Alors que le président de la Cncppdh tire la sonnette d'alarme, le directeur des établissements pénitentiaires dit qu'il n'y a pas de recours excessif à la détention provisoire. La détention provisoire suscite une polémique. Le directeur général de l'administration pénitentiaire et de la réinsertion, M.Mokhtar Felioune, contredit Maître Ksentini. Il a réaffirmé jeudi dernier qu'il n'y avait pas de recours excessif à la détention provisoire en Algérie. Preuve en est, précise-t-il, son taux ne dépassait guère les 10% de la population carcérale globale. M.Felioune est parti loin dans ses déclarations. S'exprimant en marge de la cérémonie de distinction des récitants du Coran parmi les détenus, organisée à l'Etablissement de rééducation d'El Harrach, dans la nuit de mercredi à jeudi, M.Felioune a souligné que les propos selon lesquels les prisons algériennes recourent à la détention provisoire de manière excessive «sont totalement inexacts». «C'est le concept même de détention provisoire qui pousse certaines parties à parler de recours excessif à cette pratique car elles considèrent les détenus qui font appel du jugement prononcé contre eux comme détenus provisoirement alors qu'il n'en est rien», a estimé le directeur général de l'administration pénitentiaire. Plus explicite, M.Félioune souligne que la personne en détention provisoire est celle qui fait l'objet d'une enquête, qui n'a pas été jugée et contre laquelle aucun jugement n'a été prononcé. A travers ces déclarations, M.Felioune répond directement au président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (Cncppdh), Maitre Farouk Ksentini, qui a fait de ce sujet son cheval de bataille. Il a tiré à plusieurs reprises la sonnette d'alarme sur la détention provisoire. A chaque sortie médiatique, il avait dénoncé le «recours excessif à la détention provisoire» qui touche une grande partie des détenus. «Pas moins de 30% de la population carcérale globale en Algérie», a avancé M.Ksentini en estimant que cela va «contre la loi et la morale». Ce dernier avait estimé que le taux de 10% avancé par le ministère de la Justice est «totalement inexact» sachant que sur le plan légal, est considérée comme «détenue provisoirement toute personne qui n'est pas définitivement jugée», a-t-il expliqué. En outre, M.Felioune a affirmé que les droits de l'homme sont respectés dans les 130 établissements pénitentiaires du pays, lesquels comptent 55.000 détenus, précisant que son administration «veille avant tout à ce que la dignité des détenus soit préservée». Il a assuré que son administration ne transigeait avec aucune personne qui porte atteinte à la dignité d'un détenu, précisant qu'un officier ayant giflé un détenu il y a deux ans avait été poursuivi en justice. M.Felioune a, par ailleurs, précisé que son administration avait ordonné de mettre à la disposition des détenus, au niveau de tous les établissements pénitentiaires, des registres de doléances qui leur permettent de soumettre leurs préoccupations directement au directeur de l'établissement, au juge d'application des peines ou au médecin principal. A la question de savoir si le chef de l'Etat va recourir à la grâce présidentielle à l'occasion de l'Aïd, le responsable a écarté cette mesure.