C'est en hommage à feu Djillali «Amarna» que l'authentique «Raïna Raï» s'est de nouveau regroupé en vue de repartir pour une nouvelle aventure. Tarik Chikhi est arrivé de Paris, Abdallah Terkmani, de Lyon grâce au concours de sa mère pour retrouver le virtuose batteur Hachemi Djellouli et le chantre Kada Ezzina. A ce quatuor fondateur du mythique groupe Raïna Raï, se sont joints quatre autres jeunes aux talents prometteurs pour relever un défi ô combien difficile, surtout lorsqu'il s'agit de reconquérir un public avide d'un raï du terroir nourri de poésie populaire. Après les retrouvailles il y a peine quelques jours et pour une première sortie du groupe mercredi dernier à la salle de spectacle de la maison de la culture «Kateb Yacine » à portes fermées, devant pratiquement 1500 spectateurs enflammés, l'on ne peut que prédire une réussite certaine. Les musiciens ont aisément livré un spectacle gratuit digne d'un concert des grands zéniths. Déjà l'on annonce un spectacle à la salle « El Mouggar» à Alger et une programmation méritée à la quatrième édition du festival du Raï de Sidi Bel-Abbès prévue pour le 2 juillet prochain, en moins d'une quinzaine de jours en attendant la confirmation de l'agenda d'une tournée qui, de prime abord, s'annonce riche et étoffée. Raïna Raï « authentique », comme on se plaît de le préciser avec des regrets et des pincements au cœur, a ouvert le bal par une chanson rythmée « Hna abbabsa», truffée de messages codés. C'est toute la symbolique étroitement liée à un sentiment inavoué d'une appartenance par le cordon ombilical à une région qui a enfanté Mostefa Ben Brahim, Ben Harrat, Abdelmoula d'abord et ensuite Djenia, Zergui, el Mkalech et bien d'autres générations de poètes et chanteurs qui se sont donnés corps et âme pour une culture chère aux autochtones. Les musiciens du groupe Raïna Raï se sont donné du plaisir à chanter le refrain «Hna oualina » (Nous sommes revenus) comme pour annoncer la couleur d'un Raïna Raï nouveau look et balayer un passé aux souvenirs entachés de discordes. Raïna Raï ou Raï Raïna, l'appellation importe peu devant une volonté d'acier de briser tous les tabous et surpasser tous les obstacles y compris ceux inhérents aux moyens matériels pour un seul et unique objectif qui est la reconquête de la célébrité d'antan, de «l'authentique » Raïna Raï. Le fait d'accepter de redémarrer les répétitions à partir d'un baraquement de fortune dans une vieille maison de jeunes à la cité « Adim Fatiha» en dit long sur le nouveau combat déjà entamé par Djellouli et consorts.