Le poulet dans tous ses états et la problématique des prix, a constitué le thème de l'émission hebdomadaire «Forum» diffusée, hier, par la radio régionale de Constantine. Des éleveurs, le président de l'association des producteurs, des vétérinaires et le représentant des services agricoles ont été, durant une heure et demie, soumis au feu des questions des journalistes et des consommateurs qui téléphonaient pour s'interroger sur le phénomène et demander les raisons de l'inconstance des prix. Malheureusement, les invités ont avancé des explications qui n'ont pas convaincu. Ainsi, pour expliquer la cherté du prix du poulet sur les marchés constantinois, le président de l'association des éleveurs, M. Talhi, a commencé par dire que le problème du prix réside dans la commercialisation de ce produit qui se distingue par l'anarchie au niveau des marchés constantinois. Il a parlé pêle-mêle du marché libre et du déséquilibre entre l'offre et la demande, sans avancer aucune explication sur la hausse des prix du poulet qui joue au yo-yo. Il se contentera de dire que la wilaya de Constantine compte 128 bâtiments pour l'élevage de poulet de chair, 4.000 couveuses et 266 abattoirs agréés et ces chiffres, selon lui, s'avèrent insuffisants du moment que la wilaya est devenue, en la matière, un pôle de production auprès duquel viennent s'approvisionner plusieurs wilayas à l'Est. Un producteur de la commune de Zighoud Youcef le relaya pour dire qu'il a des clients qui viennent de Touggourt, Ouargla et d'autres régions. Les journalistes ont demandé à savoir pourquoi le même poulet est moins cher à Guelma qu'à Constantine, par exemple. Ils n'obtiennent pas de réponse. Intervenant par téléphone dans le débat, un producteur privé dira que le nombre de 7.000 poulets livrés chaque jour sur les marchés de la ville de Constantine est nettement insuffisant Aussi, le président de l'association des éleveurs n'a pas nié l'existence d'abattoirs clandestins et a reconnu que 60% du poulet mis sur le marché vient de l'élevage dans les serres en plastique, méthode non autorisée mais pas expressément interdite par les services concernés. «Nous avons proposé l'octroi de crédits bancaires pour ces éleveurs afin qu'ils puissent construire des bâtiments en dur et être intégrés dans le circuit officiel de la production», a souligné M. Talhi en signalant que les éleveurs subissent souvent des pertes, surtout durant les périodes froides, et abandonnent. «Plus de 30% des éleveurs ont fermé car il faut reconnaître qu'il y a une anarchie dans la distribution et ce facteur favorise beaucoup la spéculation. Aussi, pour mettre fin à cette anarchie, nous avons proposé la signature de conventions entre les producteurs et les abattoirs». Ce moment a été choisi par un producteur privé qui est intervenu par téléphone pour plaider l'octroi d'agréments aux éleveurs sous serres «car, a-t-il dit, le nombre de 7.000 poulets/jour mis sur les marchés de la ville est nettement insuffisant». Il n'omettra pas de signaler aussi que l'aliment du poulet a augmenté de 15%. Une journaliste a soulevé la méthode d'engraissement de la volaille par les corticoïdes et M. Talhi rétorqua que cela n'est pas possible vu la cherté de ce médicament d'importation. «Ce ne sont que des rumeurs», a-t-il rassuré. Le représentant de la direction des services agricoles a déclaré que «le prix du poulet sur le marché est composé de la valeur des aliments, du médicament et des marges bénéficiaires fixées arbitrairement par tous les intervenants. C'est pourquoi avec un prix de référence de 150 dinars au sortir de l'abattoir on le trouve à 330 et parfois à 350 dinars sur les étals», a-t-il expliqué. L'inspecteur des services vétérinaires, M. Lounis, a affirmé que toute la production est sous contrôle, lequel se fait en amont et en aval. Il avance le chiffre de 256 couvoirs agréés, 68 bâtiments pour les poules pondeuses, 18 pour le poulet de chair et 29 pour la dinde. Il terminera en citant le chiffre de 54 vétérinaires agréés qui donnent le certificat d'abattage du poulet.