La haute administration chargée au ministère de la Justice de la gestion des prisons dans le pays planche actuellement sur la préparation d'un nouveau plan d'action. Ses conclusions devraient aboutir à la création d'une structure spéciale chargée de prévenir le crime et limiter au maximum les cas de récidive chez les anciens détenus. 55.000 personnes sont actuellement détenues pour différents délits dans les 130 établissements pénitentiaires que compte le pays. Cette estimation qu'a fournie le directeur de l'Administration pénitentiaire et de la Réinsertion dans la nuit du mercredi à jeudi derniers, à l'occasion d'une cérémonie de remise de prix aux détenus candidats au concours de meilleurs récitants du Coran et lauréats d'activités à caractère éducatif et culturel, a été accompagnée de l'affirmation que les droits de l'Homme dans les prisons algériennes sont respectés et protégés. M. Mokhtar Felioune, qui assistait à cette fête à la prison d'El-Harrach et dont c'est la quatrième édition consécutive depuis 2008, a, en effet, assuré à l'APS que les droits humains dans les prisons algériennes sont considérés et que son administration «ne transigeait avec aucune personne qui porte atteinte à la dignité d'un détenu», précisant à l'agence de presse «qu'un officier ayant giflé un détenu il y a deux ans avait été poursuivi en justice». Selon ce haut responsable au ministère de la Justice, l'amélioration des conditions de détention qui se traduisent par l'encouragement entre autres de programme d'enseignement diplômant accroit pour les pensionnaires des établissements pénitentiaires leur chance de réinsertion, adoucit les tensions de cohabitation en milieu carcéral et rend moins important le nombre de cas de récidive. «Les résultats encourageants engendrés par l'enseignement dispensé aux détenus, affirme-t-il, ont été essentiellement à l'origine du recul de la criminalité ( ) et les statistiques confirment que les détenus qui ont obtenu des diplômes d'enseignement et de formation pendant leur incarcération ne sont pas des récidivistes après leur libération». En juin dernier, a-t-il indiqué, 784 détenus ont obtenu leur baccalauréat, 2.200 leur BEM et plus de 3.000 un diplôme de formation professionnelle dans le cadre d'une politique soutenue par l'Union européenne dans le cadre de ses accords avec l'Algérie et qui devrait en septembre prochain permettre à des cadres, des médecins, des psychologues et personnel travaillant en milieu carcéral de suivre jusqu'en juin 2013 dans le pays et à l'étranger un programme «destiné à améliorer le niveau de performance» dans la gestion des établissements pénitentiaires et la réinsertion des détenus. M. Felioune, qui a tenu à faire remarquer que son administration s'emploie depuis le début de la réforme du secteur à l'humanisation des conditions carcérales et la préservation de la dignité des détenus, a semblé répondre aux récentes accusations de Mohamed Hadj Smaïn, militant de la LADDH qui avait déclaré en juillet dernier à la suite d'une brève arrestation que «quand on est dans une prison algérienne on est dans un autre monde». Il a paru également nuancer les critiques que formule régulièrement le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH), M. Farouk Ksentini, à l'encontre du «recours excessif à la détention provisoire» qui toucherait, selon lui, «pas moins de 30% de la population carcérale globale en Algérie», ce qui va, avait-il dit à plusieurs reprises, «contre la loi et la morale». Le patron de l'administration pénitentiaire s'en tient au chiffre de 10% avancé officiellement par son ministère et déclare que «c'est le concept même de détention provisoire qui pousse certaines parties à parler de recours excessif à cette pratique car elles considèrent les détenus qui font appel du jugement prononcé contre eux comme détenus provisoirement alors qu'ils n'en est rien», a estimé le directeur général de l'Administration pénitentiaire. La personne en détention provisoire est celle qui fait l'objet d'une enquête, qui n'a pas été jugée et contre laquelle aucun jugement n'a été prononcé, a-t-il dit non sans risquer de provoquer une autre polémique puisqu'il a déclaré contre toute attente que par rapport aux années précédentes et selon les données dont il dispose «le taux de criminalité en Algérie n'a pas augmenté, notamment durant le mois sacré de Ramadhan». M. Felioune a toutefois révélé que le comité interministériel chargé de coordonner la réinsertion qu'il préside se penche actuellement sur un dossier relatif à la création d'une structure de prévention contre le crime.