Elle dit ne réclamer “que respect et dignité”, surtout après la deuxième couche de Yacef Saâdi sur ses blessures. “Je lui demande d'aller jusqu'au bout de ses allégations, assumer sa position d'homme public responsable.” Coup de gueule. Coup de colère d'Ighilahriz. C'est dans une atmosphère pathétique qu'est venue la moudjahida apporter un démenti formel “aux allégations et mensonges” de Yacef Saâdi au sujet de sa participation à la guerre de Libération. Elle ne comprend pas ces attaques de Yacef Saâdi contre sa personne et regrette qu'un demi-siècle après, ce monsieur, “à travers des propos diffamatoires, l'ignominie, les insultes insupportables, me dénie ma qualité de moudjahida”, a-t-elle déclaré, au bord des larmes, hier, en conférence de presse. Elle refera le chemin de sa participation à la Révolution avec des dates-clés et précises, avec “une douleur” dans la voix, surtout lorsqu'elle évoque les séances de torture qu'elle a subies. “J'ai subi la question. C'était tellement dur que je réclamais la mort”, dit-elle, avant de rappeler un geste de l'un de ses tortionnaires, Graziani, qui lui a montré des photos de Yacef Saâdi assis, en train d'écrire, avec, à côté de lui, Zohra Drif. Après le parcours de son passé “tumultueux fait de souffrances et de privations”, elle se pose des questions sur les motivations de la sortie de Yacef Saâdi. Qu'est-ce qui l'a poussé à tenir de tels propos à plus de 50 ans ? Est-ce une réaction à la réalisation du documentaire Fida'iyate, qu'il considère comme un empiétement de son monopole de la narration (sur l'histoire) ? Et d'affirmer sous la forme interrogative “s'il n'y a pas eu de faille et de zones d'ombre dans le parcours de certaines personnes et des opacités entretenues et qui ont été pris de panique suite à mes procès contre les généraux français”. Dépitée, outrée, Ighilahriz dit ne réclamer que “respect et dignité”, surtout après la deuxième couche de Yacef Saâdi sur ses blessures. “Je lui demande d'aller jusqu'au bout de ses allégations, assumer sa position d'homme public responsable”, a-t-elle clamé, avant de le “sommer de revenir sur ses égarements ou de se dessaisir de son immunité”. “Je le défie de démissionner et de venir m'affronter”, dit-elle, précisant que s'il ne le fait pas, “il ne sera qu'un lâche”. “Sois un homme. Dargaz ! Sors et viens en face de moi !” a-t-elle lancé à son adresse. Prenant la parole au vol, Fatma Ouzegane, présente dans la tribune, est revenue sur le contexte de l'intégration de Yacef Saâdi dans la Révolution en mettant en avant les hésitations des responsables de l'époque. C'est grâce à son beau-frère qu'il a été accepté. Elle précisera, par ailleurs, qu'il a été retourné par les Français et les Suisses. À son tour, M. Basta a apporté un témoignage en faveur d'Ighilahriz avec des nuances dans le propos. Il a évoqué son livre qui est sorti en 2009 où il est question de “tragiques vérités qui n'ont pas été dites sur la Révolution algérienne”. Responsable des groupes armés d'Alger, il a également révélé qu'après 1962, désigné à la tête des écoles de police, il a découvert sept valises de documents de la DST. Dans les documents, il a parlé en particulier du cas Yveton qui devait être arrêté vivant. demandera enfin à Yacef Saâdi de présenter “des excuses publiques à Louisette”. Tout en maintenant qu'elle va l'ester en justice, avec la prochaine divulgation des documents en sa possession, Ighilahriz s'est remémoré les trois phrases utilisées par Yacef Saâdi, “n'a pas participé à la guerre. Menteuse. Joue la comédie (parlant de ses blessures)”, ces mêmes phrases dites par les généraux français. En définitive, sans que Yacef Saâdi soit directement déclaré comme ayant travaillé pour l'armée française, les différents témoignages sont entourés de sérieux doutes sur lui. La réponse est dans un an, en 2012, avec la levée du secret sur les archives françaises de l'époque.