Hier, au lever de rideau de la deuxième session criminelle 2012, une affaire de trafic de drogue. Au box des accusés, six personnes. Cette faction d'un réseau transfrontalier a été démantelée fin 2010. Filés par les services de sécurité, K. Mohamed, de nationalité marocaine, et D. Belkheir, ont été arrêtés à Oran près du marché de gros de fruits et légumes, le 7 novembre 2010. Le fournisseur et le client étaient en train de conclure une petite transaction de 200 grammes de kif traité contre 26.000 DA. Ils avoueront qu'il s'agissait de leur quatrième coup du genre. Le pourvoyeur marocain, natif de Béni-Saf et résident à Oujda, reconnaîtra qu'il acheminait, à pied, la drogue dans un bagage à main, de la frontière à Béni-Saf. Sans doute pour contourner les points de contrôle routier qui pullulent dans cette zone frontalière. Pour faire parvenir la marchandise à El-Amria, le point de transit, il comptait sur un transporteur clandestin, F. Kouider, moyennant un tarif de 1.500 DA les 100 g. Ce dernier révèlera avoir fait deux convoyages de 16 et 22 kilos. Avant sa livraison par petites quantités, à Oran principalement, la marchandise était d'abord cachée en un lieu sûr, dans une terre agricole à El-Amria ou dans une ferme désaffectée à Aïn El-Beïda. Endroits où se déplaceront les enquêteurs en compagnie du «guide» marocain pour y découvrir respectivement 12 et 1 kilo enfouis sous terre. Le pourvoyeur marocain dénoncera, dans la foulée, d'autres présumés complices: deux frères O. Hassan et O. Mohamed ainsi qu'un individu surnommé Tayeb Ould Raïs. Le premier était, selon ses dires, un de ses clients de deuxième main, le second celui qui lui avait loué un logis en guise d'un pied-à-terre où il séjournait à l'occasion de ses fréquentes missions à Oran. Quant au troisième, le Marocain l'a présenté comme étant l'un de ses acheteurs potentiels. Le signalement et le profil donnés par le Marocain sur alias-Tayeb Ould Raïs correspondaient, aux yeux des enquêteurs, à un certain A. Tayeb. Un proche par alliance de ce dernier sera interrogé et confortera les soupçons des services de sécurité, notamment sur le fait que la personne ciblée portait bel et bien, selon lui, ledit surnom. Toutefois, lors d'une confrontation dans le bureau du juge d'instruction, le Marocain a infirmé que A. Tayeb soit l'homme en question. Qu'à cela ne tienne, A. Tayeb sera maintenu en détention. Ce qui sera sujet d'une vive critique émise par son avocat Me Belhadri El-Houari lors de sa plaidoirie. «Madame la présidente, ce n'est pas avec cette légereté déconcertante dans la vérification d'identité qu'on inculpe et met en prison un individu pour trafic de drogue. Et puis, si l'on se fiait aux déclarations de Khaled le Marocain, on aurait tout Oran au box des accusés aujourd'hui», ironisera Me Belhadri. Celui-ci convaincra unanimement juges et jurés, qui répondront tous par «oui» à la question relative à la culpabilité de son mandant. A l'issue des délibérations, le tribunal a prononcé 15 ans de réclusion contre l'accusé principal, le Marocain, quatre peines entre 3, 5 et 6 ans de réclusion, ainsi qu'un aquittement en faveur de A. Tayeb.