Il est très rare de trouver un consommateur heureux par les temps qui courent. Et pourtant, depuis presque un mois, il l'est, du moins en partie. Ce bonheur que tout un chacun espère pérenne provient du poulet ! Ce gallinacé, qui a pris des airs et des ailes pendant des années, semble revenir à de meilleurs sentiments, à voir les prix affichés depuis quelques semaines. «Nous n'avons jamais autant consommé de chair blanche, nous dira un père de famille rencontré au marché Boumezzou. Avec des prix oscillant entre 160 et 190 dinars, on peut se passer des viandes rouges qui ont atteint des cimes inimaginables». En effet, il y a unanimité en ce qui concerne les prix du poulet revus à la baisse quelques jours avant l'Aïd, une conjoncture que l'on pensait passagère mais qui dure dans le temps, chose que nous avons constatée même sur les étals du marché des frères Bettou où le volatile se marchandait 20 à 30 dinars au-dessus des prix pratiqués à Boumezzou. Le consommateur averti avait acheté en force du poulet, avant et après l'Aïd, pensant à une hausse vertigineuse des prix, une fois les gigots, abats et autres épuisés. Les escalopes de dinde se négocient aux alentours des 500 dinars le kilo, les abats du poulet et la chair de dinde sont eux aussi à la portée du consommateur moyen. «C'est une situation inconfortable pour nous, nous avouera un producteur et vendeur de poulet au marché Boumezzou. Il y a actuellement une vraie foule de producteurs qui a engendré un surplus de poulet sur le marché. A cela, il faut ajouter la cherté de l'aliment pour poulet, ce qui nous oblige à vendre très vite, en plus de la mortalité exceptionnelle ces derniers mois. Je ne vous mentirai pas en vous affirmant que les prix affichés il y a quelques mois, entre 280 et 350 dinars le kilo, ont dissuadé plus d'un, ce qui nous a certainement contraint de revoir nos ambitions à la baisse, et la régulation du marché par l'offre et la demande a fait le reste». Il reste que cette situation confortable pour le consommateur ne doit le dévier de son attention des chairs blanches impropres à la consommation, où de celles qui n'ont pas eu le sceau du vétérinaire, car dans la foultitude de marchands de poulets, il y en a forcément ceux pour qui le gain facile est toujours en point de mire, même si c'est aux dépens de la santé de leurs clients.