Des centaines de travailleurs de la zone industrielle de Rouiba et de Reghaïa ont pris d'assaut, hier matin, le siège de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) pour dénoncer leurs conditions de travail mais aussi pour réclamer la «réintégration de tous les travailleurs licenciés abusivement». Etaient également présents des travailleurs d'autres régions du pays, à l'image de ceux du complexe sidérurgique d'El-Hadjar, avons-nous appris de certains syndicalistes. «Retraités et SGP, bara», «Cadre dirigeant à la retraite dégage», «Place aux jeunes», «Halte aux licenciements abusifs» ou encore «Qui bafoue les lois ? » sont quelques slogans que l'on pouvait lire sur des banderoles accrochées tout autour de l'esplanade du siège de l'UGTA. Des travailleurs que nous avons rencontrés sur place n'ont pas caché leur colère devant ce qu'ils qualifient «d'injustice». C'est le cas de ceux de REELEC, une entreprise de réalisation électrique, dont 5 travailleurs ont été licenciés et 33 autres suspendus à cause de leurs activités syndicales, ont soutenu des travailleurs. L'un des travailleurs licenciés que nous avons rencontré à la centrale syndicale affirme qu'il a été mis à la porte tout simplement parce qu'il a observé, avec d'autres, un rassemblement d'une heure à l'intérieur de la société qui l'emploie, sise à Baba Hassan, à Alger. Malgré une promesse de réintégration dûment signée le 13 novembre dernier par les responsables de cette société, après une réunion avec le syndicat, les travailleurs n'ont pas encore repris leur travail. Les travailleurs de TRANSOLB, une entreprise spécialisée dans la récupération des métaux notamment, sont venus également réclamer leurs droits et dénoncer ce qu'ils qualifient à leur tour de «licenciements abusifs». 22 travailleurs ont été licenciés pour avoir observé un rassemblement de protestation d'une heure le 18 juillet 2011, attestent des syndicalistes. Cinq d'entre eux passeront devant la justice aujourd'hui après une plainte déposée par le PDG de l'entreprise. Ce dernier, affirme les travailleurs, est un retraité de 65 ans, qui a vu son contrat renouvelé de 6 années par la SGP. Les contestataires réclament purement et simplement le départ du PDG, le départ du comité de participation de l'entreprise et exigent la création d'une section syndicale, conformément à la loi. En fait, hier, chaque travailleur rencontré avait une histoire ou une injustice à raconter. Salah Djenouhat, le secrétaire national chargé de l'organique au sein de l'UGTA et s'exprimant au nom de l'Union de wilaya d'Alger dont il est SG également, a résumé les problèmes des travailleurs en trois points. Il s'agit, selon lui, des «libertés syndicales qui sont bafouées», de «la réintégration des travailleurs licenciés» et, enfin, «du départ des cadres retraités maintenus à leurs postes». Djenouhat soutient même que les SGP donnent des informations erronées aux différents ministères, ce qui les induit en erreur en prenant des décisions qui vont à contre-courant des intérêts des travailleurs. Le patron de la centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi Saïd, n'a pas également caché son «désappointement» face aux «agissements» des SGP et des responsables de certaines entreprises. «Nous avons tout fait pour convaincre le gouvernement de réhabiliter le secteur public et voilà que des gestionnaires veulent casser cette dynamique», a-t-il déclaré devant la délégation des travailleurs. Sidi Saïd s'est interrogé même s'il n'y a pas une volonté de pousser les travailleurs dans la rue pour casser les réformes politiques. «C'est inacceptable», tonne le patron de l'UGTA qui souligne que la centrale syndicale est solidaire avec les revendications des travailleurs. A noter qu'une délégation des travailleurs a été reçue par Sidi Saïd, en présence de Salah Djenouhat ainsi que de la presse nationale. Au terme des discussions, une délégation représentant les travailleurs et l'UGTA devait se réunir, hier, avec le secrétaire général du ministère de l'Industrie. Un comité de travail sera également mis en place pour discuter directement des problèmes des travailleurs avec le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale ainsi que celui de l'Industrie. Les travailleurs contestataires donnent, par ailleurs, un délai de 10 jours aux différents responsables afin de trouver des solutions à leurs problèmes. Le porte-parole des travailleurs et secrétaire général de l'Union locale de l'UGTA de Rouiba, Mokdad Messaoudi, a déclaré, hier, que passer ce délai, «le match retour se jouera à Rouiba et nous gagnerons la partie». En termes plus clairs, les travailleurs menacent de paralyser la zone industrielle de Rouiba et celle Reghaïa. A noter que la marche prévue en direction des ministères de l'Industrie et du Travail n'a pas eu lieu.