Le but est de faire pression sur le mouvement Hamas, qui contrôle Gaza, afin de le contraindre à s'asseoir autour d'une table pour explorer les voies et moyens d'unifier les rangs des Palestiniens. Et si la solution aux souffrances des Palestiniens face à Israël passait par l'Iran ? Seule puissance non arabe au Proche-Orient, l'Iran, ennemi juré d'Israël, constitue, aux yeux de l'autorité palestinienne, un facteur non négligeable, de nature à cimenter les rangs des Palestiniens, un impératif également à même d'affronter, sur le double plan de la résistance et de la diplomatie, la puissance de feu de l'Etat hébreu. Lors d'une conférence-débat organisée hier au siège du journal gouvernemental Echaâb, le nouvel ambassadeur de Palestine à Alger a ouvertement appelé l'Iran à s'impliquer sur des bases “politiques et de respect mutuel”. “Nous voulons un soutien de l'Iran sur des bases politiques, un soutien qui va dans le sens de l'union du peuple palestinien. Des relations basées sur un respect mutuel”, a déclaré M. El Helouani. Cette sollicitation n'est pas fortuite : l'Autorité palestinienne cherche des forces capables de faire pression sur le mouvement Hamas qui contrôle la bande de Gaza afin de le contraindre à s'asseoir autour d'une table pour explorer les voies et moyens d'unifier les rangs des Palestiniens, car le mal “provient aussi de nos divisions”, comme l'a relevé le diplomate. “Les Palestiniens sont appelés à considérer le drame comme l'occasion pour réunifier leurs rangs et chercher à trouver une position commune (…), la résistance ne doit pas s'aventurer”, a plaidé le représentant de l'Autorité palestinienne à Alger face à un auditoire composé, pour l'essentiel, de journalistes, mais aussi du représentant du mouvement Hamas palestinien à Alger et de certaines figures nationales, comme Abderrahmane Belayat, membre influent du FLN et l'ancien ministre Sid-Ali Lebib. “On souhaite une réunion de toutes les factions dans les prochains jours”, a-t-il ajouté non sans avertir, en termes à peine voilés, “que les prochains mois seront décisifs et le Fatah (le parti de Mahmoud Abbas, ndlr) serait contraint aussi à des choix décisifs”. Des appréhensions et des choix dont il est difficile d'en imaginer la nature. Le diplomate n'a pas été prolixe là-dessus. Une éventuelle dissolution de l'Autorité palestinienne accusée par les islamistes radicaux de complaisance ? Mohamed El Helouani convoque l'histoire et fait un parallèle avec la Révolution algérienne. “Abbas a invité au dialogue le Hamas. Chacun a ses positions, mais on doit se fixer des objectifs pour le bien et l'unité de la Palestine, un Etat qui devrait avoir ses frontières, celles de 1967. L'OLP est comme le FLN qui a fédéré toutes les forces jusqu'à l'indépendance. Maintenant, il y a le multipartisme. Mais bien entendu, nous sommes pour la légitimité populaire”. Il ne manque pas d'ailleurs de louer et de rappeler le rôle joué par l'Algérie. “L'Algérie a joué un grand rôle pour concrétiser l'unité et la représentativité de la direction Palestinienne en une seule entité”, rappelle-t-il. Cela dit, quelles que soient les divergences qui minent les rangs palestiniens, Israël demeure, à ses yeux, l'unique responsable des massacres. “Il doit assumer la responsabilité”, souligne le diplomate en qualifiant, par ailleurs, certaines positions internationales “d'hypocrites”. “Israël ne nous imposera jamais une solution politique”, assure-t-il. S'il se montre favorable à la tenue d'un sommet arabe, tout autant qu'avec “la meilleure position commune”, le diplomate n'en a pas moins laissé entendre que les divergences arabes sont une réalité. “Nous travaillons avec le monde arabe dans la réalité du terrain”. Interrogé par Liberté si la cause palestinienne ne constituait pas une victime étant donné l'absence de démocratie dans les pays arabes qui en font, du moins pour certains régimes, un fonds de commerce, Mohamed El Helouani a admis que ce déficit est une “réalité”, tout comme elle constitue une grande perte pour les Arabes. “Oui. La question palestinienne est l'une des causes, mais il y a aussi l'absence de culture et d'autres facteurs”, a-t-il reconnu. Karim Kebir