Le commerce illégal du carburant est très lucratif tout au long de la bande frontalière, aussi, de plus en plus de jeunes et moins jeunes s'adonnent à cette pratique. D'autres éléments ont fait leur apparition sur le marché, qui n'est plus une exclusivité algérienne. Son acheminement à travers les frontières se fait par le biais d'une armada de passeurs bien aguerris et ayant une connaissance parfaite des chemins empruntés. Aujourd'hui, le phénomène s'amplifie gravement, au point d'affecter toutes les wilayas frontalières d'El-Tarf au nord jusqu'à El Oued au sud, en passant naturellement par Souk Ahras. Le «champion toutes catégories» dans cette activité demeure la wilaya de Tébessa qui selon certains au fait du dossier de la contrebande du carburant, flotte sur une véritable mare d'essence et de gasoil. C'est le cas aussi de Bir El Ater, Oum Ali et El Houijbet où des stocks seraient régulièrement reconstitués dans des habitations louées à cet effet. Résultat : les stations-essence ne désemplissent plus et la tension est visible, un spectacle quasi habituel pour les usagers, il faut des heures pour s'approvisionner en essence et les cuves sont siphonnées en un temps record. Et cela, en dépit de toutes les mesures répressives prises par les autorités locales afin de juguler la saignée. Cela va du rationnement auprès des stations-service à la fermeture de certaines d'entre elles, ainsi qu'au recours à des opérations «coup de poing» menées par les services de sécurité et la mise en place d'un dispositif de contrôle sur les sentiers utilisés par les trafiquants. Rien à faire, le carburant continue à couler à flots de l'autre côté des frontières, surtout depuis le déclenchement des crises tunisienne et libyenne. Conséquence, la demande ne cesse d'augmenter, l'on ne saura peut être jamais les quantités qui transitent chaque jour, vers les pays voisins. Faire dans la contrebande des denrées alimentaires c'est tentant, mais pour beaucoup la filière du carburant reste la plus prisée au vu des dividendes qu'elle peut générer. En ce qui concerne la nouveauté dans ce marché transnational, il y a lieu de savoir qu'un jerrican de 20 litres d'essence algérienne est revendu en Libye pour l'équivalent de 3 jerricans de gasoil que les trafiquants tunisiens écoulent dans leur pays. Finalement tout le monde trouve son compte, du petit contrebandier au gros bonnet ayant pignon sur rue. D'aucuns sont persuadés que les profits sont énormes, rien qu'à observer le train de vie de quelques-uns avec demeures luxueuses et grosses bagnoles qui sillonnent les artères de la ville. Des signes de richesse douteuse dont le citoyen lambda encaisse le coup, l'air dubitatif sans trop se poser de questions.