Le recyclage et la dépollution des eaux s'avèrent une nécessité "impérieuse" en Algérie, ont affirmé, mercredi à Alger, les participants aux 2e Journées internationales de toxicologie. L'Algérie traite 357 millions de m3 (mètres cubes) d'eaux usées dans 105 stations de traitement en exploitation ou en réalisation et projette d'en recycler 600 millions de m3 d'ici 2010 pour les destiner à l'irrigation, a indiqué le Pr. Abtroun, lors de cette rencontre de deux jours qui traite des thèmes de la qualité des eaux naturelles, le stress oxydant et les pesticides. Evoquant la qualité physico-chimique et biologique des nappes phréatiques, elle a relevé que "44% de ces nappes seraient de bonne qualité, 44% de qualité satisfaisante et 12% de qualité médiocre”, citant les statistiques de l'Organisation mondiale de l'alimentation (FAO). Soulignant que la disponibilité de l'eau potable constitue un des "principaux enjeux que l'homme aura à affronter au 21e siècle", Mme Abtroun a indiqué que "l'activité humaine, domestique ou industrielle demeure "pourvoyeuse de pollution organique et physico-chimique intrinsèque". Se basant sur les prévisions de l'Agence nationale des changements climatiques elle a précisé que "les ressources en eau en Algérie atteindront leur limite en 2025 si rien n'est entrepris, notamment dans les régions des Hauts plateaux et les steppes". Elle a ajouté qu'avec le développement de l'agriculture qui a entraîné l'utilisation d'engrais et pesticides, la pollution des nappes n'est pas seulement biologique mais aussi chimique, la plupart des cours d'eau, a-t-elle ajouté, étant pollués comme la Tafna, le Chélif et le Seybousse. Le Pr. Abtroun a estimé que la "pérennisation des réserves hydriques passe par l'utilisation rationnelle et surtout par le recyclage des eaux usées pour leur réutilisation et aussi par la préservation de la pollution chimique et biologique des ressources hydriques par un usage raisonné des produits polluants tels que les pesticides et les engrais". De son côté, le Pr. Paul Lafargue (France) s'est demandé dans sa communication sur "la vulnérabilité des ressources en eau", s'il est possible de continuer à garantir aux générations futures la préservation des ressources dans un monde où les pollutions de toute nature apparaissent de plus en plus comme des "menaces réelles". Il a précisé que les agents biologiques, les bactéries, les toxines et les virus sont autant de facteurs contaminant l'eau, relevant que les processus de purification comme la chloration peut éliminer les germes pathogènes. Le Pr. Lafargue a cité l'exemple des Etats-Unis d'Amérique où la chloration normale est de 2mg/litre en sortie de réservoir alors que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) préconise 5mg/litre. "Ces taux sont à l'origine d'une étude très controversée qui rapporte que la consommation de cette eau serait à l'origine de cancers de la vessie, de l'estomac et responsable de fausses couches", a-t-il dit. Il a ajouté que l'ozonisation de l'eau destinée à la consommation est recommandée, soulignant toutefois que l'opération est "plus coûteuse". Les thèmes se rapportant au stress oxydant et aux pesticides seront abordés jeudi, lors de la deuxième journée de cette rencontre.