La violence contre la femme demeure parmi les préoccupations majeures des associations et des organisations féministes qui plaident pour l'élimination de toutes les formes de violence et de discrimination. A l'occasion de Journée internationale pour l'élimination de la violence contre les femmes, qui coïncide avec le 25 novembre, une campagne contre les violences faites aux femmes a été lancée à Oran et au niveau des autres wilayas sous le thème : «Violence dans le milieu familial». Initiées par l'Association féminine pour l'épanouissement de la personne et l'exercice de citoyenneté (Afepec), basée à Oran, en partenariat avec l'ONG «Solidarité internationale», cette action prendra fin le 10 décembre. Des journées de sensibilisation seront organisées au niveau des lycées et des cités universitaires par les initiateurs de cette action en collaboration avec d'autres associations. Il est également prévu la projection de films traitant de la violence à l'encontre des femmes, comme «Khti» (Ma soeur) du jeune réalisateur algérien Yanis Koussim, primé dans différents festivals internationaux. Des milliers de femmes souffrent en silence, gardant le secret de la violence qu'elles subissent et n'osent pas le dire même à leurs proches et à leurs amies. Dans la plupart des cas, ce silence s'explique par une certaine mentalité et les coutumes qui sont des obstacles majeurs les empêchant de se plaindre. Le code de procédure pénale prévoit des sanctions sévères en cas de violences avérées ( ). Mais le problème se situe au niveau de la victime même qui n'ose pas déposer plainte à cause des traditions. L'information judiciaire ne peut être déclenchée par le procureur de la République qu'une fois la plainte déposée. Même une fois engagées, elles sont nombreuses à retirer leurs plaintes. 80% des plaintes déposées par les victimes de violences conjugales sont retirées après 24 heures. 78% des certificats délivrés au niveau des services de médecine légale ne sont pas utilisés par les victimes. Dans la plus grande majorité, les agresseurs sont des hommes. Les femmes subissent des violences physiques, les coups en premier lieu, des violences psychologiques et sexuelles. Le cadre conjugal est toujours le plus incriminé. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, plus de deux femmes sur trois acceptent qu'un mari batte sa femme, selon les résultats de la troisième enquête nationale à indicateurs multiples (MICS3) pour la période 2006-2009 réalisée par le ministère de la Santé en collaboration avec d'autres organismes. Ces chiffres ne renvoient pas l'ampleur du drame dans une société qui impose la loi du silence. Le simple fait d'aller dénoncer son conjoint fait perdre à la femme son foyer avec le risque de se retrouver à la rue avec les enfants. Selon les sociologues, cette violence trouve son origine dans la situation économique, le chômage, la crise du logement, le retard de l'âge de mariage et bien d'autres aspects. Les femmes mariées et divorcées sont plus exposées à la violence. Une étude faite par l'Association féminine pour l'épanouissement de la personne et l'exercice de la citoyenneté (AFEPEC) d'Oran dans le cadre du projet «ONG2» a révélé que la violence la plus fréquente en Algérie est la violence conjugale. Selon une psychologue, «les violences les plus fréquentes se produisent dans les foyers conjugaux», précisant que «cette violence n'est pas liée à la culture dans laquelle baigne le couple mais celle de l'homme dominant». Par ailleurs, la violence conjugale a des effets sérieux sur tous les membres de la famille, dans l'immédiat comme à long terme. Les enfants vivant dans un milieu où sévit la violence sont généralement présents lors des scènes, parfois eux-mêmes battus ou menacés. Selon des études psychologiques, l'équilibre émotif de ces enfants et leur santé physique sont mis en péril par les scènes de violence et une atmosphère tendue qui règne à la maison, les sentiments d'insécurité, de vulnérabilité, de culpabilité, les troubles de comportement, les difficultés scolaires, les répercussions somatiques sont omniprésents.