Le procès des sept fonctionnaires de police constantinois, à savoir 2 commissaires, 1 officier, 1 inspecteur et 3 agents de l'ordre, poursuivis pour « négligence et non observation des mesures réglementaires » lors de la présence dans les geôles du commissariat de Tifouti Kamel (41 ans), résidant à Hamma-Bouziane (Constantine), retrouvé pendu à l'aide des lacets de ses chaussures le 16 décembre 2O1O, s'est ouvert mercredi matin devant le tribunal correctionnel de Chelghoum-Laid. Pour rappel, la cour de justice de Constantine avait ouvert une enquête sur ces faits en confiant l'affaire, en vertu des dispositions du code de procédure pénal, au tribunal de Chelghoum-Laid, dans la wilaya de Mila, et le juge d'instruction avait décidé alors de placer en détention préventive les officiers de police tandis que les trois agents de l'ordre avaient été laissés en liberté provisoire. De son côté, la direction générale de la Sûreté nationale a ouvert une enquête approfondie sur les circonstances du décès. Mercredi devant le tribunal, les accusés ont nié avoir brutalisé la victime qui était, selon eux, « en état d'ébriété avancé » ce qui l'avait amené à agresser un inspecteur de police. L'après-midi de cette séance qui a duré jusqu'à 22H, a été consacrée à la déposition des témoins, notamment le médecin légiste qui a examiné la victime une heure seulement après sa mort, ainsi que le second médecin qui a pratiqué l'autopsie. Les deux praticiens ont affirmé ne pas avoir observé de traces de coups ou blessures, à l'exception des traces de lacets de la chaussure droite sur le cou de la victime, ainsi qu'un hématome bleu sur sa cuisse droite. Dans son réquisitoire, le procureur général a requis une peine de 3 ans de prison et 1O millions de centimes pour chacun des mis en cause. L'affaire a été mise en délibéré et le verdict ne sera rendu que le 13 avril prochain. Interrogé hier, le frère aîné de la victime, Toufouti Mouloud, nous a déclaré que les membres de sa famille, qui ont tous assisté au procès mercredi passé, rejettent toujours la thèse du suicide de leur enfant Kamel, retrouvé mort dans la cellule de la sûreté urbaine alors qu'il était placé en garde à vue après avoir été appréhendé ce jour-là par les services de la police au niveau des arcades romaines. « Nous refusons toujours de croire que Kamel s'est tué en utilisant les lacets de ses chaussures. Cette thèse est inconcevable car c'était tout de même nos enfants et que nous connaissions tous son caractère et sa mentalité. Nous rejetons la thèse du suicide, même si 3 médecins, un de la police et deux du Centre hospitalo-universitaire, ont conclu au suicide », a affirmé Mouloud en précisant que la famille avait demandé une seconde autopsie et que leur demande a été rejetée par les autorités judiciaires. « En définitive, ajoute le frère aîné de la victime, nous avons décidé de laisser l'affaire aux mains de nos avocats qui savent mieux que nous ce qu'il faut faire ».