La décision de réconciliation et d'union des Palestiniens affole Israël et ses soutiens sionistes. L'UE a accueilli, avec satisfaction, la réunification des factions palestiniennes, alors que les USA estiment que le Hamas est encore une organisation terroriste. Les Palestiniens vivent, à leur manière, leur «prin temps arabe»: l'unité du pays sous la direction politique commune de l'OLP et la déclaration, en septembre prochain, de l'indépendance de la Palestine, dans ses frontières de 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale. Cette marche vers la réconciliation inter-palestinienne pour la paix et la liberté ne laisse pas, évidemment, Israël sans réaction. Le gouvernement israélien s'est déclaré, samedi dernier, «inquiet» de cette réconciliation entre frères palestiniens et intensifie son action diplomatique pour casser l'unité palestinienne. Le chef du gouvernement israélien, Benyamin Netanyahou, a averti le chef de l'Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas: «Vous devez choisir la paix avec Israël ou la paix avec le Hamas.» Hallucinant ! Israël occupe, colonise, emprisonne, assassine et bombarde régulièrement ce qui reste de terre palestinienne et parle de paix ! Face à tant d'arrogance et d'hypocrisie de l'Etat hébreu et la décision des Palestiniens de s'unir, l'attitude de l'Europe et des USA va-t-elle évoluer dans son approche de la question palestinienne? L'on sait que le président de l'AP a entamé une campagne de sensibilisation dans ce sens des capitales occidentales. Cependant, les Palestiniens tiennent à respecter le cadre de négociations israélo-palestiniennes mis en place par la communauté internationale (Quartette), et développent leur action diplomatique dans ce sens-là. C'est ainsi que la représentante palestinienne à Bruxelles (devenue Envoyée spéciale à Bruxelles, selon son nouveau statut), Mme Leïla Shahid, a appelé l'UE à soutenir la nouvelle Autorité palestinienne dite «technocratique» qui sera formée par la Fatah et le Hamas et proclamée officiellement dès la semaine prochaine. Pour répondre aux «inquiétudes» israéliennes, madame Leïla Shahid a précisé que «la nouvelle administration palestinienne respecterait tous les accords avec Israël et s'engagerait sur la voix de la non-violence». En vérité, la démarche palestinienne répond aux vœux de la communauté internationale qui a appelé à l'unité palestinienne depuis sa division en 2006. Rappelons l'appel à «l'union des factions palestiniennes pour donner plus de garantie au cessez-le feu entre Israël et Ghaza» lancé par les ministres des Affaires étrangères de l'UE, lors de leur réunion de janvier 2009 à Bruxelles. La Tchéquie qui assurait la présidence tournante de l'UE avait déclaré, au nom de l'UE, «qu'un gouvernement palestinien uni sous la direction de Mahmoud Abbas est une condition fondamentale au progrès et la paix». Donc, en choisissant la réconciliation et l'union, les Palestiniens renforcent leur crédibilité politique et répondent aux vœux (conditions ?) de la communauté internationale pour son soutien à un Etat indépendant. Par ailleurs, interrogée sur la réconciliation du Fatah et du Hamas, la représentante de la politique étrangère de l'UE, Mme Catherine Ashton, a répondu que «l'UE a toujours appelé à la paix et à la réconciliation sous l'autorité de Mahmoud Abbas pour mettre un terme à la division entre la Cisjordanie et Ghaza». De leur côté, les USA sont restés dans une attitude ambiguë: «Les USA soutiennent la réconciliation palestinienne dans le cadre de la promotion de la paix. Quant au Hamas, il reste encore une organisation terroriste qui cible les civils», a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche. Il est évident qu'un long travail politique et diplomatique attend la prochaine direction technique palestinienne pour convaincre les Américains de l'absurdité dans l'appréciation du Hamas palestinien. Appréciation basée sur la pression des lobbies sionistes qui arguent que le Hamas vise la destruction de l'Etat d'Israël. Combien de fois les dirigeants du Hamas n'ont-ils pas répondu que leur combat est de la résistance face à l'occupation israélienne et que leur but est l'indépendance de la Palestine ? Quant à la non-reconnaissance d'Israël, ce n'est rien d'autre qu'une stratégie politique et une réponse à la négation de l'Etat palestinien par Israël. Ce dernier manifeste des gestes d'affolement face à la réconciliation palestinienne et au vent de liberté qui souffle dans les pays arabes. Première conséquence de ce vent de liberté: l'Egypte a décidé d'ouvrir sa frontière commune avec la bande de Ghaza. Quelle sera la prochaine réaction d'Israël ? Un bombardement et une occupation de Ghaza ? Ce serait l'erreur de trop, parce que les choses bougent chez les voisins arabes. La Palestine est un enjeu capital pour la paix globale dans la région. Les peuples voisins d'Israël en marche vers la liberté ne se tairont plus.