Le plan d'action gouvernemental présenté hier devant l'Assemblée nationale par le Premier ministre Abdelmalek Sellal était déjà connu dans ses grandes lignes après son examen et adoption la semaine dernière en conseil des ministres. Sellal n'a donc pas suscité de surprise dans l'hémicycle parlementaire en énonçant les priorités auxquelles son gouvernement ambitionne de s'attaquer et d'en concrétiser les objectifs Il n'y aura pas également de surprise à attendre après les débats auxquels donnera lieu le plan d'action gouvernemental. Son adoption est par avance acquise, le FLN et le RND dont les élus constituent une majorité absolue ayant fait savoir qu'ils soutiendront le plan d'action que présentera Sellal. Plus large sera encore l'approbation que ce plan d'action va récolter, puisque d'autres députés que ceux du FLN et du RND voteront eux aussi pour. Des indépendants mais également ceux dont les partis ont rallié la majorité présidentielle et sont représentés dans le gouvernement Sellal. Tant sur les volets économique que social le plan d'action gouvernemental colle aux stipulations de la feuille de route fixée à l'exécutif par le président de la République. C'est au plan politique que Sellal a formulé une nouveauté inédite venant de la sphère officielle du pays. Il a en effet exhorté la classe politique à se rassembler pour constituer un front interne pour faire échec aux menées déstabilisatrices dont le pays serait selon lui menacé. Ce n'est pas la première fois que le pouvoir évoque ce type de menace dont l'Algérie serait la cible mais la première qui s'accompagne de la proposition de constitution d'un front interne politique. Bouteflika a tenté de donner corps à cette proposition en faisant des avances à des forces politiques pour qu'elles y adhèrent et permettent ainsi la constitution d'un gouvernement d'union nationale. Quelques partis pas très représentatifs ont répondu positivement à ces avances, mais les grosses pointures partisanes dont le ralliement pouvait donner du sens au projet présidentiel les ont déclinées en estimant que le pouvoir n'a rien concédé qui rende possible la constitution d'un front politique interne. De ce point de vue, l'élargissement partisan de la composante du gouvernement Sellal réduit à des personnalités sans réelle influence sur la scène politique a démontré l'échec de l'initiative présidentielle. Le PT et le FFS dont l'acceptation des avances de Bouteflika aurait certainement donné à sa stratégie frontiste beaucoup plus de consistance, les ont repoussées alors même qu'ils déclarent eux aussi l'Algérie sous la menace de menées déstabilisatrices venant tant de l'intérieur que de l'étranger. Ce n'est pas parce que ces partis sont imperméables à l'idée d'un front interne qu'ils ont décliné l'invite présidentielle. Ils estiment à juste raison que le pouvoir n'a pas fait les gestes et pris les mesures politiques qui auraient disposé les esprits à accepter favorablement l'idée d'un front commun avec lui. De fait, ce pouvoir malgré un semblant d'ouverture reste réfractaire à tout ce qui libérerait le champ politique de sa tutelle et de ses ingérences qui confinent ses acteurs à des « faire-valoir » qu'il instrumentalise ou neutralise lorsque les nécessités politiques lui commandent l'un ou l'autre recours. Oui, il y a nécessité d'un front politique interne pour préserver l'Algérie d'une situation de celles que vivent les pays arabes emportés par la tourmente de révoltes populaires plus ou moins spontanées mais systématiquement récupérées par les puissances étrangères peu acquises à l'émancipation véritable des peuples. Faut-il encore que le pouvoir renonce à ruser avec ceux qui ont conscience de cette nécessité et dialogue avec eux sur la question sans calcul politicien.