Créé en 1994 par le ministère de l'Economie de l'époque, "GS1 Algeria", représentant exclusif de GS1 International*, ONG chargée de développer et de gérer les standards internationaux en matière de codification, est actuellement sur un projet d'élaboration d'un catalogue électronique en collaboration avec les pays du Maghreb. Lancé en 2011, le projet avance à petits pas. Le directeur général de GS1 Algérie, Halim Recham, nous en dit davantage. En tant qu'Association algérienne de codification des articles, GS1, quel constat faites-vous sur le e-commerce en Algérie ? Pour le e-commerce, nous ne connaissons pas la situation en Algérie. Nous avons tout de même essayé de devancer un peu les choses puisque nous savons ce qui se passe à l'étranger. La solution c'est les échanges électroniques. Le développement se fait, aujourd'hui, à travers l'Internet. Donc le e-commerce devient plus qu'indispensable pour s'assurer de la qualité, de la disponibilité, de la production et de l'information. Nous avons intégré l'association mondiale sur le code à barre et on nous a attribué le préfixe 613 pour l'Algérie. C'est déjà un outil visuel d'identification d'un produit algérien. Depuis 2005, nous travaillons sur le catalogue électronique. Nous avons prospecté un peu le marché. Des équipes se sont constituées au niveau international, la région maghrébine avec la région du Moyen-Orient. Les Européens entre eux ainsi que les Asiatiques. Tous ces groupes ont commencé à travailler sur le catalogue électronique, mais il y avait des divergences sur la démarche à suivre. Les GS1 des pays maghrébins ont donc décidé de se retirer du projet. La décision de se retirer du projet mené avec les pays du Moyen-Orient et d'Europe a ouvert de nouveaux horizons pour les pays du Maghreb dans le e-commerce ? En 2007, les GS1 des pays du Maghreb ont décidé de se retirer et de travailler en commun. Nous considérons que nous avons les mêmes problèmes et les mêmes avantages. Alors pourquoi ne pas travailler dans l'esprit UMA, tout en échangeant les solutions aux divers problèmes rencontrés. Nous avons décidé de nous réunir tous les six mois dans un pays. Nous avons déjà fait le tour de 4 pays (Algérie, Libye, Maroc et Tunisie). Nous avons pris des projets en main qui ont abouti dans d'autres secteurs. Par exemple, identifier les produits dans le secteur de la santé, dans la formation et d'autres projets qui sont spécifiques à l'eau. Mais à un moment donné, nous avons constaté qu'il y avait une barrière qui nous empêchait d'aller plus loin. Il y avait un socle qu'il fallait surpasser. Il était indispensable d'aller vers le e-commerce, et notamment le catalogue électronique. Ce n'est qu'en 2009 que nous avons essayé de travailler sur le projet. Il faut dire que la Tunisie nous a devancés là-dessus. En Algérie, GS1 Algeria s'est engagé à mettre en place les standards GS1 dans tous les secteurs. En 2009, deux secteurs ont été ciblés. Il s'agit de la santé, avec la participation du Groupe pharmaceutique Saidal, et de la métallurgie avec l'entreprise Spa BAG (industrie des bouteilles à gaz). Cette collaboration a été couronnée par la mise en place des standards GS1 DataMatrix pour les médicaments et SGTIN pour la bouteille à gaz. La Tunisie avait pris les devants en créant son propre catalogue électronique mais l'expérience n'a pas donné les résultats escomptés, pourquoi ? Les Tunisiens avaient déjà créé leur propre catalogue électronique qui n'a jamais fonctionné parce qu'il n'y a pas eu d'utilisateurs. Nous nous sommes dit alors pourquoi ne pas s'entraider et créer un catalogue maghrébin, où Libyens, Marocains, Tunisiens et Algériens peuvent s'y connecter et s'échanger des informations. Nous avons essayé de le faire à travers la Tunisie mais l'expérience n'a pas marché car la plateforme ne s'y prêtait pas. Comme solution, les quatre pays ont décidé de reprendre le projet et éliminer carrément la première initiative. En 2011, nous avons commencé à zéro l'élaboration d'un catalogue commun. Quelles sont