Pour sa première sortie médiatique, le nouveau ministre de l'Education nationale, Abdellatif Baba Ahmed, s'est montré très réservé et extrêmement prudent dans ses propos. Pas d'engagements ni de profession de foi, à peine la vague promesse de lancer une évaluation de la réforme scolaire et de rester à l'écoute des préoccupations de la communauté éducative. Pour ceux des enseignants et des déçus de l'Education nationale qui avaient espéré l'annonce de changements radicaux, il faudra attendre: «Nous allons évaluer la réforme en associant l'ensemble des composantes du secteur et proposer des correctifs. Mais nous ne pouvons pas remettre en cause l'ensemble du système», a ainsi déclaré le ministre, hier matin, sur les ondes de la Chaîne Trois de la radio nationale. Sur le sort réservé aux conflits sociaux qui, depuis plusieurs années maintenant, perturbent régulièrement le déroulement des cours, le successeur du très controversé Aboubakr Benbouzid a dû, là aussi, en décevoir quelques-uns: «Nous allons mettre à plat tous les dossiers, étudier les revendications qui n'ont pas encore été satisfaites et déterminer les demandes prioritaires et celles qui peuvent attendre», s'est-il contenté d'avancer en convenant toutefois que l'Etat devait fournir à l'enseignant tous les moyens nécessaires pour qu'il puisse contribuer à l'amélioration de la qualité de l'enseignement. On verra dans les prochains jours si ces propos sont de nature à calmer les esprits surchauffés des organisations syndicales et les amener à accorder au nouveau ministre un délai de grâce en sursoyant à leurs mouvements de grève pour le règlement des dossiers du statut particulier et du régime indemnitaire. Autre sujet d'actualité évoqué lors de l'émission: la surcharge des classes qui touche une dizaine de wilayas. Abdellatif Baba Ahmed - qui précise que le phénomène «concerne quelques établissements scolaires où des classes de lycées enregistrent des fréquentations de 40 à 43 élèves» - préconise d'intervenir au cas par cas, selon chaque wilaya (soit en recourant à des CEM pas trop encombrés ou en dégageant des salles supplémentaires) en attendant la réception des établissements accusant des retards dans leur réalisation. Des mesures devraient, donc, être rapidement prises sur ce chapitre, tout comme des actions devraient être lancées pour régler les problèmes de manque d'enseignants dans certaines régions du pays (19.000 nouveaux pédagogues devraient s'ajouter aux 413.000 enseignants existants) et l'absence du transport scolaire dans certaines zones, les 4.000 bus mobilisés par l'Etat ne suffisant pas à satisfaire les besoins exprimés par bon nombre des 25.000 établissements scolaires du secteur de l'Education nationale.