Au Maroc, une grande déception a accompagné vendredi soir le discours du Roi sur les réformes politiques qu'il entend mener pour les prochaines années. Son projet de réformer la constitution et d'instaurer une démocratie parlementaire auront déçu. Et finalement, la monarchie marocaine ne changera pas. Ne sera pas (encore) une monarchie parlementaire. Du moins dans son essence politique, puisque le monarque a proposé 'à ses sujets'' une constitution-bis qui ne le soulage en rien de ses nombreuses responsabilités, et que le mouvement des jeunes du 20 février - un lapis-lazuli de syndicalistes, de partis politiques de gauche et d'ONG de défense des droits de l'homme - réclamait. En fait, les réformes politiques contenues dans le projet de constitution proposé par Mohammed VI aux Marocains, sur lequel ils doivent s'exprimer par référendum le 1er juillet prochain, ne sont qu'un leurre de plus. Même si certains observateurs occidentaux se sont émerveillés de ce projet de réforme de la constitution marocaine, il reste que la proposition aura été, selon le mouvement du 20 février 'indécente''. En fait, le souverain marocain conserve pratiquement tous ses pouvoirs. Certes, il y aura dorénavant un Président du gouvernement et non plus un Premier ministre, mais celui-ci, avec ses ministres et sa politique gouvernementale, ne peut bouger ou décider quoi que ce soit sans l'aval du Roi, qui nomme ses ambassadeurs, ses responsables militaires et donne son assentiment à la constitution du gouvernement, dont le Président sera issu du parti qui aura remporté les élections. On est loin des promesses de février dernier, lorsqu'un groupe de jeunes 'révoltés'' s'est constitué sur le réseau social Facebook et a mené tambour battant une campagne pour des réformes politiques profondes, une révision constitutionnelle, une nouvelle monarchie qui règne, qui ne gouverne pas. Mais également, plus de libertés publiques, plus de respects des droits de l'homme, plus de démocratie, la fin du 'Makhzen'' et une véritable monarchie constitutionnelle. La déception est grande au sein de la société civile et des partis de gauche, où des espérances s'étaient fait jour au printemps dernier lorsque le monarque avait promis des réformes politiques en profondeur face aux manifestations des jeunes du mouvement du 20 février, lui même né des événements de Tunisie et d'Egypte, un sous-produit en quelque sorte du Printemps arabe. Trois mois après, la commission nommée par le Roi pour tailler une nouvelle constitution sur mesure qui doit être adoptée par référendum, a rendu sa copie : le Printemps arabe, du moins au Maroc, 'a vécu''. Des 'réformes'' pour la consommation étrangère qui font bien dans le contexte politique actuel dans la sous-région Mena.