Les entreprises allemandes veulent investir dans plusieurs secteurs d'activités, mais attendent une "vision claire" de la part de l'Algérie, affirme le directeur général de la chambre algéro-allemande de commerce et d'industrie (AHK Algérie). Dans cet entretien, le Dr. Christoph J. Partsch parle du projet Desertec, d'autres projets en cours et des possibilités qui s'offrent à la coopération entre les deux pays. De plus en plus de pays européens dont l'Allemagne s'intéressent au marché algérien. Comment voyez-vous la coopération entre les deux pays ? Nous avons été fondés en 2005. Nous comptons 750 adhérents dont 250 sociétés allemandes et 500 sociétés algériennes. Nous travaillons très bien avec la chambre algérienne de commerce et d'industrie (CACI), avec qui nous avons une coopération très étroite. Nous espérons que les relations entre l'Algérie et l'Allemagne puissent se renforcer davantage et devenir plus étroites vu les grandes potentialités de votre pays. L'Algérie exporte plus que l'Allemagne n'exporte vers l'Algérie. Le volume des exportations algériennes vers l'Allemagne, essentiellement des hydrocarbures, a été estimé à 4,5 milliards d'euros en 2011. Tandis que les exportations de l'Allemagne vers l'Algérie sont légèrement inférieures. Le taux de croissance des exportations allemandes vers l'Algérie est de 7,9% en 2011. Y a-t-il de grands projets en vue pour renforcer les relations économiques entre l'Algérie et l'Allemagne ? De grands projets sont en négociations entre Daimler Benz et l'Algérie pour la construction d'automobiles surtout les camions. D'autres grands projets, et cette fois-ci dans les énergies renouvelables, sont également en discussion. Sans oublier la formation pour laquelle, en tant que chambre de commerce, nous avons tracé tout un processus afin d'apporter assistance dans la réalisation de projets phares en Algérie. Il est prévu, aussi, la création d'une entreprise pour la production de panneaux photovoltaïques. La construction d'une 2ème usine est même envisageable dans le seul but de développer ce créneau. Cependant, pour réaliser des projets dans d'autres secteurs d'activités, il faudrait que l'Algérie présente une vision claire sur ce qu'elle attend de l'Allemagne et dans quel domaine elle souhaite coopérer. Le choix sur les possibilités de coopération est très important surtout dans le monde des énergies renouvelables. Nous pouvons intervenir dans la construction des barrages, la réalisation d'usines d'assainissement de l'eau, le traitement des déchets, le traitement de l'eau. Des négociations et des coopérations sont possibles dans presque tous les domaines. Nous allons rendre visite à l'usine de Knauf Plâtres qui est un bon exemple de coopération. C'est une grande entreprise qui dispose d'un centre de formation à Oran. Elle compte un millier d'employés, tous des Algériens à l'exception d'un seul d'origine allemande. L'entreprise est gérée par des Algériens. Elle s'est même lancée dans l'exportation du plâtre. Quel rôle joue GIZ, ex-GTZ ? La GIZ est installée en Algérie. Elle intervient surtout dans le développement des structures gouvernementales. Elle n'intervient pas dans l'industrie ni dans le commerce. Comme la AHK soutient les entrepreneurs et les industries, la GIZ mène un travail plutôt du côté gouvernemental. Notre travail est donc complémentaire. Elle est plutôt du côté du gouvernement, et nous sommes du côté des hommes d'affaires. Dès le début, l'Algérie a montré sa réticence pour le projet Desertec. La situation a-t-elle évolué depuis ? Où en sont les négociations entre les deux pays à ce sujet ? Au début, il y avait une réticence du côté algérien parce que le projet a été mal expliqué par ses fondateurs. Mais à partir du moment où nous avons mieux formulé et mieux expliqué le projet, l'Algérie a compris que Desertec est un projet prometteur. Sonelgaz a conclu, le 8 décembre 2011, un mémorandum d'entente dans le domaine des énergies renouvelables avec l'entreprise allemande Desertec initiative (Dii). Maintenant, l'idée reste à approfondir. C'est la chambre de commerce algéro-allemande qui est le point focal de Desertec en Algérie. Nous représentons l'initiative qui connaît un succès auprès des pays du Maghreb. Le projet est, donc, sur les bons rails, et nous pouvons faire des efforts pour accélérer le train. La prochaine étape sera de faire des projets ensemble pour la production des énergies renouvelables. L'Allemagne à l'instar de certains pays européens a interdit l'exploitation du gaz de schiste. Comment expliquez-vous ce débat controversé sur cette énergie ? Le gaz de schiste n'est pas une énergie durable. Il va porter un important préjudice à l'environnement. Il faudra introduire cette destruction dans le coût de production pour avoir le coût réel. Nous, en Europe, nous avons compris que travailler ensemble est la meilleure manière d'arriver à un bien-être des peuples. L'expertise américaine voit les choses différemment. A mon avis, le gaz de schiste n'est pas durable. Il donne de l'énergie pour dix ans, et laisse ensuite un désert derrière lui. Nous avons vécu cette expérience en Allemagne avec le charbon brun, ce qui a fait un désert d'une partie en Allemagne. Maintenant, il faut investir beaucoup d'argent pour redonner vie à cette zone à exploiter et à cultiver à nouveau. Malheureusement, ceux qui ont été responsables de ces dégâts ne payent pas les frais de réparation. Alors dites à ceux qui veulent faire du gaz de schiste qu'ils mettent des prévisions pas seulement pour l'exploitation mais aussi pour cultiver les zones exploitées afin d'assurer que l'eau ne sera pas polluée. Il faut peser le pour et le contre avant de se lancer dans le développement du shale.