Le crédit d'investissement pour les PME en Algérie continue de subir le poids de la démarche administrative de la banque «traditionnelle». Valeur à hypothéquer sinon rien. Pas de prise de risque. Or une banque spécialisée saura évaluer et prendre les bons risques. Sans éliminer les bons projets à cause de leur faible apport en garanties. Le prochain gouvernement devra faire mieux que tendre l'oreille. C'est l'une des propositions phares formulée par le FCE le 15 mars dernier. Elle invite les pouvoirs publics à «créer une banque d'investissement spécialisée dans le développement de la PME-PMI privée et dotée d'un capital équivalent à 10 milliards de $. Le capital de cette banque sera ouvert à l'actionnariat privé et institutionnel et, éventuellement, à des investisseurs étrangers». Les insuffisances des banques commerciales en matière de financement des investissements des PME ajoutées à la lenteur dans la montée en régime des fonds de garantie ont conduit de longue date beaucoup d'opérateurs et de spécialistes à préconiser un renforcement des dispositifs d'accompagnement à l'image de ce que font déjà beaucoup de pays voisins. Des insuffisances et une lenteur dans la montée en régime du dispositif de garantie des investissements des PME qui ont notamment été pointées par la dernière tripartite. Le rapport du groupe tripartite «Garantie des Crédits» élaboré en juillet 2011 est révélateur des difficultés à organiser un secteur essentiel à la dynamisation de l'investissement. Ce groupe constitué de banquiers du secteur public, de représentants des organisations patronales et des organismes spécialisés FGAR et CGCI, a produit une série de propositions sur la base d'un état des lieux sans concession. Il soulignait notamment que le faible nombre de candidats crédibles, la rareté des dossiers «bancables» et la sous-qualification des demandeurs de crédit constituent le nœud gordien de la problématique de l'investissement dans le secteur de la PME. De l'avis général, le développement des PME s'il est grandement facilité par des mécanismes de soutien financier reste cependant surtout conditionné par la multiplication de dossiers d'investissement et de crédit qui répondent à des normes de «bancabilité» minimales. Dans ce domaine les capacités des banques commerciales algériennes s'avèrent très réduites ce qui a conduit dans la période récente beaucoup de spécialistes à préconiser la création de structures spécialisées de soutien aux investisseurs qui iraient d'une «banque des PME» à des centres d'aide à la préparation de dossiers bancaires en passant par des accompagnements techniques et administratifs. LA BANQUE DES PME SELON LE FCE C'est aussi le point de vue exprimé récemment par le FCE. Dans une correspondance adressée dès la fin 2011 au gouvernement, l'organisation patronale recommandait déjà vivement la création d'une «banque des PME» et relevait que «les mesures prises au cours des dernières années par les pouvoirs publics, à travers notamment la création de fonds de garantie pour le financement des PME, n'ont pas eu les effets escomptés. Les PME continuent de souligner que la question de l'accès au financement bancaire constitue le problème majeur auquel elles sont toujours confrontées.» Dans son étude adressée au gouvernement, l'association patronale dirigée par M. Réda Hamiani réaffirme que «le financement des PME doit bénéficier d'une attention particulière des pouvoirs publics, nous avons besoin de renforcer les services d'appui existants pour les questions de financement de la PME. Il y a également lieu de diversifier le tissu bancaire par la création de banques spécialisées en notant bien qu'il n'existe pas en Algérie de banques spécialisées pour la PME.» Le FCE recommande vivement la création d'une banque de crédits aux PME «sous forme par exemple d'un statut mixte avec une participation au capital du Fonds d'investissement de l'Etat (FNI) ou du fonds de compétitivité industrielle». Nous considérons, ajoute le FCE, qu'il s'agit là «d'une proposition qui peut donner un contenu concret aux différentes mesures initiées par l'Etat au cours des dernières années, mais qui n'ont pas apporté les changements attendus dans le financement des PME». Selon le FCE, la création d'une banque de crédits aux PME, ajoutée à un renforcement des capacités des fonds de garantie existants (FGAR, CGCI), peut contribuer grandement à impulser une plus grande dynamique au système bancaire, notamment «en réduisant les délais de traitement des dossiers de crédit, en diversifiant les produits bancaires offerts actuellement et en développant les compétences en matière d'étude de dossiers de crédit PME».