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Taïeb Hafsi, le professeur qui chuchote à l'oreille de l'Algérie économique
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 12 - 04 - 2011

Le nom de Taïeb Hafsi est, en ce moment, sur toutes les bouches dans le microcosme algérien de l'entreprise, de la recherche universitaire et de la production des idées. Il préside, notamment, au nouveau Think Tank «défendre l'entreprise». Sa conférence sur «l'émergence de champion économique» a offert une opportunité de faire de lui ce portrait en situation.
« Tu es trop plein d'Algérie dans ta tête». C'est peut-être cette phrase de son mentor, un professeur de MIT à Boston au milieu des années 70, qui a changé le paradigme de travail de Taïeb Hafsi: «je ramenais tout à l'Algérie, désormais je vais l'oublier quelques années pour aller à la rencontre des questionnements du monde». Mais le nouveau docteur du prestigieux institut veut encore servir son pays. Il revient aider son ami Abdelhamid Brahimi au milieu des années 80 «Une expérience de 17 jours». Le Premier ministre n'a pas vraiment besoin de lui. Le professeur Taïeb Hafsi a donc fait la semaine dernière à Alger une sorte de second come back. Toujours pour «mettre la connaissance entre les mains des gouvernants». Et cette fois, il est très écouté. Président du conseil d'administration du nouveau Think Tank «défendre l'entreprise algérienne», soutenu par les trois groupes, Cevital, Benamor et Hasnaoui, le professeur de HEC Montréal a réuni l'un des auditoires les plus lourds du business et de la réflexion économique dans un chic restaurant des hauteurs d'Alger. Et il a commencé par se raconter. Le regard espiègle, le ton calme du confident, Taïeb Hafsi a fait dans l'hypnose. Et les chefs d'entreprises présents ont accepté le divan. Deux présidents de FCE, passé et actuel, le patron de Cevital, celui de Alliance assurance, le PDG du groupe Benamor, ou encore le président de Sovac; deux anciens chefs de gouvernements, trois ou quatre économistes les plus inventifs de la place, des patrons de presse lourds; du type de ceux que n'aiment pas Ahmed Ouyahia. Rien ni personne n'intimide le récit tranquille du conférencier sur son parcours. Ingénieur en génie chimique. Taïeb Hafsi est entré sur la plate-forme Sonatrach d'Arzew comme «on entre en militance». Ce sont les années glorieuses de l'industrialisation. «Sept années de volontarisme qui m'ont épuisé». C'est Mustapha Mékidèche qui lui suggère un jour de s'intéresser aux programmes du MIT, pour se tenir au courant des évolutions académiques de sa profession. Taïeb Hafsi fait mieux, il souscrit à une inscription et il est retenu. Avec son trop plein d'Algérie dans la tête.
Spécialiste de la complexité stratégique
Mais pourquoi donc cet homme jovial et dégrisé qui fait désormais plusieurs fois l'année le saut de Montréal à sa tendre Saïda natale, tient-il ainsi en haleine son monde ? De MIT à Harvard, Taïeb Hafsi a donné, il y a longtemps, une inflexion à sa formation. Il est un des théoriciens reconnu de la complexité dans le management stratégique. Entreprise, régions, pays, son objet est de comprendre «pourquoi cela marche» et «pourquoi cela ne marche pas». «Les dirigeants d'un pays donné prennent souvent de bonne foi des décisions qui débouchent sur des résultats inattendus. Ils ne comprennent pas pourquoi. Ils insistent et aggravent le problème. Le monde est en réalité une succession de situations non linéaires. Et les résultats contre intuitives prolifèrent». C'est la complexité. «L'Afrique avait dans les années 60 des dirigeants de classe mondiale». Mais les stratégies ont échoué.
Le professeur Hafsi rapporte de ses propres travaux à HEC Montréal que tous les pays du monde ont une stratégie économique. Elles sont souvent toutes bonnes». Ce que montrent les comparaisons est que la différence se fait dans la mise en œuvre. «La manière de conduire ses choix c'est de la stratégie». En fait la stratégie est un objectif plus un mécanisme pour l'atteindre. Transposé à l'univers de l'entreprise le challenge est le même. «Comment faire émerger des entreprises champions en Algérie ?» est d'ailleurs le thème de l'intervention du professeur Hafsi. S'il en parle, c'est que c'est possible. Il faut voir ce qu'ont fait les autres et trouver sa voie. «Les petites entreprises qui ont réussi à devenir leaders de leur marché face aux géants déjà en place ont toujours agi à l'opposé de ce qui se faisait». Cela s'appelle la stratégie paradoxale. Le professeur Hafsi qui connaît bien le potentiel entrepreneurial algérien, prend le temps des rappels académiques de la théorie du management. Et parsème son exposé d'exemples: Dell dans l'informatique, Toyota dans l'automobile, Guilden dans l'habillement. Il existe toujours une voie pour déstabiliser l'avantage acquis des géants. Avec cependant quelques conditions. A défaut d'un Etat démocratique, un Etat «bienveillant» pour l'entreprise. Hafsi a cette phrase transcendante: «la démocratie cela marche parce qu'il faut du temps pour changer les règles. J'ai toujours trouvé bizarre que les réformes mettent en moyenne trois ans à être adoptées en Amérique du Nord. Et après j'ai compris que cela donne le temps au monde économique de se préparer».
«La convergence a une grande valeur économique»
Mais comment faire lorsque l'Etat n'est ni démocratique ni bienveillant avec l'Entreprise ? L'auditoire de choix du professeur ne s'est pas privé de le rappeler. Taïeb Hafsi est enclin à penser qu'il y a toujours un chemin à trouver pour que les entreprises grandissent face aux géants et créent de la richesse : «s‘aguerrir chez soi pour le monde». Stratégie paradoxale, acte d'entreprise. Son concept maître est celui de la convergence. «La convergence a une grande valeur économique». Lorsque dans une entreprise tout le monde agit dans le même sens, cela permet d'économiser de grands coûts d'arbitrages internes. Des acteurs de grande valeur qui divergent font échouer l'entreprise. Des acteurs de moyenne valeur qui convergent la font réussir. La démarche est vraie pour les Etats. «L'entropie a tué l'empire de Rome». Entropie ? Les forces internes se neutralisent et débouchent sur une résultante nulle. Le tableau de l'Algérie de 2011 ? Le professeur concède, à l'insistance pressante des présents pour qui l‘environnement est un obstacle absolu, que «le système a une vie propre». «Les institutions sont ce qu'il y a de plus difficiles à changer. Elles changent lorsqu'elles deviennent inefficaces». La conduite du changement en Algérie est déjà la grande affaire de l'heure pour cet homme qui veut surtout aider gouvernement et acteurs économiques à se «rapprocher de la connaissance». «Au Canada, mes collègues ne comprennent pas pourquoi l'Algérie n'est pas un pays développé».


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