La cérémonie d'ouverture des journées culturelles de Pologne s'est déroulée jeudi dernier dans la soirée au palais de la culture de Mansourah en présence de M. Abdelhamid Benblidia, coordinateur national auprès de la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique»; on notera toujours l'absence troublante du directeur de la culture, «suppléé» pour la circonstance par le directeur de la maison de la culture. Dans une déclaration à la presse, le Dr Jukub Slaweb, premier secrétaire auprès de l'ambassade de Pologne à Alger, qui conduisait dans ce cadre la délégation culturelle de son pays, a annoncé des projets d'investissements en Algérie dans le domaine de l'agriculture, en l'occurrence les créneaux de la laiterie et de la fromagerie. Par ailleurs, le diplomate estime que l'Occident est plus que jamais convaincu du rôle stratégique (sécuritaire) de l'Algérie au Maghreb et en Afrique du Nord. S'agissant de la culture, le premier secrétaire a souligné que son pays ne peut qu'exprimer une profonde admiration à l'égard de l'Algérie qui a organisé tour à tour trois grandes manifestations culturelles internationales, à savoir «Alger, capitale de la culture arabe (2007)», «le 2e festival panafricain (2009)» et «Tlemcen, capitale de la culture islamique» (2011). Après la visite de l'exposition, la délégation a rejoint le forum des leçons Mohammediennes qui se tient au palais de la culture sous l'égide de la zaouïa Belkaïdia. Les illustres hôtes étrangers ont été accueillis «thématiquement» par la sourat «Les appartements privés», notamment le verset 13, psalmodié par le jeune récitant Omar Kafi : «O vous les hommes, Nous vous avons créés d'un mâle et d'une femelle, Nous vous avons constitué en peuples et en tribus pour que vous vous connaissiez entre vous ». Les voies impénétrables de la programmation «mixte» ont fait que le cours de cette soirée, coïncidant avec l'ouverture officielle des journées culturelles de Pologne, soit animé par le mufti de ce pays, par ailleurs directeur du centre culturel international de Varsovie, en l'occurrence le Pr Ahmed Thomazs Miskiewicz. Dans son exposé intitulé «L'Islam et les Musulmans en Pologne entre le passé et le présent», le conférencier a retracé l'historique de l'intégration par le roi de Pologne de l'époque de l'ethnie tatare d'Asie centrale au sein de la communauté polonaise à partir du 17e siècle à la suite de la chute de l'Empire ottoman. Les nouveaux sujets musulmans, défenseurs du territoire, acquerront le statut de nobles, feront partie de la garde prétorienne et assumeront les charges de gardes-frontières. L'est du royaume verra la naissance de mosquées, d'écoles coraniques, de cimetières A ce titre et après la Première Guerre mondiale, sera créée en 1925 l'Union internationale des religions regroupant la Pologne, la Russie blanche et la Lituanie. L'UIR, dont le siège se trouve à Vilnius (capitale de la Lituanie), était présidée par le mufti Jukub Sukiewicz qui veillait aux intérêts cultuels de 35.000 Musulmans. En 1936 sera proclamée, via la Constitution, la relation de l'Etat avec les Musulmans en matière de liberté de culte (dans le sillage de l'Autriche qui légiféra en 1915 dans ce sens). Après la Deuxième-Guerre mondiale, à partir de 1939, commencera l'envoi d'étudiants vers El-Azhar (Egypte), Koufa (Irak), Médine (Arabie Saoudite), Damas (Syrie), Sarajevo (Bosnie) Nonobstant, ceux qui ont participé à la Nahda religieuse étaient des immigrants musulmans originaires de pays arabes, paradoxalement non pratiquants, dont des Algériens, fera observer le mufti. Avec l'avènement du communisme, la liberté de culte n'avait plus droit de cité. En 1944, c'est l'exil du mufti Jukub Sukiewicz aux USA où il décéda à Washington en 1966. L'apprentissage de la culture islamique se fera en arabe, avec cependant une idéologie russe. Dans ce contexte, l'année 1966 sera marquée par la destruction d'une bibliothèque (centre d'études islamiques) Aujourd'hui, et à l'occasion du mois sacré de Ramadhan, la communauté musulmane tatare organise des iftars collectifs dans les mosquées, les centres culturels, accomplit les tarawih, suit les cours religieux , selon l'homme de religion polonais, qui indiquera qu'à la faveur du 85e anniversaire de l'UIR, le président de la République de Pologne a déclaré, lors d'une réception officielle, que les Musulmans font partie intégrante de la culture polonaise.