Jean-Pierre Raffarin et Pierre Lellouche, le ministre français du Commerce, sont attendus à Alger le 29 mai prochain en prévision du forum algéro-français qui se tiendra les 30 et 31 du même mois au chapiteau de l'hôtel Hilton d'Alger. Les deux responsables français procéderont conjointement avec le ministre algérien de l'Industrie et de la Promotion de l'investissement (MIPI), et probablement avec celui du Commerce, à l'ouverture du forum algéro-français sur le partenariat pour lequel la liste des participants est déjà bouclée. Le directeur général d'Ubifrance Algérie en parle avec beaucoup d'enthousiasme puisqu'il a consacré ses journées et même ses nuits à sa préparation. Il affirme, en effet, que les organisateurs s'attentent à l'arrivée le 29 mai au soir de « Monsieur Algérie » français pour les affaires économiques ainsi que du ministre français du Commerce et bien sûr du grand patron d'Ubifrance. Les organisateurs attendent en même temps des députés et des personnalités politiques françaises impliquées dans le dossier Algérie. Il y aura aussi l'arrivée des représentants des 140 entreprises françaises qui devront y participer aux côtés de ceux des 350 entreprises algériennes. « La liste est close, nous avons terminé l'ensemble des enregistrements des participants, nous avons même refusé les retardataires parce que nous estimons qu'il ne reste plus beaucoup de temps pour finaliser le tout », nous dit Alain Boutebel. Le DG Ubifrance Algérie estime ainsi que « c'est le bon nombre pour pouvoir réussir une meilleure mise en contact entre les entreprises algériennes et celles françaises ». Le coup de starter pour ce rendez-vous a été donné au lendemain de la visite de Raffarin en Algérie. Il a été procédé à la mise en place d'un comité de pilotage restreint où siégeaient avec Boutebel, un représentant du ministère de l'Industrie, un autre du Commerce ainsi que le directeur général Europe du ministère des Affaires étrangères. « Nous avons arrêté ensemble les grandes lignes du forum », dit-il en précisant que « ce n'est pas un forum de vente - le mot en est banni - mais de partenariat pour les entreprises qui veulent s'impliquer dans des partenariats économiques en Algérie ». L'objectif étant pour notre interlocuteur très clair à savoir «permettre à l'Algérie de diminuer du volume des importations en essayant de l'aider pour lui permettre de produire 5%, 4 ou même 2% des marchandises qu'elle importe. 4.000 rendez-vous prévus Ce serait un sacré coup de fouet à la balance des paiements et une fragilité moindre pour les indicateurs macroéconomiques.» «50% des 140 entreprises françaises attendues sont spécialisées dans les infrastructures (construction, BTP ) et aussi dans les énergies renouvelables «pour lesquelles les Français ont une offre véritable qui a fait ses preuves», précise le responsable Ubifrance français en Algérie. 20% d'entre elles produisent des services divers et font dans l'engineering. Les 15% autres activent dans les TIC et les 5% restants sont spécialisées dans l'agro-industrie et le machinisme agricole «un créneau très important pour l'Algérie», estime-t-il encore. Il fait savoir en outre que 55% des entreprises algériennes participantes activent dans la construction, le BTP et autres équipements. Boutebel note au passage que «c'est Ubifrance qui s'occupe de toute la préparation, du forum, de la logistique, du montage et du financement». La partie algérienne, elle, s'active à lister les contacts avec les partenaires algériens. «Le comité de pilotage a été élargi aux institutions comme la CACI, l'ANDI et autres la CAGEX ainsi qu'aux organisations patronales», affirme notre interlocuteur. Les plus grands efforts des organisateurs ont été déployés pour réussir les mises en contact entre les Algériens et les Français. «Nous aurons 4.000 rendez-vous et même plus à raison de 12 à 14 RD par entreprises», indique Boutebel. L'ensemble des