Les insuffisances des banques commerciales en matière de financement des investissements des PME ajoutée à la lenteur dans la montée en régime des fonds de garantie conduisent beaucoup d'opérateurs et de spécialistes à préconiser un renforcement des dispositifs d'accompagnement à l'image de ce que font dèja beaucoup de pays voisins. Les programmes de développement annoncés par le gouvernement donnent le vertige, sans doute pour compenser une prise de conscience tardive. C'est la création de 200 000 PME qui est programmée au cours des prochaines années. Un dispositif d'accompagnement à la création ou au développement des PME se met en place progressivement notamment dans le domaine très sensible du financement de leur activité. L'investissement est en effet le véritable parent pauvre du financement bancaire. Un constat très largement partagé et qui s'applique d'abord au financement du développement des PME existantes et plus encore à la création de nouvelles entreprises. C'est ce qui a suscité au cours des toutes dernières années la création ou l'annonce de la création de nouveaux instruments financiers développés de longue date dans les pays voisins ou comparables. Le démarrage laborieux des fonds de garantie Dans ce nouveau dispositif, les fonds de garantie occupent une place importante à la fois en raison de la nature du problème auquel ils tentent d'apporter une solution et des moyens financiers dont ils disposent. L'un des obstacles principaux auquel se heurtent des investisseurs souvent inexpérimentés est en effet celui des garanties et autres sûretés qu'exigent les banques en contrepartie d'un engagement de crédit. Il existe actuellement 2 fonds de garantie des crédits aux PME. Le plus important d'entre eux est la Caisse de garantie des crédits d'investissement aux PME(CGCI).Créée officiellement en 2004, elle est devenue opérationnelle au début de 2008. Elle est dotée d'un capital de 30 milliards de dinars. La CGCI fonctionne vis-à-vis des banques comme une compagnie d'assurances garantissant les crédits d'investissement et indemnisant ces dernières en cas de défaillance de l'emprunteur. La LFC pour l'année 2009 a élargi le niveau maximum de cette garantie qui est passé à 250 millions de dinars. Son directeur général , Ammar Daoudi affirmait voici quelques mois : “La problématique qui se posait et qui consistait à dire que les banques n'accordaient pas de financement ou exigeaient des conditions draconiennes n'a plus droit de cité. Les banques ne peuvent plus refuser un bon projet pour absence ou insuffisance de garanties”.À condition cependant que les banques commerciales prennent la bonne habitude d'intégrer ce nouveau dispositif dans leurs procédures d'octroi de crédits. Ce qui est loin d'être le cas pour le moment. Après un peu moins de 3 années d'activité, le bilan de l'intervention de la CGCI reste relativement modeste. Elle a accordé 461 garanties financières qui ont bénéficié à 5 banques publiques pour un total de crédits d'investissement un peu supérieur à 11 milliards de dinars accordés aux PME éligibles à la garantie financière. Les données sont très proches pour le FGAR créé peu avant la CGCI pour couvrir les crédits accordés à des PME de petite taille et dont le bilan de l'activité concerne 475 entreprises éligibles à la garantie financière et seulement 180 en ayant bénéficié effectivement à la fin du premier trimestre 2011. Les propositions de la Tripartite Des insuffisances et une lenteur dans la montée en régime du dispositif ont été pointées par la dernière Tripartite. Le rapport du groupe tripartite “Garantie des crédits” élaboré en juillet 2011 est révélateur des difficultés à organiser un secteur essentiel à la dynamisation de l'investissement. Ce groupe, constitué de banquiers du secteur public, de représentants des organisations patronales, des organismes spécialisés FGAR et CGCI ainsi que de représentants du Trésor, de l'Abef et de la Cosob, a produit une série de propositions sur la base d'un état des lieux sans concession. Il constate d'abord que les banques utilisent pourtant assez peu ces mécanismes qui devraient grandement faciliter les autorisations de crédit. Une partie non négligeable (30%) des dossiers qu'elles transmettent à ces organismes spécialisés sont rejetés pour non-conformité ou non-éligibilité. Ce taux de déchet est jugé anormalement élevé et traduit une maîtrise très insuffisante des procédures du FGAR et de la CGCI. Mais la raison profonde de l'impact réduit des organismes de garanties financières se situe bien plus en amont. Le faible nombre de candidats crédibles, la rareté des dossiers “bancables” et la sous-qualification des demandeurs de crédit constituent le nœud gordien de la problématique de l'investissement dans le secteur de la PME. Ce constat établi depuis de nombreuses années est confirmé par le rapport qui formule un certain nombre de propositions. Ainsi, déplorant le manque de lisibilité des missions de deux organismes, les auteurs du rapport préconisent soit leur fusion soit, au contraire, la création de fonds spécialisés par secteur d'activités. L'une des préoccupations majeures des spécialistes du secteur est également de rapprocher les organismes de garantie des banques et des investisseurs, raison pour laquelle ils préconisent une implantation régionalisée afin de réduire les délais de mise en œuvre des garanties. Dans ce domaine, le retard est important et la CGCI vient d'annoncer l'ouverture de sa première antenne à Oran imitée par le FGAR qui promet également l'ouverture prochaine de 2 nouvelles antennes à l'Est et au Sud du pays. Le FCE pour une banque des PME De l'avis général, le développement des PME, s'il est grandement facilité par des mécanismes de soutien financier reste cependant surtout conditionné par la multiplication de dossiers d'investissement et de crédit qui répondent à des normes de “bancabilité” minimales. Dans ce domaine, les capacités des banques commerciales algériennes s'avèrent très réduites, ce qui a conduit dans la période récente beaucoup de spécialistes à préconiser la création de structures spécialisées de soutien aux investisseurs qui iraient d'une “banque des PME” à des centres d'aide à la préparation de dossiers bancaires en passant par des accompagnements techniques et administratifs. C'est aussi le point de vue exprimé récemment par le FCE. Dans une correspondance adressée au gouvernement, l'organisation patronale recommande vivement la création d'une “banque des PME” et relève que “les mesures prises au cours des dernières années par les pouvoirs publics, à travers notamment la création de fonds de garantie pour le financement des PME, n'ont pas eu les effets escomptés. Les PME continuent de souligner que la question de l'accès au financement bancaire constitue le problème majeur auquel elles sont toujours confrontées. “Même lorsqu'une PME accède à un crédit bancaire, celui-ci n'est obtenu dans la majorité des cas qu'après des délais excessivement longs qui générent des surcoûts hors normes hypothéquant ainsi la viabilité du projet entrepris”. H. H.