Depuis lundi dernier, quelque 350 travailleurs au camp n°5 de Cojaal, situé à proximité de la ville d'El-Harrouch, dans la wilaya de Skikda, qui ont été libérés après l'expiration de leurs contrats de travail, ont investi la base de vie abritant les ingénieurs nippons du consortium algéro-japonais en charge de la construction du tronçon Est de l'autoroute Est-Ouest qui traverse les wilayas de Skikda et Constantine, empêchant ces derniers de se rendre à leur travail. Ces travailleurs réclament «leur part de l'argent des œuvres sociales gérées par le syndicat d'entreprise », disent-ils, convaincus qu'ils sont dans leur droit. Ce que leur dénie le syndicat d'entreprise dont le responsable nous a déclaré hier que « cette revendication n'est pas seulement infondée, mais elle est irrationnelle et contraire à la loi du moment que ces travailleurs ont quitté Cojaal ». En effet, M. Nakib Hocine, secrétaire général du syndicat d'entreprise de Cojaal dont la direction est basée à Aïn Smara, dans la wilaya de Constantine, explique « que ces travailleurs ont bénéficié de tous les avantages liés aux oeuvres sociales lorsqu'ils étaient en activité, primes à l'occasion des fêtes nationales et religieuses, de mariage, de circoncision de leurs enfants, de décès, de soins hospitaliers, etc. ». Il a estimé que « ce qu'ils réclament aujourd'hui est totalement aberrant, puisqu'ils ne demandent ni plus ni moins que le partage des fonds des œuvres sociales entre tous les travailleurs avec le versement des quotes-parts leur revenant ! » Ce syndicaliste est allé plus loin en accusant les revendicateurs de chercher à exploiter les circonstances actuelles que traverse le pays pour exercer des pressions et aboutir à leurs fins. Le secrétaire général du syndicat d'entreprise a signalé aussi qu'il s'était déplacé sur les lieux mardi dans l'après-midi pour faire entendre raison à ces anciens travailleurs de l'entreprise en cherchant à leur faire comprendre qu'en vertu de la loi 04/83 du 2 juillet 1983, il est interdit de dépenser les fonds des œuvres sociales au bénéfice des travailleurs libérés, mais en vain, puisque, selon ses dires, lui aussi et ses accompagnateurs « ont été retenus en otage » pendant trois heures par les revendicateurs. Il a affirmé à cet effet qu'il a fini par constater « que ces travailleurs sont manipulés par des éléments malveillants qui cherchent à casser le syndicat d'entreprise et les œuvres sociales. Ils ont pris contact avec le procureur de la République du tribunal d'El-Harrouch qui les a orientés vers l'inspection du travail pour obtenir un document officiel leur donnant raison, mais ce dernier, connaissant très bien les lois régissant le monde du travail, a refusé », a poursuivi Nakib. Mais les protestataires n'ont pas lâché prise et sont revenus mercredi matin pour bloquer encore toute entrée ou sortie à la base de vie. « Cette situation, si elle persiste encore, risque d'influer négativement sur le rythme du travail dans les chantiers à cause de l'absence des ingénieurs ». C'est le même constat qui a été fait par le directeur administratif de Cojaal, M. Matsumoto, quand nous avons pris contact avec lui hier dans l'après-midi. En effet, ce dernier, tout en confirmant la situation de blocage qui a été imposée aux cadres de l'entreprise, a déclaré tout simplement que « c'est grave », avant de raccrocher le téléphone pour couper la communication.