C'est peut-être la fin du feuilleton de l'usine Renault qui dure depuis plus de deux ans. Le ministre algérien de l'Industrie, de la Pme et de la Promotion de l'investissement, Mohamed Benmeradi, a annoncé jeudi, que la création de la société mixte, dans le cadre de ce projet d'usine, aura lieu en automne, en septembre ou en octobre. « Les équipes travaillent depuis le 25 mai dernier sur la finalisation du pacte des actionnaires, qui sera probablement prêt début août, et on prévoit la création de la société en septembre ou octobre prochains, a-t-il déclaré. Le plus surprenant est d'entendre le ministre affirmer que le constructeur français n'a pas rejeté l'idée d'implanter l'usine dans la région de Bellara (Jijel). Cette question était pourtant avancée, du côté de Renault comme l'une des causes du retard des discussions. En avril dernier, le ministre lui-même expliquait que les discussions ont pris plus de temps que prévu car le « partenaire étranger a considéré que le lieu proposé pour l'implantation de l'usine est loin du bassin de l'emploi et qu'il n'offrait pas les opportunités nécessaires». Ce qui était conforme à des déclarations de responsables de Renault, sous le couvert de l'anonymat disant leur refus « d'aller dans leur micro-port, complètement paumé, mieux vaut être dans la région d'Alger, plus proche du marché local ». Il y avait une divergence entre le souci d'équilibre régional qui anime les autorités algériennes et la logique d'entreprise de Renault qui préférait Rouïba pour la disponibilité de la main-d'œuvre qualifiée. La signature de l'accord-cadre, le 25 mai dernier, a été présentée, du côté de la presse française, comme étant le signe que le gouvernement algérien avait renoncé à Bellara et en tout cas n'en fait plus une position de principe. Au demeurant, le ministre, lui-même, l'admet de fait en élargissant la palette des lieux possibles d'accueil de la future usine à deux autres villes portuaires. « Le projet de l'usine Renault pourrait être implanté soit à Mostaganem, à Oran ou à Bellara» a-t-il déclaré. Renault n'aura pas Alger et si l'on prend en compte les « critères » avancés pour le refus de Bellara, Oran pourrait l'emporter. NE PAS FERMER LA VOIE A L'EXPORTATION Renault n'a fait aucun commentaire sur les déclarations de Benmeradi qui précise qu'il est «prévu dans le protocole d'accord qu'après le pacte des actionnaires de deux ou trois mois, la société sera créée. Les travaux peuvent commencer avant sur les infrastructures». Il faut souligner aussi que la question du lieu d'implantation n'a pas constitué le seul point d'achoppement au cours du long feuilleton des négociations. Renault entendait aussi avoir des garanties sur le transfert des dividendes, un thème récurrent chez les entreprises étrangères. Mais c'est surtout l'importance du projet et de sa finalité qui compte. Pour Renault, l'usine aura une capacité de 75.000 voitures par an exclusivement destinées au marché local. Du côté d'Alger, on a une plus grande ambition de production et, indiquait début juin le journal français «La Tribune» « Alger veut que les voitures produites en Algérie soient de la même qualité que celles fabriquées en France et qu'une partie soit destinée à l'exportation ». Cette possibilité d'exporter est importante pour le développement de l'industrie automobile. « Même si le marché algérien est estimé à 400.000 voitures par an, on ne construit pas une usine pour un seul marché. Tous les grands producteurs asiatiques ont visé l'export en même temps que leurs marchés domestiques » explique un économiste qui estimait plus pertinent « d'essayer d'attirer des gens pour qui l'Algérie serait une base comme le Maroc l'est désormais durablement pour Renault »