV, ce festival a toujours échappé au contrôle du ministère de la Culture, sa tutelle officielle. Rappelons dans ce cadre que Khalida Toumi a sciemment boycotté la troisième édition pour signifier sa désapprobation de la mainmise de l'ex-patron de l'ENTV alors au sommet de sa puissance sur cette manifestation. Ajoutons qu'après le départ de Chawki de l'ENTV, la ministre de la Culture a essayé de convaincre Ahmed Bedjaoui, un grand connaisseur du cinéma, pour prendre la direction de ce festival. Mais cette clarification de la tutelle, puisque désormais ce festival est organisé par le ministère de la Culture et sous le haut patronage du Président de la République, risque de lui perdre son côté faste auquel nous a habitués Hamraoui Habib Chawki. En effet, lors des précédentes éditions, Hamraoui Habib Chawki n'avait pas lésiné sur les moyens pour réussir son entreprise. Jamais les bilans des précédentes éditions n'ont été rendus publics. Il s'était permis même de satisfaire des caprices de certaines vedettes du cinéma égyptien qui ont remis les prix qui lui ont été attribués suite à l'affaire d'Oum Dourmane. C'est le cas notamment de Yousra Chahine. Cette année, et selon les dires du nouveau commissaire, une soixantaine de personnalités du monde du cinéma sont attendues, mais un certain nombre d'entre elles n'ont pas encore confirmé leur venue. Ce qui laisse supposer des défections. Et pour cause, la programmation de ce festival intervient dans une période où cinéastes et réalisateurs sont sollicités par leurs nouveaux projets. Notons que, contrairement aux menaces des uns et aux promesses des autres, l'Egypte, un des plus importants pays producteurs du cinéma dans le monde arabe, va assister à ce festival, mais avec uniquement un film dans la compétition des longs métrages. Il s'agit du film «Microphone» du réalisateur Ahmed Abdallah. Par contre, la Syrie et l'Irak participent chacun par deux films. D'ailleurs, c'est la première fois que ce festival reçoit un cinéaste irakien. En attendant le coup d'envoi de ce festival pour pouvoir se prononcer, les Oranais se félicitent que le Régent, une des prestigieuses salles de cinéma en Algérie, renoue avec son public. Cette salle a été dévastée par les émeutiers lors des événements ayant suivi la relégation du MCO. Manière d'enterrer définitivement ce mauvais souvenir.