La fin de la semaine dernière, les enseignants du lycée Emir Abdelkader à El-Barki ont observé un arrêt de travail en signe protestation au sein de l'établissement. Ce mouvement vise à alerter les pouvoirs publics sur l'augmentation des atteintes de cancers parmi le collectif des enseignants et des travailleurs. La direction de l'éducation a dépêché sur les lieux son secrétaire général pour discuter avec les enseignants sur les mesures à prendre. On soupçonne que l'augmentation des cas de tumeurs est dûe à l'amiante se trouvant dans les matériaux avec lesquels a été réalisé cet établissement. Les enseignants réclament le transfert, dès la prochaine saison scolaire, de cet établissement à un autre endroit. Ce transfert a été déjà envisagé mais reporté pour des raisons non élucidées. Notre source nous indique que, tout récemment, un enseignant, syndicaliste, a découvert qu'il était atteint d'une leucémie. Son cas s'ajoute à d'autres déjà relevés. On recense plusieurs décès dus à des tumeurs parmi les enseignants, les travailleurs, les élèves et même les parents des responsables vivant dans les logements d'astreinte de cet établissement. Rappelons qu'une commission d'enquête est déjà passée dans cet établissement, il y a plus d'une année, pour déterminer si oui ou non les murs et la toiture de cet établissement constituent un risque pour les élèves et les enseignants. Apparemment, ses conclusions ont été négatives. Mais les derniers cas relevés relancent à nouveau la question de l'amiante au niveau de cet établissement. Au-delà de ces interrogations que se posent les enseignants, cet établissement, réalisé en 1984, a largement dépassé sa durée de vie conçue pour vingt ans. Il a été réalisé avec d'autres, essaimés à travers le territoire national, selon le même schéma et avec les mêmes matériaux de construction, par la même entreprise française, au nom de «Rabot du TILLEUL». Au niveau de la wilaya d'Oran, il existe au moins un autre lycée du même genre, dans une commune de l'Est d'Oran. Ajoutons que cet établissement, de par son emplacement, reçoit les élèves en provenances d'El-Barki et des quartiers limitrophes. Son transfert risque donc de les pénaliser. Certains proposent juste sa démolition et sa reconstruction avec d'autres matériaux jugés moins dangereux pour la santé. Par ailleurs, cet établissement constitue un pôle de vie dans un quartier démuni de tout équipement collectif. Un tas de petits commerces vivotent grâce aux élèves et aux enseignants qui fréquentent ce lycée. Son transfert pur et simple ne manquera pas de causer leur faillite.