les données qui seront portées sur ce catalogue ? Ce catalogue comportera des informations concernant le producteur et le produit (composition, origine, date de péremption, quantité à livrer, ses effets sur l'environnement, l'existence de composants allergènes ), et toutes autres données obligatoires devant apparaître sur les fiches produit. Vous êtes consommateur ou distributeur, vous allez me demander la liste de tous les liquides qui ne contiennent pas de composants allergènes. Un des opérateurs va vous donner le détail avec tous les prix. Vous pouvez ainsi faire une sélection. C'est le but de ce catalogue. Concernant le code à barres, sa première utilisation sur un produit ce n'est pas de le mettre sur le marché mais de l'exploiter à l'intérieur de l'entreprise pour faciliter et moderniser la gestion des stocks. Il y a trois ans, un système pour identifier la provenance d'un produit a été créé en Algérie. Il s'agit du tracking via le mobile. Vous scannez le code à barre du produit, vous envoyez un sms à un numéro et vous recevez un message comportant des données sur le produit. Ce système existe en Algérie depuis trois ans, mais il n'est pas utilisé. Pourquoi ? Parce qu'en tant qu'association, il me coûte de l'argent pour l'exploiter. Je dois payer le sms qui va retourner. J'ai proposé ce service aux opérateurs de téléphonie mobile mais je n'ai pas eu de réponse. Donc, j'ai un service qui dort. Mais je peux le mettre à la disposition des opérateurs. Je donne un exemple. Si un consommateur trouve des débris dans une bouteille d'eau. Il scanne le code à barre, il a directement les informations sur le produit. Il appelle. Il aura déjà la source. Si je suis un vendeur et ça m'intéresse d'acheter un produit de qualité. Je scanne, j'ai les informations sur le fabricant. Je l'appelle et je commande à travers le sms. Cela reste toujours un avantage pour le consommateur. A quel stade est l'élaboration du catalogue numérique maghrébin ? Et qu'en est-il de sa sécurisation ? Le projet du catalogue électronique est au stade d'étude du cahier des charges. Nous sommes à 60% du cahier des charges, élaboré en concertation entre les quatre pays. Un questionnaire a été élaboré pour voir si l'Algérie est prête à travailler dans le cadre du e-commerce. Voir est-ce que le marché peut recevoir ce produit. S'il s'avère que le marché n'acceptera pas ce produit, il ne sera pas développé. On attendra dix ans s'il le faut. Pour la sécurisation des informations sur le catalogue, il est très tôt d'en parler. Des moyens existent. Ils vont être contrôlés par des systèmes de protection qui seront hébergés quelque part. A ce jour, nous n'avons pas décidé où sera hébergé ce logiciel. La réalisation de ce catalogue nécessite-t-elle un important financement ? Si ce produit coûtera cher, nous ne pouvons pas le réaliser en tant qu'association. Peut-être qu'un provider algérien peut le prendre en charge. On connaît le produit lui-même, comment il est fait ailleurs. Avec nos spécificités, pas encore. On a des compétences qui peuvent le développer. Des conférences téléphoniques sont tenues chaque mercredi entre les différents pays pour discuter de sa réalisation. On a fait une feuille de route avec des dates. Nous en tant qu'association, les autorités en tant que pouvoir de régulation et les entreprises en tant que force de marché, devons se concerter dans ce domaine qui doit être développé très rapidement. Tout ce projet peut rester au stade théorique si les moyens nécessaires font défaut. A titre d'exemple, il faut que toutes les wilayas du pays disposent d'une connexion Internet pour pouvoir assurer la communication nécessaire lors de la concrétisation du projet. (*) : GS1 est un organisme mondial, dont le siège est à Bruxelles (Belgique), actif dans le domaine de la normalisation des méthodes de codage utilisées dans la chaîne de distribution du producteur au consommateur. Son objectif est d'établir des standards et des solutions permettant l'échange de biens de consommation sur la planète.