«La plage permet des activités ludiques spécifiques au Ramadhan et on peut se rafraîchir à volonté» L'affluence sur les plages devrait battre de nouveaux records avec la canicule qui se réinstalle. «Vamos à la playa» (allons à la plage), voilà ce qui est en passe de devenir le mot d'ordre de certains jeunes de la capitale pour occuper leurs soirées ramadhanesques. En effet, les jeunes s'adonnent pendant ces longues soirées à des bains de minuit qui, le moins que l'on puisse dire, rafraîchissent et détendent... Ces baignades nocturnes sont suivies de parties de dominos à même le sable, assorties de mouksirate (amuse-gueule), comme aiment les appeler les jeunes. Outre les cacahuètes, il y a aussi le thé et le qalbelouz. Toutefois, ce qui paraît indispensable pour passer une bonne soirée en bord de mer, n'est autre que la star incontournable du moment, à savoir le narguilé ou communément appelé la chicha... «Chicha, dominos, thé, les copains, du sable fin, la mer en face, khire mel soltane fi darou (c'est mieux que le sultan dans son palais)», ironise Mehdi, un jeune rencontré à Déca Plage à Aïn Taya (banlieue Est d'Alger). Plusieurs bandes de copains étaient affalées sur le sable profitant des délices de la Méditerranée. Mais quelle est la raison qui les a poussés à choisir la plage comme destination nocturne? «La plage permet des activités ludiques spécifiques au Ramadhan et on peut se rafraîchir à volonté», rapporte pour sa part Khiro, un autre jeune rencontré sur place. «Rien ne vaut un bon plongeon pour récupérer des efforts du jeûne», ajoute-t-il, avant que son ami Issam, ne lui coupe la parole. «Parle pour toi, moi nager le soir, c'est pas trop mon kif, J'ai peur de me faire piquer par je ne sais quel animal sous-marin ou bien pire, me faire hanter par un esprit...», confie-t-il d'un air craintif. «Oh, le peureux! De quoi as-tu peur, regarde comme c'est bien éclairé à Deca. On voit tout comme si on était en plein jour», lui rétorquent ses amis d'un air moqueur. «Moi je viens pour rester avec vous mais surtout pour profiter de la tranquillité incomparable du bord de mer», leur répond Issam. «Avec le monde qui grouille dans les villes, on stresse plus que l'on profite de nos soirées. Ici, c'est retiré, tranquille, personne ne nous dérange et on ne dérange personne», poursuit-il. D'autres jeunes par contre, ont opté pour les sorties nocturnes à la mer afin de s'adonner à des activités sportives: jouer au ballon, courir... «On n'a pas d'endroit où jouer, il n y a aucun espace où l'on peut se défouler. Si on joue dans nos quartiers on va faire beaucoup de bruit ce qui dérangera certainement les riverains. On préfère donc venir ici pour éviter les problèmes», explique un groupe de jeunes qui étaient en train de disputer un match de football sur le sable. «Ceux qui ne jouent pas au domino ou aux cartes, n'ont pas d'alternative pour leurs soirées!», disent-ils, d'un air déçu. Plus loin, on aperçoit un groupe de jeunes avec des pierres à la main. «En soirée, on s'en sert comme support pour barbecue», expliquent-ils avec humour. «Nous on aime bien manger pour le s'hour de bonnes brochettes. On vient donc souvent à la plage, barbecue en main», soulignent-ils. Les familles ne sont pas en reste. Elles sont en bord de mer pour passer une soirée plage. «Mes enfants adorent la plage, moi tout autant, l'été a été très court. Alors on vient de temps en temps après le F'tour surtout quand il fait chaud. C'est très agréable en plus on ne dépense pas un sou», explique Ali, chef de famille. Néanmoins, la plupart des jeunes rencontrés sont formels, la raison principale qui les pousse à venir passer leurs soirées à la plage est le fait du peu d'options qui se présentent à eux vu les prix exorbitants qu'affichent les soirées musicales et culturelles. «Si j'avais les moyens, moi aussi j'aimerais bien me trémousser dans une kheïma, ou autres soirées culturelles et profiter d'un bon bouillon de culture...», assure de son côté Faouzi. «Malheureusement il n'y a pas de transport public digne de ce nom, il te faut donc une voiture pour pouvoir bouger. Et il te faut beaucoup d'argent pour pouvoir te cultiver ou profiter d'une belle soirée...», regrette-t-il. Des jeunes plus discrets fumaient des joints. «On profite des derniers péchés avant el Imsek», nous confient-ils. Les plages sont donc prises d'assaut pendant ces soirées ramadhanesques par des citoyens. Chacun a sa motivation, mais tous ont le même but: le divertissement.