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Vrais-faux débats nationaux
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 13 - 06 - 2011

La commission Bensalah suspendra ses séances pour trois jours, les 14, 15 et 16 juin, pour officiellement, ainsi que l'a affirmé son porte-parole Mohamed Ali Boughazi, se consacrer «à des réunions organisationnelles». En réalité, elle a décidé de faire le «break» en raison de la tenue, aux mêmes dates, «des états généraux de la société civile» organisés par le Conseil national économique et social (CNES).
L'initiative dont a été chargé le CNES est le pendant au volet économique et social de celle qui a enfanté la commission des consultations politiques que préside Abdelkader Bensalah. Dans les deux cas, le pouvoir veut accréditer l'impression d'être à l'écoute de la société et vouloir connaître ses avis et propositions sur les problèmes en débat dans le pays.
Les assises organisées par le CNES s'annoncent comme devant avoir la participation de centaines de représentants du monde associatif, des syndicats, de personnalités qualifiées et de porte-voix de la diaspora nationale.
La philosophie de ce forum, selon Mustapha Mekidèche, vice-président du CNES, est «d'accoucher d'un nouveau contrat social». Le but est louable, mais sera-t-il atteint ? Beaucoup en doutent, au motif qu'ils ne pensent pas que le pouvoir tiendra compte de ce qui se dira ou sera proposé lors de cette rencontre.
En somme, le même préjugé que celui formulé à l'encontre de la commission des consultations politiques. Tout comme celle-ci, les «états généraux de la société civile» enregistreront de ce fait des défections parmi la liste des invités dressée par leurs organisateurs. Défections qui contribueront à jeter la suspicion au sein de l'opinion publique sur leur utilité.
Il y a incontestablement nécessité et urgence que les Algériens, pouvoir, acteurs agissants et société, se concertent et débattent sur les changements à opérer tant au plan politique qu'à celui des démarches économique et sociale. La voie choisie pour aller dans ce sens par le pouvoir, c'est le moins que l'on puisse dire, n'inspire pas grande confiance.
Ce ne sont pas en fait des débats contradictoires qu'a voulu instaurer le pouvoir. La commission des consultations politiques et les assises des «états généraux de la société civile» n'ont de finalité pour lui que celle de prendre la température des milieux représentatifs du monde politique pour la première, et de celle de la société civile en général pour les seconds. L'essentiel étant pour ce pouvoir que les deux «spectacles» qu'offrent la commission Bensalah et les «états généraux de la société civile» donnent à voir, à l'extérieur en priorité, qu'en Algérie il y aurait un dialogue pouvoir-société.
Non sans raison, des détracteurs de ce pouvoir ont gratifié ses deux initiatives du qualificatif de «diversions». Personnalité historique de premier plan et président du plus ancien parti d'opposition, le FFS, Hocine Aït Ahmed porte le même jugement sur la démarche du pouvoir, mais en ajoutant «que dans notre pays, la crise nationale continue et les propositions de réformes du chef de l'Etat sont peu crédibles et susceptibles de remédier au tsunami politique, économique et social provoqué par la décennie de sang, suivie par une décennie de prédation de grande ampleur».


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