Les ministres de la Défense et des Affaires étrangères des pays de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) se sont réunis, hier, à Abidjan, pour mettre en place une intervention militaire au Mali qui évite, pour satisfaire «l'ex-junte», une présence militaire à Bamako. Les chefs d'état-major de la Cédéao avaient planché, samedi, sur la manière de répondre à la demande d'aide militaire formulée par le président malien par intérim sans brusquer les militaires maliens Pour les chefs d'état-major de la Cédéao, un dispositif militaire à l'intérieur de la capitale malienne est nécessaire pour sécuriser l'opération. Finalement, ils ont suggéré l'installation d'une base de la Cédéao dans la banlieue de Bamako avec pour principale, voire unique mission de protéger son personnel civil et militaire. C'est cette proposition de modalités de déploiement de la force internationale qui était discutée hier. Elle devrait être soumise aujourd' hui par les chefs d'Etat de l'Afrique de l'Ouest devant l'Assemblée générale des Nations unies à New-York. Le conseil de médiation de la Cédéao se réunit pour «tracer le cap de l`appui militaire de la Cédéao au Mali, en liaison avec l`Union africaine», a déclaré le ministre ivoirien des Affaires étrangères, Daniel Kablan Duncan. La Cédéao, a-t-il indiqué, entend envoyer un message sur sa «volonté et sa détermination» à accompagner le «Mali dans la reconquête de son intégrité territoriale. La tâche est immense mais pas impossible». L'heure est à «l'action concertée» a indiqué le président de la Commission de la Cédéao, Kadré Désiré Ouédraogo. QUI DECIDE A BAMAKO ? L'envoi de 3.300 soldats de la Cédéao, prévu depuis des mois, a donc été «révisé» de sorte à ne pas déplaire aux militaires maliens. Les responsables de la Cédéao multiplient les affirmations qu'ils ne cherchent pas à se substituer aux Maliens mais qu'ils se contentent de l'accompagner. Derrière les discours formels, des responsables africains soulignent que le problème du «Qui décide à Bamako ?» se pose et pèse lourdement sur le succès d'une éventuelle opération militaire contre les djihadistes au nord du Mali. Il faut rappeler que le Conseil de sécurité avait refusé, sans le rejeter définitivement, d'avaliser la proposition et avait demandé des clarifications sur les modalités et la finalité de l'opération. L'instabilité ou le flou du pouvoir à Bamako n'est pas de nature à vaincre les hésitations du Conseil de sécurité malgré le soutien français à l'intervention jugée «inéluctable». Autre signe, les pays africains disponibles à envoyer des troupes ne sont pas très nombreux. Le Sénégal et le Ghana ont déjà décliné. De lents préparatifs à l'intervention alors que les djihadistes ont de nouveau détruit le mausolée d'un saint musulman, samedi dans le nord du Mali sous leur contrôle, à quelques centaines de kilomètres au nord de Gao. Comme pour les précédentes destructions, les islamistes ont démoli le mausolée de Cheik El Kébir, à coups de marteaux et de pioches. Comme si les djihadistes avaient la certitude que le désordre politique qui règne à Bamako leur donnait du temps.