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Le pouvoir gère les marches du samedi, ignore les approches politiques: Une ouverture «homéopathique» conjoncturelle
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 24 - 02 - 2011

Les révolutions dans le monde arabe contraignent le pouvoir algérien à accepter, formellement, de mettre fin au gel de la vie politique qu'il impose de fait depuis une quinzaine d'années.
Un communiqué du Conseil des minisres l'a énoncé le 3 février 2011. De manière surréaliste, la télévision et la radio algériennes apprenaient qu'elles étaient fautives de ne pas assurer la couverture des activités des partis et des organisations alors qu'aucune «loi ou instruction» ne l'a jamais interdit. Le propos a fait sourire dans les milieux politiques algériens. Pourquoi le pouvoir prendrait-il le risque de marquer sur le marbre du Journal officiel un interdit qui n'a besoin que d'un coup de téléphone ou d'une discussion informelle avec ceux qui dirigent les médias audiovisuels du monopole public? La performance des médias publics durant ces quinze dernières années est assez édifiante pour que cette tentative de réécriture de l'histoire ne passe pas. Pour les milieux politiques algériens, les propos du président Bouteflika au cours de ce Conseil des ministres pourraient être - la prudence est de mise - le signe que le pouvoir a saisi que le gel de la vie publique, la monopolisation de l'action politique par la présidence, apparaît de plus en plus clairement contreproductive. Un membre d'un parti d'opposition estime d'ailleurs que cet apparent « début de dégel» est surtout destiné à la consommation extérieure. Celle des Occidentaux surtout qui ont été surpris par les accélérations de l'histoire en Tunisie et en Egypte et la grande faiblesse politique des «Etats remparts».
La dépolitisation à l'extrême des émeutes de janvier par le ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia, exprime sans doute le souhait profond d'une bonne partie du régime de perpétuer le gel de la vie politique. Et également de la réduire, au niveau formel, aux échanges entre un président qui oriente, décide, un gouvernement qui exécute, une alliance présidentielle qui soutient - à laquelle il faut bien adjoindre le PT -, des partis d'oppositions réduits à la marge et soumis à une inexistence audiovisuelle durable et à une interdiction d'accès à l'espace public.
Le fusible Ouyahia
Dans cette configuration «tranquille», les chancelleries tout comme les observateurs politiques n'ont aucune visibilité politique du pouvoir. Mais, même si «l'Algérie n'est pas la Tunisie et l'Egypte», il y a eu justement la Tunisie et l'Egypte et il y a même la Libye… Ce gel de la vie publique - qui n'est pas reconnu officiellement et imputé implicitement en partie à un présumé zèle verrouilleur des dirigeants de la télévision et de la radio - passe mal à un moment où les Occidentaux se remettent à faire mine de s'intéresser aux questions des réformes enterrées à la suite du 11 septembre 2001. Il y a également une exaspération chez de nombreux Algériens qui n'a pas besoin de mystérieux sondages des « services » pour être perçue. L'esquisse de dégel - levée de l'état d'urgence accompagnée de mesures de soutien aux prix et de promesses de laisser-faire aux trabendistes, petits et gros - répond donc à la fois aux attentes extérieures et au souci d'ouvrir les soupapes. Une partie du discours officieux - qui d'ailleurs énerve certains responsables du RND - consiste à préparer les esprits à un changement de gouvernement sur le mode, très classique, «du président est bien, mais son entourage non». D'où le cri de «cœur» de Seddik Chihab, dirigeant du RND, dénonçant ceux qui œuvrent à «noircir» l'image d'Ahmed Ouyahia. Et M. Seddik Chihab de pointer du doigt «les barons de l'import» car un Ahmed Ouyahia au gouvernement serait une «menace pour leurs intérêts». Pourtant, le gouvernement a bien perdu officiellement la partie vis-à-vis de l'informel qui est désormais «libre» et quasi-légal, tandis que les importateurs, de sucre et d'huile, ont reçu un très significatif coup de pouce. Que cela offusque M. Chihab n'enlève rien au fait que M. Ahmed Ouyahia est dans la posture de fusible idéal pour redonner un semblant de crédit au «dégel» et de souffle au pouvoir. Des mesures à caractère économique et social, la suppression des entraves bureaucratiques qui empoisonnent la vie des Algériens, etc. seraient ainsi marquées du sceau de la « nouveauté» post-Ouyahia. Il s'agit de prendre de l'avance face à une opposition, divisée et usée par l'impossibilité d'agir dans un pays verrouillé, mais qui a été soudain ragaillardie par les événements dans le monde arabe.
