L'opération de résorption des marchés informels lancée après le mois de ramadhan n'est pas une «opération coup-de-poing», a affirmé hier le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia. Ce dernier, qui intervenait à l'occasion de la réunion qui a regroupé les walis du Centre et des Hauts-Plateaux ainsi que plusieurs membres du gouvernement au Palais des Nations, Club des Pins, soutient que la résorption du commerce informel n'est pas conjoncturelle mais bien une «action continue» qui s'étalera dans le temps. Pour Ould Kablia, il existe deux catégories «d'intervenants» qui exercent sur le marché informel. Il s'agit, dit-il, de jeunes qui sont dans le besoin et l'autre partie, plus sournoise, concède-t-il, ce sont des commerçants qui ont fermé leurs boutiques ou disposant d'un magasin tout en installant des tables sur les trottoirs et les lieux publics. L'instruction de mettre un terme au commerce informel remonte à 2005, dira encore le ministre de l'Intérieur qui plaide pour des «espaces maîtrisables» pour la résorption de ces marchés à travers tout le pays. Le ministère du Commerce a consenti une enveloppe de 14 milliards de DA pour la réalisation de marchés couverts, annonce Daho Ould Kablia qui souligne que tous ces jeunes qui exercent dans l'informel pourront travailler légalement dans des espaces aménagés pour la circonstance. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales a reconnu que la prolifération du commerce informel est due à l'absence de l'Etat. «Le marché informel est dû au chômage mais surtout à l'absence de l'Etat», avoue le ministre qui note par ailleurs que 534 marchés de proximité sont prévus pour accueillir tous ces jeunes qui exercent dans l'informel, soulignant que les 100 locaux par commune achevés et qui ne sont pas affectés seront également distribués pour résorber le commerce informel. Le ministre de l'Intérieur a annoncé que les communes qui n'ont pas réalisé les locaux en question verront les enveloppes financières qui leur avaient été allouées retirées pour être utilisées ailleurs. Invités à faire des propositions, les walis dans leur grande majorité se sont contentés de faire des constats en s'accordant toutefois tous à affirmer que l'autorité de l'Etat doit absolument reprendre le dessus dans nos agglomérations. «L'autorité de l'Etat doit s'exercer en permanence pour lutter contre le commerce informel», dira le wali d'Alger qui soutient qu'en l'absence d'une autorité visible, cela ne sert à rien. Certains walis reprochent au ministère des Finances de ne pas débloquer des crédits pour réaliser des marchés et des infrastructures pour résorber le commerce informel. D'autres ont suggéré la réhabilitation des anciens «Souks El-Fellah», ce qui n'a pas été du goût du ministre de l'Intérieur qui a fait savoir que «les Souks El-Fellah et les galeries» sont «morts de mort naturelle». L'anarchie qui règne dans nos marchés est par ailleurs abordée largement par le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, lorsque ce dernier a été invité à s'expliquer. «Sur les 43 marchés de gros qui existent, seuls 2 sont structurés en SPA», dira Benbada, qui fera un constat peu reluisant de la situation mais qui annonce que 6 milliards de DA seront consacrés pour la réhabilitation des marchés existants alors que 10 autres milliards de DA seront affectés à la réalisation de nouveaux marchés. Le deuxième point inscrit à l'ordre du jour est l'opération d'envergure nationale pour l'hygiène du milieu, l'enlèvement des ordures ménagères et des déchets solides. Les walis, lors de leur intervention, ont tous fait état de l'absence de gestion sérieuse de ce problème épineux. Un wali a même proposé de faire appel à l'expertise étrangère, comme cela a été fait pour la gestion de l'eau et de l'assainissement. Le tout nouveau ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et de la Ville, Amara Benyounès, reconnaît qu'il existe un problème de gestion des déchets en Algérie. «Il faut injecter de la vie dans nos villes, il y a urgence que l'autorité de l'Etat revienne» ou encore «il faut associer le service public et la puissance publique», dira le nouveau ministre avant d'être «égratigné» par Daho Ould Kablia qui lui dira «mon frère Amara Benyounès parle en tant qu'homme politique et non en tant que technicien». A noter que cinq autres points devaient également être débattus hier par les walis devant les membres du gouvernement ainsi que le DGSN Abdelghani Hamel et le patron de la Gendarmerie Ahmed Boustila. Il s'agit notamment du point de situation et bilan actualisé des activités du CALPIREF (Commission d'assistance locale pour la promotion de l'investissement et de la régulation du foncier), les propositions de mesures incitatives dans le cadre de la revalorisation de l'activité agricole et la relance de l'investissement dans le domaine agricole, le point de la situation de la distribution des logements publics locatifs achevés et la lutte contre la délinquance et la criminalité, tout comme il est aussi question de la réhabilitation des services publics administratifs des wilayas, des daïras et des communes (accueil et audiences, état civil, relation administration-administrés, allègement des procédures, renforcement de la transparence...). Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales a fait savoir par ailleurs hier que trois autres rencontres régionales seront organisées. «L'effort qui sera consenti au niveau local est énorme», dira Daho Ould Kablia pour qui les préoccupations des citoyens résident dans la santé, la sécurité, etc.