Après avoir changé la façon de communiquer des Algériens, la téléphonie mobile tarde, malheureusement, à leur faire découvrir les prémices des services financiers numériques. L'ampleur de l'absence du haut débit mobile laisse à craindre que les opérateurs de la téléphonie mobile peineront, faute de cadre juridique, à montrer leurs potentiels dans le domaine du paiement mobile ou « M-payement ». La future équipe gouvernementale devrait placer cette question en tête de l'ordre de priorité du plan de résolution des nombreux problèmes qui accablent notre pays. Ses banquiers n'ont qu'à s'inspirer des solutions mises en œuvre dans les pays africains, pour lesquelles les technologies du numérique ont été sollicitées avec succès. Et oui ! L'Afrique devient leader mondial du M-payement. Selon une étude du GSMA, l'Association des opérateurs mobiles du GSM, il y actuellement plus de 60 millions de personnes dans le monde qui utilisent les services de paiement mobile. Environ 80% des transactions électroniques mobiles effectuées sont localisées en Afrique de l'Est. Le Kenya est le pays qui donne le meilleur exemple. L'an passé, l'ensemble de ses plates-formes mobiles banking (m-banking) ont traité plus de 14,2 milliards de dollars. Ce chiffre illustre bien une extraordinaire révolution dans le domaine des activités bancaires virtuelles en attendant les services de la 4G, prévus l'année prochaine. Parmi les facteurs qui sont à l'origine de cette performance, la présence d'un cadre réglementaire mettant en valeur une bonne coopération entre les opérateurs télécoms et les banques. La mise en œuvre rapide de cette coopération en Algérie, pays marqué par une prédominance de la culture de l'argent liquide, ferait initier les Algériens au transfert monétaire numérique. Grâce à la téléphonie mobile, ils pourront découvrir les services de paiement en ligne, la bancarisation, le microcrédit et les transferts d'argent internationaux. Plus besoin donc de cartes à puce et autres moyens de paiement, le terminal deviendra le guichet bancaire personnel de chacun des détenteurs de comptes chez Algérie Poste, le Crédit Populaire d'Algérie ou dans d'autres banques. Ces dernières sont appelées à devenir des opérateurs virtuels de téléphonie mobile dont le rôle essentiel est de convertir les unités téléphoniques en monnaie numérique. L'Algérien ne sera plus alors obligé de mettre son téléphone mobile dans une poche et du cash dans l'autre. Son mobile deviendra la matérialisation de sa banque.