«La révolution du samedi»
L'enseignement logique qui en est tiré par une partie de l'opposition est que l'investissement de la place publique par des manifestations publiques est la seule réponse au verrouillage. Et elle a été efficace en Tunisie et en Libye. C'est la démarche de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD). Pourtant les deux tentatives, vaines, de la CNCD des deux derniers samedi ont été surtout l'occasion pour le pouvoir d'afficher sa détermination d'empêcher les marches dans la capitale. Ce qui a été constaté également est une faiblesse de la mobilisation dont les raisons n'ont pas été encore évaluées. Deux éléments d'explication sont avancés. Le premier étant la sur-médiatisation de Saïd Sadi qui est accusé par des membres de la coordination de phagocyter le mouvement. Personne n'a été surpris par l'annonce, hier, de la scission de la CNCD. La LADDH et les associations ont pris acte du fait qu'il est vain d'essayer de se lancer dans des marches à répétition chaque samedi. Le fait que des groupes de jeunes «houmistes», vraisemblablement instrumentalisés, aient joué les perturbateurs n'explique pas tout. C'est un élément qui doit être appréhendé pour sa réalité sociologique. Il y a en Algérie, après une décennie de violence suivie d'une décennie d'entreprise de dépolitisation, des franges «émeutières» qui peuvent être «allumées» sans difficultés. Avec le risque aussi que de provoquer des dégâts immenses. Mais une opposition qui ne fait rien pour être présente parmi ces jeunes ne se donne pas les moyens de faire sortir les Algériens de l'émeute vers la formulation politique. Ce que la coordination et son échec relatif montrent est qu'il est difficile de faire l'impasse sur les différends fondamentaux qui ont marqué, dans la violence, les différents courants politiques. Il y a une mise à plat à faire. Or, la coordination donnait l'impression de croire que l'action - si des marches qui mobilisent moins de manifestants que de policiers peuvent être considérées comme des actions - permet de passer outre des divergences essentielles et de les dépasser. Ceux qui ont participé aux tentatives du samedi et qui n'ont pas fermé les oreilles ont pu constater que ces divergences sont là, solides et non solubles dans «l'action».
Mehri trop pratique, donc trop gênant
La lettre ouverte de Mehri constitue justement une proposition pratique pour avancer et reconstruire un champ politique à partir d'une libération des initiatives et aussi une réflexion sur l'état de l'Algérie. L'approche se base sur un diagnostic sans appel sur un régime qui «depuis des années est bien plus marqué par ses aspects négatifs que positifs». Les propositions de l'ancien secrétaire sont marquées du sceau du réalisme et surtout évitent l'écueil de la personnalisation. Ce n'est pas l'affaire de Bouteflika ou d'un changement de gouvernement. C'est un changement de perspectives et de régime qui est souhaité dans un dialogue national ouvert où le pouvoir est partie prenante. En apparence, cela n'a rien de «révolutionnaire» que de ne pas appeler les gens dans les rues «pour faire tomber le régime». Mais les propositions de Mehri sont perturbantes pour le régime car elles contraignent l'ensemble du corps politique, celui du pouvoir comme celui de l'opposition, dont les islamistes, à une remise en cause. La perspective n'agrée guère au régime qui considère que la vérité a été établie et inscrite dans le marbre et que les méchants et les héros de l'histoire récente sont déjà désignés. Or, les propositions de Mehri remettent tout cela en discussion. L'absence de réaction du pouvoir à cette offre est éloquente. Il ne veut pas qu'une dynamique politique s'enclenche, il aime tout contrôler. Le FFS qui a refusé de «marcher» avec la coordination vient d'apporter, par le biais de Hocine Aït Ahmed, un appui franc à l'offre de Mehri. L'objectif est évidemment d'éviter qu'elle ne soit occultée à travers une «ouverture» homéopathique qui ne va pas au fond des choses. La position politique « réformatrice » de Mehri est beaucoup plus gênante pour le pouvoir que les tentatives de mimétisme révolutionnaire de la coordination. Ex-coordination ?


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