Un véritable problème de santé publique, diront les spécialistes face à la recrudescence des tentatives de suicide. Une trentaine de cas de suicide et près de 400 tentatives ont été enregistrées depuis le début d'année à Oran. Depuis quelques années, le nombre de personnes qui mettent fin à leur vie ne cesse d'augmenter. Face à ces chiffres macabres, les spécialistes tirent la sonnette d'alarme, d'autant plus que la courbe est en constante hausse ces dernières années. Le fléau du suicide ne cesse de prendre de l'ampleur à Oran et le nombre de personnes qui tentent, pour une raison ou une autre, de mettre fin à leur existence ne cesse d'augmenter. Durant les deux mois de juin et juillet, près de 150 tentatives de suicide ont été enregistrées à Oran. Durant la même période, sept personnes ont mis fin à leurs jours. Rien que pour le mois de juillet, quatre suicides et 60 tentatives ont été recensés. Parmi ces derniers, on a relevé une vingtaine de lycéens qui ont raté leur examen du baccalauréat. L'enquête menée par les quatre membres d'un Groupe de recherche sur le suicide (CRASC), travaillant au Centre hospitalo-universitaire d'Oran autour du thème " Représentations sociales du suicide à Oran ", a concerné un échantillon de 400 patients accueillis au service des urgences médico-chirurgicales (UMC) de l'hôpital d'Oran. Les conclusions de l'enquête concernant cette question montrent que les raisons du suicide chez l'homme sont liées aux difficultés matérielles et professionnelles, alors que chez la femme, on se penche vers le côté relationnel et affectif. " C'est presque une caractéristique de représentation sociale du suicide où l'homme semble préoccupé par les problèmes matériels et la femme par les problèmes relationnels ". La représentation sociale du suicide à Oran ne diffère pas des autres régions, la plupart des interrogés sont pour l'idée que "le suicide est une fuite de la réalité" ". 50% des réponses sont d'un niveau coranique, alors que 40% ne sont d'aucun niveau. Les chercheurs déclarent que " l'interprétation coranique du suicide s'amenuise lorsque le niveau scolaire est très haut ". Souvent, la conception coranique ou religieuse n'est jamais absente. Toujours selon les résultats de l'enquête du CRASC, 25% des femmes et 26% des hommes pensent que ce sont les adultes qui se donnent la mort, contre 31% des femmes et 31,7% des hommes qui estiment que ce sont plutôt les adolescents qui mettent fin à leurs jours. Les personnes âgées de 16 à 30 ans présentent le plus gros chiffre des candidats au suicide. Le sentiment de solitude, les conditions sociales et l'incompréhension de l'entourage ont poussé ces personnes à commettre l'irréparable. Les moyens les plus employés, précise cette étude sociale, sont la pendaison et l'empoisonnement. Entre les barbituriques ou les produits caustiques, la douleur est la même. On prétend que ces deux gestes sont plus communs aux femmes. Alors que chez les hommes, c'est plutôt la pendaison ou la défénestration. Les méthodes varient, mais les raisons qui poussent les candidats au suicide vers ce crime contre soi restent les mêmes : la détresse, l'angoisse et le désespoir qui sont la cause de 20% des tentatives de suicide.