Suite et fin La présence hautement protocolaire et particulièrement remarquée des leaders et dirigeants des plus grandes puissances occidentales (Etats-Unis, France, Allemagne, Chine, Fédération de Russie, etc.) au Sommet de Copenhague est, nous semble-t-il, fort significatif; donc à méditer sérieusement, par les Pays du Sud. Ajoutez à cela, la précampagne à l'avant-dernière présidentielle américaine où la thématique du Réchauffement Climatique Global a, en utilisant des artifices, exposés et scénarios dignes d'Hollywood, dominé particulièrement en débordant même sur certains hémicycles de représentation nationale de grandes puissances économiques et politiques d'Occident. Il est peut être temps aujourd'hui, après des années de tergiversations stériles, de porter plus la contradiction féconde à l'émergence de nouveaux rapports internationaux Nord-sud favorables au développement durable et à la lutte contre la pauvreté que de se suffire à offrir complaisamment son écoute, sa voix et, peut être aussi, sa bénédiction à un discours fabriqué dans quelques officines douteuses et nostalgiques du Nord en ancien centre du monde. Il y a deux ans, la conférence de Copenhague avait cristallisé tous les espoirs avant d'accoucher à la dernière minute d'un accord à minima fixant comme objectif de limiter le réchauffement à 2°, mais sans calendrier et en restant évasive sur les moyens à mettre en œuvre, entre autres, celles concernant la constitution du Fond-vert. Bien après le sommet de Cancun en 2010 et celui, tout récent, de Durban en 2011, on n'a pas avancé d'un Iota, bien que les atteintes sur l'environnement, sur l'érosion de la biodiversité, et sur l'aggravation du niveau de paupérisation des Pays du Sud s'accentuent jour après jour ! LE CONSTAT SUR L'AZOTE, QUATRIEME METABOLITE ESSENTIEL, AVEC L'OXYGENE, L'HYDROGENE ET LE CARBONE, A L'ORIGINE DE LA SYNTHESE PROTEIQUE DE TOUT CORPS VIVANT. Tenter, à l'adresse du plus large public, de faire le plus simple pour expliquer le rôle particulièrement fondateur de la vie sur terre de ce quatrième élément naturel qu'est l'Azote, suffirait à faire relever qu'en son absence, il ne pourrait se métaboliser, ni se créer par une quelconque voie biologique ni de protéines, ni de composé protidique, ni d'acides aminés. Ce qui ferait de cet atome le facteur limitant, à priori, de toute multiplication et synthèse des nombreux et divers tissus cellulaires vivants relevant des règnes végétal ou animal. La matière vivante ne peut se réaliser avec, seulement, des hydrates de carbone de type glucidique ou lipidique, il faudrait nécessairement la présence et le rôle prépondérant car métabolique de l'Azote. L'Azote reste de loin l'élément majoritaire (78 % sous forme de diazote : N2) de l'ensemble des gaz composant l'enveloppe atmosphérique de notre planète bien avant l'Oxygène (presque 21 %, sous forme de dioxygène : O2) et le gaz carbonique (représentant 0,0038 % sous forme de CO2) qui se rajoute aux autres gaz rares (Néon : Ne; Hélium : He; Monoxyde d'azote : NO; Krypton : Kr; Méthane : CH4 : Dihydrogène : H2; Protoxyde d'azote : N2O; Xénon : Xe; Dioxyde d'azote : N02; Ozone : 03) pour constituer le 1 % restant. Malgré sa profusion dans l'atmosphère et, donc, à l'interface de la Terre, l'Azote reste surtout, pour nous autres humains, un élément rare, précieux et souvent fort contraignant parmi les constituants de base nécessaires à toute synthèse biologique du fait essentiellement que les formes de vie, végétale ou animale, supérieure ne peuvent l'assimiler directement à partir de l'air. Seules, certaines formes de vie simple représentées par des bactéries ou d'autres microorganismes unicellulaires du sol, ont cette capacité à le prélever, à le bio-synthétiser pour leurs propres besoins et ainsi à l'intégrer, grâce à des relations symbiotiques avec certains végétaux, au capital et potentiel fertilisant et productif des sols de la planète. D'une manière générale, nos plantes vertes, organismes particulièrement stratégiques car bien en amont de la chaîne alimentaire de l'écosystème terrestre global, assimilent l'Oxygène et le Carbone de l'air pour synthétiser la matière vivante grâce à l'énergie solaire par les mécanismes de la photosynthèse mais ne peuvent, par leurs propres capacités et aptitudes intrinsèques, ni à accéder, ni à puiser de cet immense stock d'azote qui les recouvre pourtant si généreusement. Quelle grande et si singulière contradiction qui ne peut, en toute logique, se soustraire à d'évidentes interrogations pour les chercheurs biologistes et autres, n'est-ce pas ! La constatation par l'homme moderne, de ce chaînon manquant et de ce véritable frein à toute possibilité d'augmentation arithmétique des productions végétales pour le marché de l'alimentation humaine ou en préalable de besoins des élevages et productions animales, va l'engager à rechercher d'autres voies permettant le dépassement du facteur-limitant azote, quittes à se transformer en véritable apprenti-sorcier Depuis le milieu du siècle dernier, un nouveau marché est né, qui promettait de bouleverser