Tantôt flatteur, tantôt critique, le secrétaire général du RND Ahmed Ouyahia n'a pas trouvé grandes difficultés à répondre avant-hier aux patrons du forum des chefs d'entreprises (FCE) qui l'ont invité à présenter le programme économique de son parti à l'occasion des prochaines joutes électorales. Ouyahia, dans une rencontre organisée à l'hôtel El Aurassi à Alger, à présenté devant un auditoire composé de patrons et d'industriels, un programme qui s'articule autour de 7 points. Il s'agit, explique Ouyahia de « la préservation d'une Algérie unie dans son territoire et dans son peuple », « la consolidation de la stabilité et de la cohésion nationales », « le développement d'une économie productive et compétitive, à même de garantir le bien-être de notre population », « offrir une chance et un avenir à tous nos jeunes ici en Algérie », « la pérennisation et la rationalisation de la politique sociale du pays », « conforter l'état de droit pour la sécurité des citoyens et de l'économie ainsi que pour le recul de la bureaucratie ». Et enfin « associer nos compatriotes expatriés à la construction d'une Algérie indépendante, stable et forte, qui en appelle à leur participation et qui sera disponible pour leur protection là ou ils résident ». Le programme en question sera rendu public dimanche prochain dans sa totalité, a tenu à faire savoir Ahmed Ouyahia qui prône, par ailleurs, la continuité dans la politique de développement économique du pays. Le patron du RND, souligne d'emblée qu'il n'existe à ses yeux aucune distinction entre l'entreprise privée et publique et que les deux réunies représentent le moteur du développement économique national. La déclaration a vite fait réagir, lors du débat, certains industriels, à l'image du patron de Cevital, Issad Rebrab, qui rappellera notamment les mesures obligeant le privé Algérien à s'associer d'abord avec le public pour investir dans certains secteurs. Ouyahia, en fin diplomate, n'hésitera pas à qualifier Rebrab de « capitaine de l'industrie » et de représenter une fierté pour le pays, mais rappelle à l'industriel Algérien que son projet (Cap Djenat) relève de la loi qui ne permet pas encore l'investissement dans les ports. Le chef du RND, conseillera à Rebrab d'être patient et de continuer à naviguer en évitant les obstacles. Durant le débat qui a suivi l'introduction du chef du RND, plusieurs patrons ont saisi l'occasion pour s'adresser au premier ministre et relever des lacunes dans la législation ou encore à exposer des problèmes liés à leurs activités. Ouyahia, a répondu en apportant à chaque fois des arguments et des exemples. C'est le cas d'un industriel en pharmacie qui reprochait un « manque de lisibilité » dans le secteur pharmaceutique. La réponse ne s'est pas fait attendre. « Il existe 200 distributeurs de médicaments et seulement 10 fabricants » répondra Ouyahia en soulignant que les patrons penchent plutôt plus vers l'importation que vers la fabrication. Questionné sur les lourdeurs et les blocages de l'administration, Ouyahia reconnait clairement « qu'il existe des lobbies qui gravitent autour de l'administration ». Ahmed Ouyahia, qui assure qu'il consacre beaucoup de temps à la lecture des journaux, conseille aux victimes de l'administration d'aller la dénoncer auprès de la presse. Le SG du RND lancera ensuite « je serais malhonnête d'affirmer que le patron à entre les yeux l'intérêt général en premier lieu ». Pour ce qui est de l'informel, Ahmed Ouyahia ne cache pas sa gène et l'incapacité du gouvernement à y faire face. L'invité du FCE ira encore plus loin en disant qu'il y a des gens qui avaient déclaré qu'ils étaient prêts à débourser 10 milliards de centimes pour tout bruler lors des émeutes de janvier 2011 à cause des mesures décidées par le gouvernement, notamment celles relatives à l'obligation de délivrer des factures et à l'utilisation du chèque quand la transaction dépasse les 500 000 DA. « Il faut un véritable Djihad et un front national contre ce phénomène » a déclaré Ouyahia en qualifiant le secteur informel de véritable menace pour tout le pays. Le premier ministre affirme, par ailleurs, que son parti partage 25 propositions parmi les 50 suggérées par le FCE en mars dernier pour passer du système rentier à une véritable économie. La règle de 51/49% n'y figure pas bien évidemment. Ahmed Ouyahia a défendu bec et angles ce choix imposé aux investisseurs étrangers en déclarant « qu'il faut arrêter de nous prendre pour des indigènes ». Pour Ouyahia, si la mesure a été décidée c'est parce que des entreprises étrangères ont tenté de flouer le gouvernement Algérien. Enfin le premier ministre a mis en garde contre l'économie basée sur la seule rente pétrolière. «Le réveil sera brutal si les choses continuent comme ça » a-t-il averti en faisant savoir que si l'Algérie ne découvre pas de nouveaux gisements, le pays commencera à importer le pétrole dans une quinzaine d'années. Pis, si notre économie n'est pas diversifiée d'ici là, le pays n'aurait même pas les moyens d'importer de l'essence dans une trentaine d'années, a affirmé M. Ouyahia.