Le militant des droits de l'homme, Abdelkader Kherba, a été acquitté par le tribunal de Ksar El-Boukhari. Il faut s'en réjouir. Pour Kherba et sa famille d'abord. Assister à une manifestation et vouloir en témoigner n'est pas un acte délictueux. Cela relève, sans faire d'effort d'interprétation, du droit à l'expression reconnu formellement par la Constitution et les lois. Et cela relève d'une manière générale des droits civiques dont disposent théoriquement tous les citoyens. Certes, on pourra toujours dire que la justice a rétabli les choses en acquittant le militant et en disant que les accusations qui pesaient sur lui n'étaient pas fondées. Mais cela n'a rien de satisfaisant pour un militant qui commence à devenir, malgré lui - et parce qu'il entend exercer effectivement des droits reconnus par les lois -, un habitué des prétoires. Cet abus de poursuites à l'égard de ceux qui militent, pacifiquement et sans violence, ne donne pas une image positive du régime qui pourtant dépense beaucoup pour la soigner. Il suffit de se souvenir de l'affaire du «supplément» publié dans le journal Le Monde et d'autres médias internationaux qui a coûté cher sans rien rapporter à son image Bien au contraire ! Les restrictions, atteintes et harcèlements contre les militants des droits de l'homme et les syndicalistes sont en général - et cela est très compréhensible - très médiatisés dans les réseaux sociaux et par les associations. Le régime en général ne sort pas grandi dans ces affaires où la justice, ne serait-ce que par l'abus de poursuites, est instrumentalisée pour entraver l'exercice des libertés. Pourquoi dépenser beaucoup d'argent à essayer de lustrer une image à l'extérieur alors que, par excès de zèle ou par pulsion autoritaire, on œuvre à l'abîmer et à la lézarder ? En matière de circulation de l'information, les choses ont déjà changé pour l'Algérie comme pour les autres pays. Ce qui arrive aux militants est instantanément rendu public et les solidarités s'organisent. Le cas d'Abdelkader Kherba, tout comme par exemple les poursuites qui avaient été engagées contre Dalila Touat pour «incitation à rassemblement non armé par le biais de distribution de tracts» avant d'être acquittée, sont des exemples d'affaires qui n'auraient pas dû exister. Car il ne s'agit pas d'émeutiers ou de «casseurs» mais de militants qui font, pacifiquement, ce que la Constitution permet. Ils ne sont pas responsables de la paranoïa du «printemps» - comme si les Algériens n'avaient pas leurs propres critères d'analyses et leurs propres expériences qui leur épargnent d'être des suivistes - qui pousse les agents de l'Etat à lire la Constitution par des œillères sécuritaires. LE SYSTEME ALGERIEN CULTIVE L'IMMOBILISME, L'INERTIE ET UNE PARANOIA SECURITAIRE MAL PLACEE. POURTANT, IL FAUDRA BIEN QU'IL ADMETTE QUE DES ALGERIENS, DE PLUS EN PLUS JEUNES, MILITENT PACIFIQUEMENT POUR CHANGER LES CHOSES OU POUR PROTESTER CONTRE LES INJUSTICES. CES JEUNES MILITANTS NE CHERCHENT PAS A NUIRE A SON «IMAGE», CE N'EST PAS LEUR SOUCI. ILS «MILITENT» PARCE QU'ILS Y CROIENT ET AUSSI DU FAIT QU'AUCUNE LOI NE LEUR INTERDIT DE LE FAIRE. C'EST EN ESSAYANT DE LES ETOUFFER QUE LE REGIME NUIT A SON IMAGE.