les rendements et les productions en révolutionnant les anciennes formules de fumures naturelles par la synthèse chimique et industrielle des composés nitrifiés. Bientôt ce véritable lobby de l'agrochimie devient, par gourmandise encore onéreusement intéressée, incontournable en promettant, aux agriculteurs et aux politiques, la révolution verte et la fin du spectre de la faim sur terre, en étendant ses activités et en les diversifier davantage vers la production des insecticides, des pesticides, des désherbants chimiques et de bien autres intrants chimiques. Miracle de productions fortement compétitives de plusieurs décennies, certes. Mais à quel prix Un véritable désastre et sinistre écologique suivi par une énorme facture environnementale à faire payer par des générations suivies d'humains en termes de pollutions et de contamination du milieu naturel, y compris, des nappes phréatiques, rivières, milieux aquatiques, biodiversité, sols, etc Plus de 75 % des fertilisants chimiques nitratés migrent, par les sols, vers les nappes phréatiques, les cours d'eau et rivières qu'ils contamineront durablement. Et la quasi-totalité des composés industriels biocides infesteront le milieu naturel en affectant progressivement la chaîne alimentaire globale, entre autres les humains, par les processus de bioaccumulation et de transferts inter-espèces. A l'aube de ce 21ème siècle, par excellence celui de la technologie, de la diffusion quasi-démocratique de l'information et des sciences et malgré l'amélioration des conditions de vie et d'hygiène enregistrées dans l'ensemble ou presque des sociétés et pays du monde, que remarquons-nous au titre de l'état sanitaire des populations : une fréquence toujours croissante des pathologies lourdes liées à un déséquilibre alimentaire et environnemental où obésité, hypertension, diabète, Alzheimer, cancers des organes et voies digestives, déficiences immunitaires, etc. s'imposent à des populations de tout âge et dans des proportions de plus en plus alarmantes. Quels sont les agents responsables de ce marasme général et si insidieux ? Et malgré les différents acquis sociaux et la large démocratisation des couvertures médicale et hygiénique des populations du monde, nous avons enregistré ces deux dernières décennies l'apparition de pathologies nouvelles et si étonnantes car disposant de la faculté de traverser la barrière des espèces (cas de la maladie de la Vache folle; de la Grippe Aviaire ou Porcine, ). Est-ce une simple coïncidence biologique ou bien, sommes-nous devenus aujourd'hui les otages d'un processus de mutation sous les effets conjugués de la transformation des modes et produits alimentaires ainsi que par les différentes atteintes des caractères biologiquement fondateurs de notre environnement ? Manger des tomates, des poivrons en décembre, c'est peut être chic mais ce n'est pas sûr que ce soit si sain ! Quand on cultive sous conditions contrôlées et sous serres, tout élément vivant évolue et se multiplie très vite Et la tomate, et les parasites qui lui sont associés. Il n'y à pas de miracle comme au Jardin d'Eden ! Et il faudrait souvent une artillerie de produits chimiques pour sauver l'un et limiter la progression de l'autre. Et vous êtes-vous demandé ou finissaient ces produits chimiques toxiques : dans les sols, dans les nappes phréatiques, le long des ruisseaux et rivières, dans la mer, enfin au sein de l'ensemble des ressources naturelles. Et tels des animaux incultes, dont réfèrent les paraboles de textes sacrés, nous sommes semblables aujourd'hui à ces ânes qui portent sur leur dos des livres, des ouvrages et patrimoines dont ils n'ont plus accès. Nous sommes devenus, en effet, orphelins de notre héritage et savoir ancestral, autant, qu'il est vrai, que nous n'avons plus de grand-mères pour faire sécher l'été tomates et poivrons en colliers afin de les réserver à la consommation l'hiver et c'est peut être pour cela que nous ne buvons plus l'eau de nos puits car déjà corrompue par tant de contaminants. Le marché des eaux dans le monde, alors inexistant il y à 50 ans, est en pleine expansion et se chiffre aujourd'hui en plusieurs centaines de milliards de $. Et, pourtant, le poète nous avait bien prévenu à travers Antoine de Saint Exupéry qui a eu l'opportune révélation au Sahara de ce si beau texte qu'est le Petit Prince : « Eau, tu n'as ni goût; ni couleur, ni arôme. On ne peut pas te définir, on te goûte sans te connaître. Tu n'es pas nécessaire à la vie Mais tu es la Vie ! Même le lait, cet aliment mythique, chargé de tant de symboliques et sacralisé par l'ensemble des textes monothéistes. Cet unique aliment naturel que la femme et nos mères produisent de leur corps est aujourd'hui objet de manipulations. Ce produit hautement nourricier, complet et sain qui garantit croissance, développement et équilibre à l'organisme se trouve de nos jours objet de grandes transformations et maquillages pour des enjeux de déploiements du grand marketing et des spéculations commerciales. Dans sa transformation industrielle et habillage commerciaux nécessaires à son bon