La situation en Syrie empire de jour en jour, avec l'explosion hier mercredi, d'une voiture piégée à Homs, bastion de l'opposition au régime du président Bachar al Assad, alors que sur le front diplomatique on assiste à une offensive sino-russe contre les pays occidentaux qui veulent un départ immédiat de l'actuel régime, à qui on impute la mort de plus de 5.000 personnes. Selon la télévision syrienne, un groupe terroriste a fait exploser hier une voiture piégée à Homs, dans le centre de la Syrie, tuant et blessant plusieurs personnes dont des civils et des membres des forces de sécurité. Selon des correspondants de presse, il y aurait plusieurs morts parmi les civils dans cet attentat à la voiture piégée, le troisième depuis le début de la crise syrienne. Les autorités affirment «pourchasser les groupes terroristes» à Homs en les accusant d'être à l'origine des violences. Mais les militants syriens affirment que c'est l'armée qui poursuit un assaut sanglant sur la ville pour étouffer la révolte. La télévision a fait état, en outre, de l'explosion hier d' «un certain nombre de charges, dans le quartier de Baba Amr, faisant des morts parmi les civils et les forces de l'ordre». A Idleb, toujours selon la télévision, «un groupe terroriste armé a attaqué un bâtiment de recrues militaires et les autorités y ont fait face, tuant un certain nombre de terroristes». Au moins cinquante personnes ont été tuées hier dans un nouvel assaut lancé sur Homs, pilonné pour la cinquième journée consécutive, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), basé en Grande-Bretagne. Par ailleurs, le front diplomatique s'est brusquement réveillé ces derniers jours avec une offensive sans pareille de la Russie et de la Chine contre les pays occidentaux qui veulent le départ immédiat du régime de Bachar el Assad. Comme au bon vieux temps de la guerre froide entre l'Est et l'Ouest, Moscou et Pékin se sont mis sur la même longueur d'ondes pour fustiger la position irréfléchie des pays occidentaux à vouloir organiser, coûte que coûte, la chute d'un régime déjà isolé sur la scène arabe. Le Premier ministre Vladimir Poutine a martelé ainsi hier que la Russie n'accepterait aucune forme d'ingérence en Syrie, appelant les Occidentaux et la Ligue arabe «à ne pas se comporter comme un éléphant dans un magasin de porcelaine» en Syrie. «Nous condamnons évidemment toute forme de violence d'où qu'elle vienne. Mais il ne faut pas se comporter comme un éléphant dans un magasin de porcelaine», a déclaré M. Poutine à la presse russe. «Il faut laisser les Syriens décider eux-mêmes de leur sort», a-t-il encore insisté, avant de préciser que le peuple syrien devait décider lui-même de son sort. En outre, le chef de la diplomatie russe Serguei Lavrov a ajouté, au lendemain d'une visite à Damas, que le sort du président syrien Bachar al-Assad doit être réglé par «les Syriens eux-mêmes», à l'issue de négociations entre le pouvoir et l'opposition. «Toute conclusion du dialogue national doit être le résultat d'un accord entre les Syriens eux-mêmes, acceptable par tous les Syriens», critiquant au passage le rappel d'ambassadeurs de Syrie jugeant que cette mesure était «illogique» et ne contribuait pas à la mise en oeuvre de l'initiative de la Ligue arabe. «Nous ne comprenons pas cette logique», a déclaré le ministre, au cours d'une conférence de presse. «Je ne pense pas que le rappel d'ambassadeurs crée des conditions favorables pour la mise en oeuvre de l'initiative de la Ligue arabe». Pour Pékin, par contre, les accusations britanniques selon lesquelles la Chine aurait «abandonné» le peuple syrien sont «irresponsables», affirme un porte-parole de la diplomatie chinoise. «L'action de la Chine est juste et équitable et toutes les tentatives pour instiller des désaccords dans les relations sino-arabes seront vaines», a déclaré Liu Weimin, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague, a accusé la Russie et la Chine d'avoir «abandonné» le peuple syrien en opposant samedi leur veto au Conseil de sécurité de l'ONU, à un projet de résolution condamnant la répression sanglante en Syrie. «La Russie et la Chine avaient un choix simple aujourd'hui : celui de soutenir ou non le peuple syrien et la Ligue arabe. Ils ont décidé de ne pas le faire, et à la place de se mettre du côté du régime syrien et de sa répression brutale», avait déploré M. Hague. Ces propos sont «extrêmement irresponsables», a jugé M. Liu. «La Chine est l'amie du peuple syrien dans son ensemble». Et, si la Turquie travaille pour une conférence internationale sur la Syrie, les six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG ) ont reporté à dimanche, une réunion sur la crise syrienne, après avoir décidé d'expulser les ambassadeurs de Syrie et de rappeler les leurs en poste à Damas, pour protester contre l'intensification, par le régime, de la répression de la révolte en Syrie.