C'est le candidat du Parti socialiste François Hollande qui est arrivé en tête dans le scrutin du premier tour de l'élection présidentielle française. Il a ainsi réalisé une performance sans précédent pour un candidat de gauche dans ce genre d'élection: celle de devancer le président sortant candidat à sa reconduction. L'exploit lui permet d'aborder la campagne électorale pour le second tour avec un moral de gagnant conforté, alors que Sarkozy et son camp s'y engageront habités par le doute quant à pouvoir renverser la dynamique électorale qui a été favorable à leur adversaire socialiste dimanche. Tous les sondages effectués en France - dont il faut admettre la fiabilité au vu de la concordance de ce qu'ils ont avancé avec les résultats sortis des urnes au premier tour - donnent François Hollande gagnant pour le second tour du 6 mai. Sauf que les instituts de sondage font valoir avec pertinence que rien n'est joué pour autant et que l'incertitude sur le résultat final de l'élection présidentielle prévaudra jusqu'à la fermeture des bureaux de vote au soir du 6 mai. Malgré l'ascendant pris par le candidat socialiste sur son rival, il demeure en effet des inconnues sur le vote au second tour de ces électeurs dont les voix se sont portées au premier sur d'autres candidats que les deux étant arrivés en tête. Il faut à François Hollande pour l'emporter au second tour bénéficier, en plus du vote des électeurs de sa famille socialiste et de gauche en général, de celui d'une partie des centristes mais aussi de l'extrême droite lepéniste. Sans cela, la mathématique des chiffres telle que révélée par le scrutin du premier tour lui est défavorable. Il lui faut espérer donc que parmi ces deux catégories d'électeurs le rejet de Sarkozy et du bilan de sa gouvernance qu'ils avouent est plus fort que leur répugnance doctrinale à voter pour un candidat socialiste. Mais même si ces reports que va courtiser Hollande au cours de sa campagne électorale pour le second tour n'auront pas l'ampleur espérée par lui, les chances du président-candidat de l'emporter sont minces. Pour cela, il lui faudra faire le plein parmi l'électorat centriste et d'extrême droite. Ce qui est mission impossible car l'on ne voit pas comment il pourra concilier dans son discours de campagne ce qui convient à la famille centriste sans faire renoncer à son soutien les électeurs de l'extrême droite et vice versa. Cette équation qu'il lui faut impérativement résoudre se complique pour lui par les ambitions d'avenir que s'est forgées Marine Le Pen, confortée par le score électoral qu'elle a réalisé. Forte de la «surprise» qu'elle a créée, Marine Le Pen a fait de son parti le Front national une formation qui peut prétendre arriver au pouvoir à brève échéance. Sa stratégie de conquête de ce pouvoir table sur la défaite de Sarkozy et de l'UMP qui lui permettrait d'imposer le FN en tant que formation fédératrice de tous les segments de la droite française confrontés au retour au pouvoir de la gauche. Marine Le Pen n'appellera pas peut-être ouvertement ses électeurs et électrices à voter contre Sarkozy au second tour, mais elle fera, c'est certain, tout pour encourager leur abstention. Ce qui sera une méthode plus «soft» de le faire perdre. Il n'en demeure pas qu'il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. L'incertitude règnera jusqu'à la proclamation des résultats du second tour. Beaucoup de choses qu'il est impossible d'anticiper peuvent survenir en France et dans le monde entre ces deux tours qui peuvent influer dans un sens inattendu sur le vote des électeurs.