marketing, on y privilégie le rajout de plus en plus excessif de sucre, de colorants et d'arômes chimiques qui contribuent plus à le contaminer et à le polluer par ce travestissement qu'à le conditionner fidèlement dans ses caractères nutritifs intrinsèques ? En conclusion et d'une manière pratique quand une maman ou un père force ses enfants à consommer davantage les produits et dérivés du lait sensé nécessaire à leur bonne croissance, elle ou il ne pense candidement pas, l'ombre d'un instant, qu'ils participent de fait dans la contamination lente, imperceptible et insidieuse de leurs propres enfants ! Les chercheurs, les spécialistes, les nutritionnistes, les écotoxicologues, les enseignants et les médiateurs et communicants qui ont accès à ce type d'informations auront tord de ne pas en parler. Ils sont, par leurs qualités et vocations, les sentinelles naturelles de protection de leur population et les éclaireurs avisés de leur société. Celui qui sait a le devoir naturel et humain de ne pas se taire Mais, plutôt, de communiquer et d'informer.ong de la chaîne alimentaire biologique et donc, d'une manière durable, dans notre environnement... Je ne pourrai terminer cette analyse sans citer un collègue juriste, le professeur Abdelhafidh OSSOUKINE qui, d'une manière si séduisante dans son ouvrage universitaire, consacré à un essai sur la dimension du Droit dans les différents actes de l'allaitement maternel, relate, en page 6, ce que enseigne, par rapport à notre présent propos, Le Coran (47;15): « Mohammad; voici la description du Paradis qui a été promis aux pieux : Il y aura des ruisseaux d'une eau jamais malodorante, et des ruisseaux d'un lait au goût inaltérable, et des ruisseaux d'un vin délicieux à boire ainsi que des ruisseaux d'un miel purifié. Et il y à pour eux, des fruits de toutes sortes ainsi qu'un pardon de la part de leur Seigneur ». Pourquoi l'Agriculture biologique est-elle devenue aujourd'hui, une revendication des sociétés civiles démocratiques ? L'agriculture biologique s'est rapidement étendue ces dernières années dans le monde entier: elle est pratiquée dans plus de 120 pays, sans compter les cultures biologiques non labellisées; d'après une étude, réalisée en 2009, plus de 31 millions d'hectares sont cultivés suivant les règles de l'agriculture biologique, par plus de 623 000 exploitations dans le monde; les ventes mondiales de produits biologiques ont atteint 27,8 milliards USD. Ceux sont l'Europe et l'Amérique du Nord qui représentent à elles deux 96% des revenus mondiaux. Répartition du chiffre mondial de la production biologique : Amérique du Nord : 46,8 % Europe : 49, 3% Reste du monde : 3,9% Cette répartition révèle en premier que c'est dans les pays dits riches ou développés que l'agriculture biologique s'est développée pour constituer aujourd'hui un véritable marché avec lequel, les Pays du Sud devraient compter et, pourquoi pas, viser potentiellement et compétitivement une part. Ce nouveau marché, né dès les années 80, est conséquent au développement du mouvement écologique dans les pays occidentaux après la prise de conscience citoyenne des dangers et atteintes sanitaires et environnementales des intrants chimiques (engrais, désherbants, insecticides, fongicides, et autres produits phytosanitaires) de l'agriculture intensive dite moderne. Après la révolution industrielle et la mécanisation machiniste de l'agriculture occidentale ont été introduites des techniques culturales intensives avec une utilisation toujours croissante d'engrais chimiques et de produits phytosanitaires pour accroître, et accroître davantage, les rendements agricoles. Les règles de rentabilité du marché par l'accroissement de la productivité sous doping de l'industrie chimique primaient sur les aspects éthiques, moraux, environnementaux ou encore sanitaires. Cinquante ans après les grands succès de l'agriculture intensive moderne commençaient à apparaître les fissures et disgrâces de ce système pseudo-compétitif soutenus essentiellement par les lobbys de l'industrie agrochimique et des phytosanitaires. L'exemple de la pollution par les nitrates des nappes phréatiques, des cours d'eau et rivières européennes reste éloquent en la matière. Quelques décennies seulement de déversement de plus en plus importants d'engrais azotés pour booster les productions agricoles ont suffit pour contaminer et détériorer durablement certaines ressources naturelles telles les nappes superficielles, les cours d'eau, les rivières et la biodiversité naturelle qu'ils comportaient. Ce n'est pas par hasard, en effet, si c'est dans ces pays que la prise de conscience écologique et citoyenne est apparue il y à une trentaine d'années. Et ce n'est pas par hasard, non plus, que les partis écologistes ont acquis progressivement de grands succès électoraux jusqu'à devenir la troisième formation politique aujourd'hui, et pourquoi pas, et peut être si prochainement, la deuxième force politique dans les plus grandes démocraties européennes. *Professeur habilité en direction de recherches, Faculté des Sciences, Université d'Oran