Les fascistes s'affichent à Paris. Ils organisent, samedi, des «assises internationales contre l'islamisation de nos pays ». On y retrouve aussi bien des groupes d'extrême droite que des organisations qui se disent «laïques» ou de «gauche» mais qui sont fondamentalement animées par la détestation pathologique de l'Islam et des musulmans. Ces assises, qui interviennent après une comparaison «banale» des musulmans français à des «occupants» par la fille de Le Pen, suscitent des réactions de la part de partis de gauche et de certaines associations des droits de l'homme. Le MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples) a qualifié avec justesse ce conclave de la haine, de «congrès raciste». On ne sait pas encore si le préfet de Paris va entendre l'appel de ces organisations et celui du maire de Paris pour empêcher une manifestation qui ne «peut qu'engendrer haine, xénophobie et trouble à l'ordre public». Il peut, comme cela se passe à chaque fois que les musulmans sont stigmatisés en Europe, invoquer le droit à la liberté d'expression et de réunion Mais si l'Etat français reste de marbre devant un énoncé aussi outrancièrement raciste et islamophobe, cela signifie qu'il laisse faire la mécanique de la haine. Il n'est pas besoin de sortir de la meilleure université pour savoir qu'en droit, les incitations à la haine et à la discrimination contre des individus ou groupes d'individus en raison de leur origine, couleur ou de leur croyance n'ont rien à voir avec la liberté d'expression. Il reste une situation politique européenne où des courants de droite, présumés «républicains» et «légalistes», broutent avec avidité l'herbe empoisonnée de l'extrême droite. Ces groupuscules fascistes qui s'affichent ouvertement en France, avec pour credo la haine de l'étranger - totalement identifié au musulman -, ne font que radicaliser la xénophobie ordinaire. En ces temps de crise économique et de malaise social, l'islamophobie est pain bénit pour tous ceux qui cherchent à égarer l'opinion dans la diversion et le mensonge. La mise à l'index des musulmans devient l'agenda ordinaire du populisme démagogique «civilisé». On l'a vu dans la Suisse des recyclages et du blanchiment avec le référendum pervers sur les minarets, on l'a constaté avec le sulfureux débat officiel français sur une soi-disant identité nationale. Il existe une entreprise dangereuse de contestation des droits élémentaires de citoyens à des catégories précises de la population, musulmans ou descendants d'immigrés. Ils ont beau être français depuis deux ou trois générations, on cherche même contre le droit et la constitution à les confiner dans un statut d'éternels étrangers, à leur signifier qu'ils ne sont pas dans leur pays et qu'ils sont, in fine, susceptibles de bannissement. Les discours sur la «purification» de l'Europe continent du génocide anti-juif s'installent naturellement, avec l'assentiment et l'approbation de politiciens au-dessus de tout soupçon. A ce congrès du racisme décomplexé, on annonce un député du parti de M. Sarkozy qui ne ferait que traduire, de manière un peu plus «virile», le discours de son parti. «Le ventre est encore fécond, d'où a surgi la bête immonde». La convergence de fascistes notoires et de républicains dévoyés illustre mieux que n'importe quelle démonstration la formule de Brecht