«On n'a jamais frôlé le black-out», a déclaré hier matin, sur les ondes de la Radio nationale, M. Rabah Touila, directeur de la prospective et de la stratégie, en précisant que les coupures de courant dans le nord du pays ne sont pas dues à des délestages mais à des incidents sur le réseau. M. Touila a confirmé par contre que des délestages ont bien eu lieu dans le sud-est du pays et que Sonelgaz a été amenée à le faire pour préserver la pérennité du système. Il a souligné que les coupures de courant qui touchent certains quartiers sont dues, pour les deux tiers, à des agressions sur les ouvrages en raison de travaux engagés par d'autres opérateurs. «Quand un câble est touché, il faut trouver le défaut avant de le réparer et cela prend un certain temps». Il a néanmoins souligné que cette année, le pic de la hausse de la demande a atteint le niveau record de 20%, ce qui a créé une tension sur le réseau. Selon M. Touila, il y a une situation de consommation «non rationnelle» et Sonelgaz est obligée de «réguler» la consommation quand elle se trouve face à des situations de risque sur le système. La situation va revenir à la normale à partir du 15 juillet, y compris dans le sud-est du pays dans l'axe Biskra-El Oued-Touggourt où, a-t-il indiqué, 250 mégawatts supplémentaires vont être mis dans le réseau. Agressions sur les ouvrages Pour lui, la situation vécue ces derniers jours, surtout dans le sud-est du pays, est conjoncturelle. Il a affirmé que les coupures de courant sont le plus souvent dues à des agressions sur les ouvrages du fait des chantiers en cours (routes, trémies) qui affectent le réseau qui est, dans la région du nord, souvent enterré. Ceux qui ont des ouvrages à réaliser doivent s'assurer des plans au préalable, mais certains ne le font pas et touchent les câbles. «Parfois, même quand on identifie le lieu de la panne, la réparation prend du temps». Il reste que l'augmentation de la demande a été, ces derniers jours, sans précédent durant toute la décennie. Le recours au délestage qui, selon lui, n'a concerné que le sud-est du pays, «est destiné à préserver le reste du système qui est interconnecté. On réduit la consommation et on effectue un délestage tournant ; et en principe, cela ne dépasse pas une heure de coupure ». Quand la coupure dépasse une heure, c'est en général dû à un incident. Au sujet des problèmes rencontrés par la centrale de Skikda, le responsable est catégorique : cela n'a pas mis en danger le système et on n'a jamais «frôlé le black-out». Il a également souligné qu'il n'y avait pas de relâchement en matière d'effort d'investissement dans un pays où la demande en énergie électrique a augmenté de 50% entre 2005 et 2010. Sonelgaz prévoit de doubler la capacité du réseau en 2020. Sur le court terme, elle mettra une production de 1.500 MW en 2012 et construira 800 à 1.000 km de ligne. Entre 2013 et 2015, il y aura une capacité additionnelle de 2.500 MW. Les investissements de Sonelgaz sont de 4.500 milliards de dinars sur 8 ans, soit une moyenne de 4,5 milliards d'euros par an. M. Touila a souligné que les Algériens étaient en droit de profiter des bienfaits de l'électricité mais qu'ils devraient veiller à en faire un usage rationnel. Un appel à la «modération» de Yousfi Un appel relayé par le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi, qui a appelé les citoyens «à la modération et à comprendre que tous les moyens sont déployés et que toutes les entreprises de production sont mobilisées pour maintenir la production au niveau maximum». «Nous avons un certain nombre d'unités de production qui sont en maintenance. C'était prévu qu'elles soient prêtes au début de l'été. Mais nous enregistrons un retard de quelques semaines», a-t-il dit, ajoutant, que cette situation a coïncidé «malheureusement» avec la vague de chaleur et des «perturbations supplémentaires». Tout comme M. Touila, M. Yousfi a mis en exergue les difficultés liées au refus des citoyens à accepter l'installation de poteaux à haute tension sur leur terrain.