Qu'est devenue la petite CCN de Ténès ? En août dernier, Maghreb-Emergent avait raconté les espoirs de la Cartenna Construction Navale, une petite entreprise qui a décidé de relever le défi de la construction de petits bateaux malgré la faiblesse des financements. Une «galère» pensaient certains. Et pourtant, deux ans après la naissance de l'entreprise et une année après notre visite, la barque CCN tient parfaitement la mer. Ses initiateurs n'entendent pas changer de cap. Les initiateurs du projet Cartenna Construction Navale (CCN) ne se sont pas embarqués dans une galère. Leur projet dans le domaine de la construction navale commence à donner ses fruits. Et en dépit de l'absence de financements bancaires et du peu d'entrain des banques à accompagner ceux qui entreprennent, CCN a un bon carnet de commandes et un chiffre d'affaires de 100 millions de dinars. Depuis notre visite en août 2010, la CCN est même en meilleure santé. Le numéro «1' de l'entreprise, Mekkakia Abdelkader, nous accueille tout sourire dans son havre à Ténès. Il est très fier de nous dire que les propriétaires des deux premiers bateaux construits par Cartenna Construction Navale ne tarissent pas d'éloges sur la qualité de leurs embarcations. Deux années après le lancement du chantier de CCN, et la livraison de trois bateaux, deux autres embarcations, des sardiniers, ont été mises à l'eau ce dimanche dans le port de pêche de Ténès. Et livrées à leurs propriétaires. «Nous avons encore en chantier 8 autres embarcations de 14m30, des sardiniers», souligne fièrement Mekkakia, dont l'entreprise semble avoir pris la vitesse de croisière. Carnet de commandes plein «Nous avons actuellement 15 autres commandes fermes pour des bateaux de 10 mètres, et près de 120 commandes en tout en Pro forma», a-il expliqué à Maghreb Emergent. Le prix de cession d'un bateau, par rapport à ceux achetés auprès des grands constructeurs turcs, français ou espagnols et qui nécessitent des financements bancaires, est très compétitif. «Nous vendons nos produits à 9 millions de dinars environ, et avec son armement (équipements électroniques comme le radar par exemple) il revient à plus de 10 millions de dinars», assure encore Mekkakia. Pour autant, les «petits tracas» qui entravent le développement de l'entreprise existent. Actuellement, «nous fonctionnons sans financements bancaires, sur nos fonds propres et des paiements sur commandes», affirme-t-il. C'est la question des garanties exigées qui entravent le financement bancaire. «Les banques nous exigent de faire des hypothèques de terrain, alors que nous louons des hangars d'une entrepris publique pour abriter nos chantiers». Cartenna Construction Navale loue en effet des ateliers loués à la Sonaric, une entreprise nationale de construction de matériels électroménagers, installée à Sidi Akkacha, à quelque 6 kilomètres à l'Est de Ténès. Autre blocage incompréhensible, le ministère de la Pêche a refusé à CCN de s'installer sur les terrains du port de pêche de la Marsa (40 km à l'Ouest de Ténès). Ils sont «pourtant vides» souligne-t-il avec dépit. Pourtant, Mekkakia continue d'y croire. En se lançant dans l'entreprise en 2009, lui et ses associés savaient que la demande existe. Et pour cause. A Ténès, le port de pêche de la ville, mitoyen du port commercial, n'abrite actuellement que de vieux bateaux de pêche, presque tous en bois, rarement en fibre de verre. Or, la pêche à Ténès, une ville de plus de 100.000 habitants dispersés sur la ZHUN de Chaarir, le Vieux Ténès et le quartier de «La Cave», est l'une des principales activités économiques avec l'agriculture, le vignoble et les services.