Sur les 2 000 vendeurs de poulet recensés au niveau de la capitale de l'Ouest, rares sont ceux qui respectent les normes de l'abattage et du conditionnement. Des pratiques qui peuvent nuire à la santé du consommateur sont recensées. “Un bon prix concurrentiel d'un kilo de poulet ne doit pas dépasser les 120 dinars, avec une marge bénéficiaire de 20 dinars au profit du vendeur. À condition, bien sûr, que les pouvoirs publics mettent la main au portefeuille en soutenant les aliments de croissance dont l'essentiel est importé par les fabricants des nutriments de bétail.” Ce constat émane d'un vieux routier de la boucherie et de la volaille, à Oran. Celui-ci ne s'improvise pas en économiste avéré mais en parfait connaisseur des rouages du métier auquel il a consacré plus de 40 ans de sa vie. Pour lui, comme pour d'autres professionnels, la filière du poulet doit faire l'objet d'une réorganisation globale. À commencer par le respect du temps et des normes en matière d'abattage, de séchage et de stockage. Selon notre interlocuteur, une grande majorité des 2 000 vendeurs de poulet, recensés au niveau d'Oran, ne respectent pas les bases normatives concernant l'abattage et le conditionnement des poulets proposés à la vente. “Pour gagner du temps, des vendeurs procèdent à l'abattage des poulets nuitamment, généralement à partir de deux heures, dans le but évident de pouvoir écouler la volaille le jour même. Cette pratique peut s'avérer dangereuse pour la santé du consommateur”, nous explique notre interlocuteur. Il souligne à cet effet que le poulet doit être abattu dans la journée, séché dans une salle climatisée pendant une heure avant d'atterrir dans une chambre froide jusqu'au lendemain pour être écoulé. Ce qui n'est malheureusement pas le cas. Ainsi, ce sont pas moins de 200 000 poulets qui sont abattus quotidiennement et clandestinement par des éleveurs peu regardants sur les conditions en matière d'abattage pourtant drastiques. 400 éleveurs de poulet se disputent actuellement le marché florissant du gallinacé Oran, nonobstant les opérations de contrôle effectuées par les services vétérinaires de la direction des services agricoles de la wilaya. “Pour des raisons lucratives, les éleveurs ne déclarent pas l'ensemble de leur production lors de nos déplacements sur les lieux de l'élevage enregistrée à notre niveau. Pour les autres éleveurs, c'est l'inconnu car ils agissent sous le sceau de la clandestinité”, affirme un responsable de la DSA. À côté de ces extrêmes, des éleveurs sans vergogne trouvent un malin plaisir à réduire la croissance du gallinacé. “Lorsque la farine de maïs et de poisson est saine, le temps de croissance nécessaire au poulet est de 45 jours. C'est le processus à trois étapes, à savoir l'aliment de démarrage, l'aliment de croissance et, enfin, l'aliment de finition pour un poulet moyen”, ajoute notre interlocuteur. En attendant, les cinq abattoirs de poulet de l'Oravio qui pratiquent un processus et un abattage de qualité ne suffisent plus à alimenter le marché local qui reste tributaire du bon vouloir de certains “monopolistes” peu soucieux de la santé du consommateur. K. REGUIEG-YSSAAD