HSBC Algeria a lancé en mai sa première grande campagne produit en proposant de rémunérer des dépôts à 4%. Rachid Sekkak explique à cette occasion l'étape où se situe le développement de la banque qu'il dirige en Algérie. Accélération des encours crédit, positionnement prémium, et montée en puissance de la marque HSBC. Un discours optimiste qui tranche un peu avec l'ambiance de la place. « Mon augmentation de capital ? Vous rigolez. Je l'ai déjà mangé». C'est par une boutade joviale que Rachid Sekkak, le PDG de HSBC Algeria, réplique à la quasi seule réserve que l'on peut chuchoter face au long énoncé enthousiaste des plans de développement de la banque britannique active depuis août 2008 en Algérie. Avec 11,3 milliards de dinars de capital social - suite à l'obligation légale d'augmenter le capital des banques à 10 milliards de dinars - et une stratégie de banque de niche -pas plus de 08 à 10 agences à travers le pays en 2014 - HSBC Algeria serait peut-être «surcapitalisée». Pas du tout. «Les encours des crédits se sont multipliés par deux depuis le début de l'année. Le capital social d'une banque c'est sa force de frappe. Mais nous avons besoin de ressources nouvelles pour déployer notre capital. Dans le cycle de l'intermédiation financière les dépôts viennent avant les crédits». D'où la campagne de dépôt à terme rémunérée à 4% qui s'adresse à des épargnants au dessus du million de dinars de disponibilité. HSBC Algeria veut financer en priorité «l'activité industrielle qui a un potentiel de substitution à l'importation. Nous savons qu'elle aura toujours le soutien de l'Etat». Le portefeuille clients de la banque restitue déjà cette inclinaison. 60 multinationales (CIB) présentes en Algérie et 170 grosses PME nationales ou filiales étrangères en Algérie (CNB). Un partenariat en cours de lancement avec un nouvel entrant dans l'industrie de l'assurance - probablement Axa Algérie- devrait conforter encore plus les engagements de HSBC Algeria dans sa politique du crédit, «les garanties ne sont pas le plus important pour nous. La qualité du dossier d'investissement passe devant». En 2010 les engagements de HSBC Algeria équivalaient à 20 milliards de dinars sur un total bilan de 47 milliards de dinars. «Nous avons dans le groupe des exigences de ratios ressources plus fortes que la concurrence. Ce qui m'oblige à accroître la collecte pour soutenir l'expansion du crédit». Un positionnement haut de gamme exclusif La grande évolution sur les 12 prochains mois va être l'émergence du positionnement haut de gamme de HSBC Algeria. «Dès que le groupe nous en donne l'agrément, nous allons lancer la banque Premier. C'est une prestation exclusive pour la tranche la plus importante de nos clients. Elle ouvre droit à la carte de crédit internationale, au call center et au e-banking particulier». Une clientèle fortunée qui se situerait au-delà des 10 millions de dinars de dépôts. Une seconde agence a été ouverte à Hydra pour accueillir cette «clientèle de niche». Un client HSBC dans le monde qui perd tous ses documents lors de son passage à Alger touche 2000 euros sur simple confirmation de son statut Premier. C'est déjà arrivé. Et cela fonctionne dans l'autre sens. Le lancement du métier de gestion de fortunes qui accompagne cette relation client lui «attendra un petit peu le développement du marché financier». HSBC Algeria songe d'ailleurs à déposer une demande pour être intermédiaire en opérations de bourse (IOB), mais n'a encore rien engagé. La banque britannique lance également «le segment advance», celui des gros salariés, (environ 300 000 dinars mois), le plus souvent collaborateurs au sein de sa «clientèle corporate». Aux salariés plus «normaux», HSBC Algeria prépare des outils d'épargne salariale en coordination avec leurs employeurs et sous réserve de l'accord de l'autorité bancaire. Le virage banque Prémium va donc s'accélérer. Il sera matérialisé en 2011 par l'inauguration de l'agence de HSBC à Oran «1200 M2 sur deux niveaux. Du haut standing». «Oui nous faisons du trade, et nous le faisons bien» Le groupe HSBC a décidé de venir en Algérie en 2007 sur la base d'un retour aux fondamentaux : PIB, revenus à l'exportation, taux de croissance. «Les autres ne le voient pas toujours ainsi mais ces indicateurs disent clairement que l'Algérie est le pays où il faut être dans la région» explique Rachid Sekkak, qui, ancien responsable à la banque d'Algérie au début des années 90, a de furtifs éclairs ironiques dans les yeux vis-à-vis de ceux qui n'auraient pas assez cru en son pays. Tout n'a pourtant pas marché comme prévu. HSBC a signé en 2008 une retentissante convention avec la BEA pour fournir son savoir-faire et ses réseaux dans le financement des grands projets de la pétrochimie programmée par Sonatrach. L'interdiction de s'endetter à l'extérieur - décembre 2008 - pour le financement des investissements a laissé l'accord mort-né. HSBC s'est bien consolé avec le Crédit documentaire. Rachid Sekkak n'en fait pas un complexe. «Nous avons un service trade de qualité. HSBC Algeria ouvre un Credoc en moins de 24 heures. La plupart du temps avec HSBC dans le monde. De sorte que nous nous confirmons à nous-mêmes la lettre de crédit (LC). Le coût en devient plus faible. Les opérateurs l'ont compris. Ils viennent nous voir». Mais le PDG de HSBC Algeria insiste «nous voulons nous impliquer beaucoup plus dans le financement des porteurs de projets locaux qui génèrent de l'import substitution». HSBC Algeria a déjà financé pour environ 40 millions de dollars, trois projets industriels.