De plus en plus de migrants subsahariens, des femmes essentiellement, peuvent vous interpeller aujourd'hui en pleine rue pour demander la charité. Phénomène nouveau qui ne doit pas nous laisser indifférents, leurs enfants sont eux aussi mis à contribution pour interpeller les passants mais aussi les automobilistes sur les carrefours devant les feux tricolores. Une situation devant laquelle il serait irresponsable de fermer les yeux de la part des pouvoirs publics. L'intérêt supérieur de l'enfant doit être une considération primordiale. La convention relative aux droits de l'enfant ratifiée par l'Algérie stipule en effet dans son article 22: «Les Etats parties prennent les mesures appropriées pour qu'un enfant qui cherche à obtenir le statut de réfugié ou qui est considéré comme réfugié en vertu des règles et procédures du droit international ou national applicable, qu'il soit seul ou accompagné des père et mère ou de toute autre personne, bénéficie de la protection et de l'assistance humanitaire voulues pour lui permettre de jouir des droits que lui reconnaissent la présente Convention et les autres instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme ou de caractère humanitaire auxquels lesdits Etats sont parties.» Ces enfants subsahariens seraient de nationalité nigérienne. Ils sont souvent accompagnés de femmes reconnaissables aux chapelets qu'elles tiennent en main et à leurs habits aux couleurs du désert. Des étoffes aux tons chauds desquelles elles sont drapées de la tête aux pieds. Elles squattent depuis quelque temps, les trottoirs de quelques grandes artères de la ville, comme la rue de Tlemcen, la gare routière de Yaghmoracen ou le boulevard Ahmed Zabana. Complètement désœuvrées, elles n'ont d'autre moyen de survie que de mendier quelques pièces auprès des passants. Constatant leurs conditions déplorables, des riverains ont commencé à leur envoyer de temps en temps des plateaux de nourriture. «L'Algérien est de nature compatissant, surtout quand il s'agit de personnes fragiles comme des femmes et des enfants», témoigne un habitant du quartier. Avant de souligner: «La situation de ces femmes et enfants ne peut plus durer comme ça. Elles sont de plus en plus nombreuses à dormir sur la voie publique dépourvues des moindres commodités de base d'hygiène. La seule solidarité des habitants du quartier est certes nécessaire mais elle reste insuffisante.» Pour rappel, une première tentative a été menée au cours du mois de Ramadhan dernier par les pouvoirs publics pour regrouper ces immigrants subsahariens, principalement des femmes et des enfants en bas âge, dans un camp d'accueil aménagé au niveau du lieu-dit Dhayat Oum El-Ghallaz, dans la commune de Oued Tlélat. Ils étaient environ une centaine à rejoindre ce campement sur la rive de Dhayat Oum El-Ghallaz, une zone humide située entre les communes de Boufatis et Oued Tlélat. Les autorités locales avaient mis à leur disposition une dizaine de tentes et des sanitaires mobiles en mobilisant des équipes de la Protection civile, de la commune de Oued Tlélat et du Croissant-Rouge algérien (CRA). Mais à peine installés, ces migrants ont commencé à fuir le camp, par groupes de deux à trois, en faisant de l'auto-stop, jusqu'à ce qu'il n'en reste qu'un petit groupe d'à peine une trentaine de personnes. Le site choisi par les autorités locales pour servir de camp n'a, semble-t-il, pas répondu aux aspirations de ces migrants. Il faut dire que le site en question est un lieu complètement isolé de la population, et n'est doté d'aucune infrastructure. C'est ce qui a expliqué une décision de la wilaya de transférer le camp vers la zone industrielle de Hassi Ameur dans des hangars désaffectés qui devaient être aménagés à cet effet. Mais à ce jour, le transfert du camp vers Hassi Ameur est resté au stade de projet. Faute d'un véritable dispositif de prise en charge d'accueil, ces migrants restent dans la nature et n'ont d'autre moyen de subsistance que faire la manche sur la voie publique.