contacts sont mis à partir d'aujourd'hui sur la toile et peuvent être consultés sur Futur Allia. Pour lui, ce forum est «exceptionnel et unique parce que c'est pour la première fois que les entreprises peuvent cibler et choisir elles-mêmes leurs vis-à-vis pour discuter de partenariat, elles pourront le faire à partir de ce logiciel puisqu'elles ont tous les détails nécessaires pour pouvoir le faire». Etablie dès aujourd'hui donc, cette connexion permettra aux entreprises algériennes et françaises de s'autochoisir entre elles sans intermédiaires, selon leurs activités, leurs besoins et leurs projets. « Elles vont pouvoir faire du shopping toutes seules, c'est ça l'originalité ! », s'exclame Boutebel avec un sourire. Il pense - il l'a constaté sur le terrain - que les Algériens sont demandeurs de maintenance industrielle et de sous-traitance. Pour cela, dit-il, « on doit encourager l'implantation d'entreprises locomotives en Algérie». L'oreille attentive des Français En plus, il estime que les chiffres des échanges entre les deux pays méritent bien qu'on s'y attarde pour en déduire l'essentiel. «Les 5,5 milliards d'euros d'exportations françaises vers l'Algérie sont l'œuvre de PME, on voit bien qu'elles travaillent ensemble parce qu'il y a des traditions, la langue qui facilite les choses et il y a une histoire commune», souligne le DG Ubifrance Algérie. Mieux, selon lui, «la France détient 15,3% des parts du marché algérien, elle reste toujours en tête de liste suivie de la Chine qui est à peine à 11%, l'Italie et l'Espagne viennent bien après». Autre élément de satisfaction à ses yeux, «Ubifrance accompagne 700 à 800 entreprises françaises par an pour participer à des salons ou des expositions en Algérie et nous organisons près de 24 opérations de rencontres par an». Alain Boutebel veut alors que «ce forum renforce ce lien et devienne un véritable trait d'union entre les PME des deux pays en vue, dit-il, «de créer la confiance pour des relations pérennes ». Pour lui, l'engouement pour participer à ce rendez-vous, d'un côté comme d'un autre, a été largement exprimé. «Quand M. Benmeradi a fait son discours à Paris, il a été écouté par 250 entreprises françaises, c'est vous dire que les Français prêtent une oreille attentive à l'économie algérienne », dit-il. Et, affirme-t-il, « ce ne sont pas les 51/49% qui les empêchent d'investir, ils ne les craignent nullement, cette loi existe dans bien d'autres pays à travers le monde, mais les entreprises françaises souhaitent avoir un cadre juridique stable ». Il est prévu durant le forum une table ronde sur les opportunités et projets d'investissement qu'animera le DG de l'ANDI et trois ateliers répartis sur les deux jours. Le premier, dans l'après-midi du 30 mai, abordera les partenariats publics et privés soutenu par des témoignages d'entreprises algériennes et françaises qui, dit Boutebel, « ont réussi leur partenariat en Algérie (eau, transport, ciment, assurances )», et suivi par des entretiens avec des experts. Commencent alors les contacts entre Algériens et Français qui ont été préprogrammés sur inscription via le logiciel Futur Allia. Le deuxième atelier traitera de la formation et du transfert de savoir-faire et le 3ème sur les innovations en Algérie. Les débats qui en suivront permettront aux participants de poser leurs questions. «J'espère avoir toutes les réponses aux questions posées par la salle. J'espère que la Banque d'Algérie sera présente pour informer les entreprises sur la réglementation en matière de contrôle des changes, les douanes pour expliquer les procédures d'accès des marchandises aux ports et la DGI pour ce qui concerne les impôts et les taxes». La clôture du forum se fera le 31 mai dans l'après-midi en présence en principe du MIPI, Mohamed Benmeradi, et de Jean-Pierre Raffarin. Mais la veille, Ubifrance organisera un dîner gala pour plus de 800 personnes sous le chapiteau du Hilton.